La France et l'unification italienne
Votre objectif : Analyser une caricature

Méthode :
- chaque groupe se voit confier un détail de la caricature à analyser
- dans un 1er temps, vous cherchez à décrire le plus précisément la scène représentée
- dans un 2ème temps à l'aide des documents ci-dessous, vous expliquez la scène en mobilisant des faits précis et en replaçant le plus précisément possible le document dans son contexte


Doc 1 : L'unité italienne, caricature anonyme, années 1860, musée du Risorgimento, Turin
Doc 2 : Lithographie anonyme, datant d'avant 1870
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Projet de Convention adressée par Napoléon III à Cavour (avril 1861)

« Entre l'Italie et la France, sans l'intervention de la cour de Rome, serait stipulé ce qui suit :

  1. La France, ayant mis le Saint Père à l'abri de toute intervention étrangère, retirerait de Rome ses troupes, au cours d'un espace de temps déterminé, de 15 jours ou au plus un mois.
  2. L'Italie prendrait l'engagement de ne pas assaillir et aussi d'empêcher, de toutes les façons et de quiconque, toute agression contre le territoire resté en possession du Saint Père.
  3. Le gouvernement italien s'interdirait toute plainte contre l'organisation d'une armée pontificale, même constituée de volontaires catholiques étrangers, à condition qu'elle ne dépasse pas l'effectif de 10 000 soldats et qu'elle ne dégénéra pas un moyen d'attaque du royaume d'Italie.
  4. L'Italie se déclarerait prête à négocier directement avec le gouvernement romain pour prendre à sa charge la part proportionnelle qui lui revenait des anciens États de l'Église. »
Le soutien militaire de Napoléon III aux États pontificaux

Le roi Victor-Emmanuel a laissé Garibaldi envahir les États du Pape malgré une promesse que le roi avait faite à l'Empereur. Ce dernier envoie alors des troupes pour protéger le Pape et empêcher les Italiens de rentrer dans Rome. Une convention est signée entre la France et l'Italie le 15 septembre 1864, par laquelle les Français acceptent de se retirer des États du Pape à condition que les troupes italiennes ne franchissent plus les frontières des États pontificaux.

En décembre 1866, les dernières troupes françaises quittent Rome, mais de nouvelles insurrections éclatent dans la ville en 1867 à l'instigation des volontaires de Garibaldi. Napoléon III envoie alors la Légion d'Antibes et quelques troupes françaises. Il impose ainsi que la Rome du Pape-Roi ne soit pas menacée par le royaume italien.

La guerre franco-prussienne de 1870 va servir les intérêts de l'unité italienne. En effet, l'Italie reste neutre dans ce conflit mais les italiens prennent Rome alors que Napoléon III est prisonnier des prussiens.

La défaite française à Sedan et la proclamation de la Troisième République permettent au roi Victor-Emmanuel de lancer un ultimatum au Pape : celui-ci doit lui remettre Rome, en échange de quoi son indépendance spirituelle est reconnue. Le Pape refuse en conséquence de quoi les troupes italiennes rentrent dans Rome et prennent possession des États pontificaux. Un plébiscite entérine cette annexion et Rome devient la capitale du royaume d'Italie, début juillet 1871.

Rome, capitale incontournable
Rome fut toujours pour moi une sorte de talisman : tout jeune homme, j'étudiais l'histoire de l'Italie, et je trouvais que dans les autres histoires toutes les nations naissaient, croissaient, (...) chutaient pour ne plus réapparaitre au premier rang. Une seule ville tenait de Dieu le privilège de mourir et de ressusciter plus grande qu'avant (...). Je me disais : il est impossible qu'une ville qui a été la seule au monde à vivre deux vies (1), l'une plus grande que l'autre, n'en ait pas une troisième. Après la Rome qui agit en conquérant par les armes ; après la Rome qui agit en conquérant par la parole, viendra, me disais-je, la Rome qui agira par la vertu de l'exemple, après la Rome des empereurs, après la Rome des papes, viendra la Rome du peuple.
Discours de Giuseppe Mazzini, l'un des grands penseurs du Risorgimento, 6 mars 1849

(1) La première vie de Rome est celle de l'Empire romain et finit avec la chute de l'Empire romain d'Occident (476). La seconde commence au Moyen-age avec l'importance croissante prise par la Rome des papes.
La France protège les États pontificaux
Napoléon III, tout en défendant l'unité italienne, a toujours protégé les droits de la papauté. Battu à Sedan le 3 septembre 1870, il ne peut empêcher les Italiens de prendre Rome le 20 septembre : les Romains votent alors leur rattachement au royaume d'Italie. Rome devient la capitale du pays le 30 juin 1871, le Risorgimento est terminé.
Très Saint-Père,
(...) Une de mes plus vives préoccupations, pendant comme après la guerre, a été la situation des États de l'Eglise, et certes, parmi les raisons puissantes qui m'ont engagé à faire si promptement la paix, il faut compter la crainte de voir la révolution prendre tous les jours de lus grandes proportions. Les faits ont une logique inexorable, et malgré mon dévouement au Saint-Siège, malgré la présence de mes troupes à Rome, je ne pouvais échapper à une certaine solidarité avec les effets du mouvements national provoqué en Italie par la lutte contre l'Autriche (...).
Que reste-t-il donc à faire? Car enfin cette incertitude ne peut pas durer toujours. Après un examen sérieux des difficultés et des dangers que présentaient les diverses combinaisons, je le dis avec un regret sincère et, quelque pénible que soit la solution, ce qui me paraitrait le plus conforme aux véritables intérêts du Saint-Siège, ce serait de faire le sacrifice des provinces révoltées. Si le Saint-Père, pour le repos de l'Europe, renonçait à ces provinces qui, depuis cinquante ans, suscitent tant d'embarras à son gouvernement, et qu'en échange il demandât aux puissances de lui garantir la possession du reste, je ne doute pas du retour immédiat de l'ordre. Alors le Saint-Père assurerait à l'Italie reconnaissante la paix pendant de longues années, et au Saint-Siège, la possession paisible des États de l'Eglise.
Recueil des lettres de Sa Majesté l'Empereur à Sa Sainteté le pape Pie IX, Paris, 1860, BNF Gallica