Doc 1 : L'unité italienne, caricature anonyme, années 1860, musée du Risorgimento, Turin
Une nation italienne sans état
Nous sommes un peuple de vingt-et-un à vingt-deux millions d'hommes, désignés depuis un temps immémorial sous un même nom, celui de peuple italien, renfermés entre les limites naturelles les plus précises que Dieu ait jamais tracées, parlant la même langue, ayant les mêmes croyances, les mêmes mœurs, les mêmes habitudes, fiers du plus glorieux passé politique, scientifique, artistique, qu'il soit connu dans l'histoire européenne, ayant deux fois donné à l'humanité un lien, un mot d'ordre d'unité, une fois par la Rome des empereurs, une autre, quand les papes n'avaient pas encore trahi leurs missions, par la Rome papale…Nous n'avons pas de drapeau, pas de nom politique, pas de rang parmi les nations européennes. Nous n'avons pas de centre commun, pas de pacte commun, pas de marché commun. Nous sommes démembrés dans sept Etats… un de ces Etats, comprenant à peu près le quart de la péninsule, appartient à l'Autriche ; les autres, quelques-uns par des liens de famille, tous par le sentiment de leur faiblesse, en subissent l'influence.Guiseppe Mazzini, « L'Italie, l'Autriche et le pape », in Revue indépendante, septembre 1845