Métropole et colonies
THEME 3 :
LA TROISIEME REPUBLIQUE AVANT 1814 : UN REGIME POLITIQUE, UN EMPIRE COLONIAL
Votre mission : Dans le cadre d'un travail par équipes, vous êtes chargés de réaliser une exposition sur le thème Métropole et colonies (1870-1914) sous l'une des trois formes suivantes :
  • un livret d'exposition
  • une exposition au CDI
  • une exposition virtuelle
Pour mener à bien cette mission, votre premier travail consiste à vous approprier le sujet en lui-même. Ci-dessous, vous trouverez 11 corpus thématiques portant sur la question. Au sein de chaque groupe, répartissez-vous les corpus et répondez à l'ensemble des questions.

L’exploitation économique des colonies

1) Quel intérêt économique les territoires de l’empire colonial représentent-ils pour la métropole ?

2) Analysez la façon dont a évolué la part de l’empire colonial dans le commerce extérieur français.

3) Quelle analyse Emile de Laveleye fait-il de l’intérêt économique de l’empire colonial ?

4) Par quels procédés la métropole valorise-t-elle la mise en valeur des richesses des territoires de l’Empire ?

5) Quelles sont les conséquences de la mise en valeur économique pour les peuples colonisés ?

Les intérêts économiques de la politique coloniale
Il y a, je crois, quelque intérêt à résumer et à condenser, sous formes d'arguments, les principes, les mobiles, les intérêts divers qui justifient la politique d'expansion coloniale (...).
Sur le terrain économique, je me suis permis de placer devant vous, en les appuyant de quelques chiffres, les considérations qui justifient la politique d'expansion coloniale, au point de vue de ce besoin de plus en plus impérieusement senti par les populations industrielles de l'Europe et plus particulièrement le riche et laborieux pays de France : le besoin de débouchés (...). N'est-ce pas un besoin pressant, et on peut dire le cri de notre population industrielle ? (...).
Oui, ce qui manque à notre grande industrie, que les traités de 1860 (1) ont irrévocablement dirigée dans la voie de l'exportation, ce qui lui manque de plus en plus ce sont les débouchés. Pourquoi ? Parce qu'à côté d'elle, l'Allemagne se couvre de barrières, parque que au-delà de l'océan, les États-Unis d'Amérique sont devenus protectionnistes, et protectionnistes à outrance ; parce que non seulement ces grands marchés, je ne dis pas se ferment, mais se rétrécissent, deviennent de plus en plus difficiles à atteindre par nos produits industriels ; parce que ces grands États commencent à verser sur nos propres marchés des produits qu'on ne voyait pas autrefois (...). Il n'y a rien de plus sérieux, il n'y a pas de problème social plus grave ; or, ce programme est intimement lié à la politique coloniale.
Jules Ferry, discours à la Chambre des députés, 28 juillet 1885

(1) Traités de libre-échange conclus pendant le Second Empire
Le commerce colonial français de 1880 à 1913
 
De riches colonies
Almanach du Petit Colon algérien, 1893, couverture illustrée par Alphonse Birck, Coll. Part.
Ce calendrier illustré s'accompagne de conseils pratiques et s'adresse aux Français qui s'installent en Algérie pour exploiter la terre.
 
Le travail forcé à Madagascar
Construction de la voie ferrée Tananarive-Tamatave à Madagascar, photographie anonyme, vers 1908
Les journées de travail forcé dans les colonies représentent les sanctions les plus courantes lorsque la main d'œuvre manque.
 
Le pillage des ressources naturelles
« Prisonniers transportant des défenses d'éléphants », L’Illustration, n°3153, 1er aout 1903
 
Exporter : les quais d'Alger vers 1900
Photographie colorisée
 
Séchage du café à Canala (Nouvelle-Calédonie)
Photographie vers 1890
 
Posséder la terre : le système des concessions
Entre 1881 et 1890, l'écrivain Guy de Maupassant voyage au Maghreb. Il rédige des chroniques pour le journal Le Gaulois ou la Revue des deux mondes.
« Voici les différents systèmes employés pour chasser et spolier les misérables propriétaires indigènes. Un particulier quelconque, quittant la France, va demander au bureau chargé de la répartition des terrains une concession en Algérie (…). Il tire un numéro correspondant à un lot de terre. Ce lot, désormais, lui appartient. Il part. Il trouve là-bas, dans un village indigène, toute une famille installée sur la concession qu'on lui a désignée (…). L'étranger l'expulse. Elle s’en va, résignée, puisque c'est la loi française. Mais ces gens, sans ressources désormais, gagnent le désert et deviennent des révoltés (…). Autre méthode. La Chambre vote un crédit de 40 ou 50 millions destiné à la colonisation de l'Algérie. Que va-t-on faire de cet argent ? (…). On exproprie l'Arabe (…) au profit de colons inconnus (…). On leur paie 40 francs l’hectare qui vaut au minimum 800 francs (...)
Guy de Maupassant, Au soleil, 1884
Une vision critique
Economiste et historien belge, Émile de Laveleye fait partie des premiers intellectuels à prendre parti contre la colonisation.
Les guerres coloniales sont aujourd'hui des guerres insensées, car les colonies ne sont plus désormais pour la mère-patrie qu'une source d'embarras et une cause de faiblesse (…). Il n'est pas de colonies (…) qui donne un profit net. Si on retranche du produit brut des dépenses de l'armée et de la flotte nécessaires pour les défendre, tout bilan colonial se solde par un déficit (…). L'Algérie coûte à la France, revenu déduit, environ 50 millions de francs, année moyenne, ce qui fait depuis 40 ans 2 milliards de francs. Si cette somme avait été consacrée à l'instruction publique des différents degrés, quelle puissance, quelle richesse elle aurait produit dans ce beau pays, si favorisé sous tous les rapports ! Que d'universités, que de collèges, que d'écoles, que d'académies, que de laboratoires, on aurait pu doter avec le budget colonial ! (…) Les colonies sont un legs du passé qui a eu son utilité autrefois en répandant la civilisation européenne au-delà des mers, mais qui est en opposition avec les institutions, les sentiments, les vrais intérêts de l'époque actuelle. Cet anachronisme disparaîtra ; il perd visiblement du terrain.
Émile de Laveleye, Des causes actuelles des guerres en Europe et de l'arbitrage, 1873