La genèse d'une pensée anticoloniale
En Algérie, il n’y a qu’une petite élite de Français qui classe dans l’humanité la race arabe. Pour les étrangers, les fonctionnaires, les israélites (1), les colons, les trafiquants, l’arabe, moins considéré que ses moutons, est fait pour être écrasé. Le refouler dans le désert pour s’emparer de ce qu’on ne lui a pas encore pris, tel est le rêve […]. Les arabes, qui forment presque la totalité des habitants du pays, ne sont pas, ou ne sont que dérisoirement représentés, dans les assemblées qui ont pour but de s’occuper des intérêts de l’Algérie. Inutile de dire qu’ils ne peuvent défendre avec profit les intérêts de leurs mandants, aussi ne cessent‑ils de réclamer contre l’injustice des vainqueurs. Pourquoi les arabes, qui représentent par leur nombre le dixième des habitants de la France, n’auraient‑ils pas leur place au Parlement ? […] Leur exclusion politique, en les rabaissant socialement, les écrase économiquement.
Hubertine Auclert, Les Femmes arabes en Algérie, 1900.
(1) Juifs.