Métropole et colonies
THEME 3 :
LA TROISIEME REPUBLIQUE AVANT 1814 : UN REGIME POLITIQUE, UN EMPIRE COLONIAL
Votre mission : Dans le cadre d'un travail par équipes, vous êtes chargés de réaliser une exposition sur le thème Métropole et colonies (1870-1914) sous l'une des trois formes suivantes :
  • un livret d'exposition
  • une exposition au CDI
  • une exposition virtuelle
Pour mener à bien cette mission, votre premier travail consiste à vous approprier le sujet en lui-même. Ci-dessous, vous trouverez 11 corpus thématiques portant sur la question. Au sein de chaque groupe, répartissez-vous les corpus et répondez à l'ensemble des questions.
La contestation de la colonisation par les peuples colonisés :

1) Montrez que la conquête coloniale ne met pas fin aux conflits armés dans les territoires colonisés.

2) Quels éléments peuvent expliquer les résistances locales ?

3) En quoi la politique culturelle de la métropole à l'égard des élites indigènes peut-elle se retourner contre elle ?

4) Quelle est l'attitude de la métropole face à ces contestations ?

La révolte des Kanaks menée par Ataï en 1878
Gravure d'après un dessin de L. Armand, "Massacre du libéré Chêne de sa femme et de ses deux enfants", Le Monde illustré, 1878
Ataï (vers 1833-1878) : Chef d'une tribu kanake, il s'oppose aux spoliations de terres au profit des colons européens et des libérés (1). Sa mort, lors de la grande révolte de 1878, qui fait 200 morts européens et plus d'un millier de morts Kanaks, en fait un héros de la lutte contre les violences coloniales.

(1) Libérés : bagnards installés comme colons à l'issue de leur peine sur des terres prises aux Kanaks
 
Complainte de musulmans d'Algérie
L’impôt s’abattit sur nous à coups répétés
Soixante écus par tête chaque fois
Apporte-les ou débrouille-toi
Les gens ont dû vendre leurs arbres à fruits
Et même leurs vêtements
C'est pour eux une époque terrible.
La terre la plus fertile
A été vendu à vil prix
Son propriétaire ne la verra plus.
Il ne possède même plus une brebis
Il est indigent et souffre de la faim
C'est la volonté de Dieu, résignons-nous
Complainte chantée après la répression par l'armée coloniale de la révolte d’El-Mokrani (1), 1871

(1) Chef politique et religieux ayant proclamé un djihad en Kabylie afin de s'opposer à la politique d'assimilation de l'Algérie à la France
Une révolte à Madagascar
« À Madagascar – Une poignée de héros », Le Petit Journal, supplément illustré, 16 avril 1905.
Dix ans après la proclamation officielle du protectorat à Madagascar en 1895, résistances et révoltes se poursuivent contre la présence des troupes françaises, essentiellement composées de soldats coloniaux.
 
Pétition en faveur de Nguyen Van Cam, dit Ky Dong
Nguyen Van Cam (1875-1929) dit Ky Dong (« l'enfant merveilleux ») est un jeune surdoué devenu, dans les années 1880-1890, une figure de l'opposition à l'autorité coloniale au Tonkin. Alors qu'il est exilé, ses partisans se mobilisent pour son retour au Vietnam.
« [Représentant] la population des différentes provinces du Vietnam, Nguyen Song Son soumet cette pétition à Sa Majesté le Roi, ses Ministres et Conseils à Londres, Angleterre. […] Au village de Ngoc-Dình, dans la province de Thái-Bình, il y avait un jeune homme nommé Nguyen Van Cam. [Quoiqu'] il eut seulement sept ans, ses relations n'ignoraient rien de son talent et tout le pays connaissait sa réputation. [Il éveilla] la méfiance des Français qui feignirent de l'amener à Paris. N'ayant pas réussi à lui faire du mal, ils le firent placer dans un collège (1) […] Il n'y avait rien qu'il ne savait pas. Plusieurs fois, les Français voulaient l'utiliser en lui offrant un poste important mais il n'acceptait pas. […] Avec la permission des Français, il retourna au Vietnam. […] Les autorités françaises, se rendant compte qu'il avait gagné le cœur de la population et la confiance des gens de notoriété, décidèrent par suspicion de le renvoyer en France, dans la ville d'O-ty-nie (2). […] Telle est la protection de la France, dont le seul objet est de plonger la race vietnamienne dans la pire détresse jusqu'à son extinction. »
Nguyen Song Son, Lettre manuscrite en caractères chinois au roi d'Angleterre, 14 mai 1908.

(1) Inquiètes de sa popularité, les autorités envoient Ky Dong au lycée d'Alger en 1887. Il y obtient le baccalauréat en 1896 et prend contact avec d'autres exilés vietnamiens
(2) Transcription phonétique d'"Océanie" : en 1898, Ky Dong est envoyé à Tahiti où il meurt après 30 ans d'exil
La résistance des populations locales
Les Kanaks en Nouvelle-Calédonie, couverture d'un cahier d'écolier, vers 1890
 
La résistance après la conquête à Madagascar
En 1896, le général Gallieni est envoyé à Madagascar pour pacifier l'île, dont il devient le gouverneur jusqu'en 1905.
En septembre 1896, l'insurrection générale dans le centre de l’île (…). Les insurgés (…) attaquent les convois, brûlent les villages et terrorisent les bourjanes '(1), qu'il devient de plus en plus difficile de recruter (…).
En Imerina (2), les villages sont dépeuplés ; la majorité des habitants s'est enfuie dans la brousse et dans la forêt, les cultures sont abandonnées et le mot d'ordre donné par es personnages qui mènent l'insurrection est de laisser les rizières en friche, afin de provoquer la famine et de forcer ainsi plus sûrement les Français à évacuer le pays (…).
En résumé, l'insurrection, qui, en mars et avril 1896, était localisée dans quelques régions du Nord et du Sud, est devenue générale : elle s'étend dans tout l’Imerina et comprend toutes les classes de la population. Les chefs de bande ont des intelligences avec les personnages de Tananarive (3) (…). Il faut chercher la cause générale [de la rébellion] dans l'esprit de résistance dont était animée une population plus ou moins consciente de sa nationalité contre un envahisseur dont l'autorité n'avait pas été assez solidement établie et dont les forces paraissaient insuffisantes.
Joseph Simon Gallieni, Rapport d'ensemble sur la pacification, l'organisation et la colonisation de Madagascar, 1900
(1) Porteurs et travailleurs locaux travaillant pour les Français
(2) Partie centrale de Madagascar
(3) La capitale
1879 : Anglais et Zoulous s'affrontent en Afrique australe
Afin d'étendre leur influence dans le sud du continent africain et de concurrencer les Boers hollandais implantés dans la République du Transvaal, les Britanniques déclarent la guerre, à la fin de l'année 1878, à Cettiwayo, roi des Zoulous.
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