Métropole et colonies
THEME 3 :
LA TROISIEME REPUBLIQUE AVANT 1814 : UN REGIME POLITIQUE, UN EMPIRE COLONIAL
Votre mission : Dans le cadre d'un travail par équipes, vous êtes chargés de réaliser une exposition sur le thème Métropole et colonies (1870-1914) sous l'une des trois formes suivantes :
  • un livret d'exposition
  • une exposition au CDI
  • une exposition virtuelle
Pour mener à bien cette mission, votre premier travail consiste à vous approprier le sujet en lui-même. Ci-dessous, vous trouverez 11 corpus thématiques portant sur la question. Au sein de chaque groupe, répartissez-vous les corpus et répondez à l'ensemble des questions.

La contestation de la colonisation en métropole

1) De qui proviennent les différentes oppositions à la colonisation en métropole ?

2) En quoi ces oppositions remettent-elles en cause les arguments avancés pour justifier le processus de colonisation ?

3) Quelle vision des relations entre colons et colonisés ces oppositions mettent-elles en avant ?

La démonstration de la violence coloniale
La Fête du 14 juillet à Brazzaville, caricature de Bernard Naudin parue dans L’Assiette au Beurre, mars 1905.
La violence de la colonisation est dénoncée, ici sur le mode satirique, en soulignant la négation des valeurs républicaines. Ces critiques restent cependant isolées.
 
Les socialistes français contre la colonisation
Nous la réprouvons [la politique coloniale], parce qu'elle gaspille des richesses et des forces qui devraient être dès maintenant appliquées à l'amélioration du sort du peuple ; nous la réprouvons, parce qu'elle est la conséquence la plus déplorable du régime capitaliste, qui resserre sur place la consommation en ne rémunérant pas tout le travail des travailleurs, et qui est obligé de se créer au loin, par la conquête et la violence, des débouchés nouveaux ; nous la réprouvons, enfin, parce que, dans toutes les expéditions coloniales, l'injustice capitaliste se complique et s'aggrave d'une exceptionnelle corruption : tous les instincts de déprédation et de rapines (1) , déchaînés au loin par la certitude de l'impunité, et amplifiés par les puissances nouvelles de la spéculation, s'y développent à l'aise ; et la férocité sournoise de l'humanité primitive y est merveilleusement mise en œuvre par les plus ingénieux mécanismes de l'engin capitaliste. »
Jean Jaurès, « Les compétitions coloniales », La Petite République, 17 mai 1896.

(1) Pillages accompagnés de violence
Des critiques anticoloniales
"Colonisons!", L'Assiette au beurre, n° 110, 9 mai 1903
 
La condamnation de la colonisation par un monarchiste
En 1884, le duc de Broglie, sénateur monarchiste et ancien président du conseil, critique la politique coloniale de Jules Ferry au Tonkin lors d'un débat parlementaire.
« L'Angleterre n'a grandi et dominé hors d'Europe qu'à mesure qu'elle est devenue, en Europe même, forte et dominatrice. […] Et ci ce que je dis est vrai pour les colonies anciennement fondées et florissantes, si celles-là mêmes, quand leur métropole s'affaiblit, deviennent un poids qui la charge et non un auxiliaire qui la fortifie et la soulage, combien cela est plus vrai et plus certain encore des colonies nouvellement acquises et encore en formation ? […] L'Algérie elle-même, après cinquante ans de possession, arrive à peine aujourd'hui à nous fournir autant d'hommes et d'argent qu'elle a pu nous en prendre. Des colonies nouvelles affaiblissent donc la patrie qui les fonde. Bien loin de la fortifier, elles lui soutirent son sang et ses forces ».
Intervention au Sénat de Jacques Victor Albert, duc de Broglie, 12 décembre 1884.
Une dénonciation des sociétés coloniales
"Mieux vaut violence ?", illustration de M. Steydlé parue dans l'Assiette au beurre, 1911
 
Le colonisateur, un nouveau négrier
La couverture du journal satirique l'assiette au beurre, 1907
 
La genèse d'une pensée anticoloniale
En Algérie, il n’y a qu’une petite élite de Français qui classe dans l’humanité la race arabe. Pour les étrangers, les fonctionnaires, les israélites (1), les colons, les trafiquants, l’arabe, moins considéré que ses moutons, est fait pour être écrasé. Le refouler dans le désert pour s’emparer de ce qu’on ne lui a pas encore pris, tel est le rêve […]. Les arabes, qui forment presque la totalité des habitants du pays, ne sont pas, ou ne sont que dérisoirement représentés, dans les assemblées qui ont pour but de s’occuper des intérêts de l’Algérie. Inutile de dire qu’ils ne peuvent défendre avec profit les intérêts de leurs mandants, aussi ne cessent‑ils de réclamer contre l’injustice des vainqueurs. Pourquoi les arabes, qui représentent par leur nombre le dixième des habitants de la France, n’auraient‑ils pas leur place au Parlement ? […] Leur exclusion politique, en les rabaissant socialement, les écrase économiquement.
Hubertine Auclert, Les Femmes arabes en Algérie, 1900.
(1) Juifs.
Les colons français contre la colonisation
« M. le Gouverneur,
Comme nous tous, vous êtes au courant de la mortalité effrayante qui frappe les prestataires (1) employés à la construction de la route de Tananarive-Tamatave, Tananarive-Majunga : elle a atteint dans ces derniers mois une proportion si grande qu'on peut prévoir qu'à brève échéance, la population même la plus valide des hauts plateaux sera tellement réduite que les colons ne pourront bientôt plus rien entreprendre, tant au point de vue du commerce que de l'agriculture et de l'industrie, dans ces régions où ils ont cependant le plus de chance de réussir.
La question commence à se poser sérieusement de savoir s'il n'est pas préférable de ne pas avoir de routes, mais de conserver une population valide susceptible de mettre Madagascar en valeur, plutôt que de créer de belles pistes carrossables au prix de tant d'existences humaines sacrifiées, dans un pays où la population, si peu dense au moment de la conquête, s'éclaircit tous les jours davantage. »
Pétition de 51 colons français adressée au gouverneur général de Madagascar le 13 janvier 1900 et publiée dans L'Écho de Madagascar le 8 février 1900.

(1) Sujet indigène contraint au travail forcé par l'administration coloniale