Métropole et colonies
THEME 3 :
LA TROISIEME REPUBLIQUE AVANT 1814 : UN REGIME POLITIQUE, UN EMPIRE COLONIAL
Votre mission : Dans le cadre d'un travail par équipes, vous êtes chargés de réaliser une exposition sur le thème Métropole et colonies (1870-1914) sous l'une des trois formes suivantes :
  • un livret d'exposition
  • une exposition au CDI
  • une exposition virtuelle
Pour mener à bien cette mission, votre premier travail consiste à vous approprier le sujet en lui-même. Ci-dessous, vous trouverez 11 corpus thématiques portant sur la question. Au sein de chaque groupe, répartissez-vous les corpus et répondez à l'ensemble des questions.

Fachoda : exploration et appropriation de l’Afrique par les Européens

1) Qui sont les acteurs de la conférence de Berlin ? Qui en sont les grands absents ? Sur quoi porte la conférence ?

2) Identifiez les raisons de l'opposition entre la France et la Grande-Bretagne en Afrique.

3) Qui, de la France ou de la Grande-Bretagne, a le plus d'intérêt à contrôler le Haut-Nil ?

4) Comment l'opinion française réagit-elle durant la crise ?

5) Quels avantages réciproques les 2 pays peuvent-ils tirer d'un accord diplomatique ?

De l'incident à la crise diplomatique
« M. Marchand et M. Germain (1) étant montés à bord du vapeur du général Kitchener, le général les informa que la présence d'une troupe française à Fachoda et dans la vallée du Nil devait être considérée comme une violation directe des droits de l'Égypte et du gouvernement anglais. Le général Kitchener ajoute : “J'ai protesté dans les termes les plus énergiques contre l'occupation de Fachoda et l'érection du drapeau français dans les territoires du Khédive (2) . En réponse, M. Marchand dit qu'il […] ne pouvait pas se retirer sans des ordres de son gouvernement. Je lui demandai alors si, en présence d'une force supérieure, il était disposé à résister à l'érection du drapeau égyptien. Il hésita et répondit qu'il ne pouvait pas résister. Le drapeau égyptien fut arboré à 500 mètres au sud du drapeau français.” […] Que va-t-il se passer ? Le gouvernement français obéira-t-il aux injonctions du Foreign Office (3) et de la presse anglaise, ou maintiendra-t-il les droits du premier occupant ? […] L'heure est passée des tergiversations, et, l'opinion publique jugerait sévèrement, à n'en pas douter, tout acte de faiblesse. »
« L'affaire Fachoda », Le Gaulois, 11 octobre 1898.
(1) Officier en second de la mission Marchand
(2) Souverain d’Égypte, alors placé sous protectorat britannique
(3) Ministère des Affaires étrangères britannique
Conférence de Berlin (préambule de la conférence)
Voulant régler, dans un esprit de bonne entente mutuelle, les conditions les plus favorables au développement du commerce et de la civilisation dans certaines régions de l'Afrique, et d'assurer à tous les peuples les avantages de la libre navigation sur les 2 principaux fleuves africains qui se déversent dans l'océan Atlantique ; désireux, d'autre part, de prévenir les malentendus et les contestations que pourraient soulever à l'avenir les prises de possession nouvelles sur les côtes d'Afrique et préoccupés en même temps des moyens d'accroître le bien-être moral et matériel des populations indigènes, [les puissances européennes] ont résolu (…) de réunir à cette fin une conférence à Berlin.
Préambule de la conférence
La course à l'Afrique
« Chacun sa part, si l’on est bien sage », caricature de Draner publiée dans L’Illustration, janvier 1885.
En février 1885 s'achève la conférence de Berlin, visant à réguler la compétition internationale en Afrique. Le chancelier allemand Bismarck (debout), cherche à détourner la France d'un conflit européen.
 
Fachoda, au cœur de la ruée sur l'Afrique (scramble for Africa)
La région du Haut-Nil est à la croisée de deux axes de conquête coloniale : les Britanniques rêvent de relier Le Cap au Caire ; les Français de rejoindre Djibouti depuis leurs territoires d'Afrique occidentale et équatoriale
 
La mission de Marchand
Couverture de cahier vers 1900, illustrateur Melajel
 
Les critiques de la presse anglaise
Caricature publiée dans Punch, 8 octobre 1898
Général John Bull (archétype du RU) au major Marchand : « Venez, professeur, vous avez eu un agréable petit voyage scientifique! Et maintenant, je vous conseille de ranger vos drapeaux et de rentrer chez vous".
 
La crise de Fachoda en 1898 : choc des impérialismes français et anglais
En 1898, les empires coloniaux français et britannique se disputent la ville de Fachoda, au Soudan. La France finira par céder, mais l'incident diplomatique déchaîne l'opinion publique, dans un contexte de nationalisme exacerbé par l'affaire Dreyfus.
Original link
La crise de Fachoda du point de vue anglais
Punch , journal satirique anglais " Il était une fois une tribu excentrique qui avait une façon très comique de se glisser dans la propriété d'autrui et de s'y installer; plus l'endroit était intenable , plus ils déployaient de bravoure et de sagacité pour l'obtenir .Ils comptaient sur la charité de la tribu envahie pour leur fournir nourriture et vêtement , ainsi que les moyens de communiquer avec leurs amis .Ce n’était qu'une joie passagère, mais elle leur procurait du plaisir tant qu'elle durait " Punch , 15 oct 1898, Prehistoric Fachoda
 
L'attitude britannique : la guerre ou un accord
Officier subalterne de l'armée de Kitchener, le futur premier ministre Churchill analyse la crise de Fachoda.
« Les Français, dit-on, voudraient ardemment disposer d'“une porte sur le Nil”, un port de commerce pour pouvoir échanger leurs produits avec les populations riveraines. Mais nous, Anglais, sommes une nation libre-échangiste. […] Peu nous importe combien de marchandises françaises circulent sur le Nil, pourvu que les Français reconnaissent que ce fleuve coule entre deux rives sur lesquelles notre drapeau est fermement planté. Si la France est prête à reconnaître que notre occupation de l'Égypte est destinée à se prolonger de manière indéfinie, et à cesser, pour preuve de cette reconnaissance, toute interférence ou obstruction dans les finances de ce pays, alors nous aurons peut-être les bases d'un marché qui […] sera satisfaisant pour les deux parties […]. Si, néanmoins, le Gouvernement français persiste à capitaliser politiquement son raid sur Fachoda, alors il est impossible de deviner les terreurs et les tragédies que pourraient contenir les brumes qui entourent le futur. »
Winston Churchill, « L'incident de Fachoda », The North American Review, 1er déc. 1898.
Flambée d'anglophobie chez les nationalistes français
"Le Petit chaperon rouge", Le Petit Journal, 20 novembre 1898
Le chauvinisme des nationalistes français qui s'exprime dans cette caricature répond au nationalisme impérial britannique
 
L'Entente cordiale entre puissances impériales
Carte postale de l'exposition franco-britannique de 1908, célébrant l'Entente cordiale
Signé en avril 1904, cet accord diplomatique règle les différents coloniaux franco-britanniques, ouvrant la voie à une alliance militaire.