La France et l'unification italienne
Votre objectif : Analyser une caricature

Méthode :
- chaque groupe se voit confier un détail de la caricature à analyser
- dans un 1er temps, vous cherchez à décrire le plus précisément la scène représentée
- dans un 2ème temps à l'aide des documents ci-dessous, vous expliquez la scène en mobilisant des faits précis et en replaçant le plus précisément possible le document dans son contexte


Doc 1 : L'unité italienne, caricature anonyme, années 1860, musée du Risorgimento, Turin
Doc 2 : Lithographie anonyme, datant d'avant 1870
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Le traité de Turin

Les conditions du transfert du duché de Savoie et du comté de Nice de la Sardaigne à la France sont officialisées à Turin le 24 mars 1860

Art. 1 - Sa Majesté le roi de Sardaigne consent la réunion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France et renonce pour lui et tous ses descendants et successeurs en faveur de Sa Majesté l'Empereur des Français, à ses droits et titres sur lesdits territoires. Il est entendu entre leurs Majestés que cette réunion sera effectuée sans nulle contrainte de la volonté des populations et le gouvernement de l'Empereur des Français et du roi de Sardaigne se concerteront le plus tôt possible sur les meilleurs moyens d'apprécier et de constater la manifestation de ces volontés (…)
Art. 6 - Les sujets sardes originaires de la Savoie et de l'arrondissement de Nice, ou domiciliés actuellement dans ces provinces, qui entendent conserver la nationalité sarde, jouiront pendant l'espace d'un an à partir de l'échange des ratifications et moyennant une déclaration préalable faite à l'autorité compétente, de la faculté de transporter leur domicile en Italie et de s'y fixer, auquel cas la qualité de citoyen sarde de leur sera maintenu. Ils seront libres de conserver leurs immeubles situés sur les territoires réunis à la France
Traité de Turin, 24 mars 1860

Proclamation de Victor Emmanuel II, roi du Piémont-Sardaigne, aux habitants de la Savoie et de Nice

Quelque pénible qu'il soit de me séparer des provinces qui ont fait si longtemps partie des Etats de mes ancêtres (…), j'ai dû considérer (…) la demande que mon Auguste allié l’Empereur Napoléon m'a adressée pour obtenir cette réunion. J'ai dû en outre tenir compte des services immenses que la France a rendu à l'Italie (…), des liens que les traités ont formé entre les 2 pays. Je ne pouvais méconnaître d'ailleurs que le développement du commerce, la rapidité et la facilité des communications augmentent chaque jour davantage l'importance et le nombre des rapports de la Savoie et de Nice avec la France. Je n'ai pu oublier enfin que les grandes affinités de race, de langage de mœurs rendent ces rapports de plus en plus intimes et naturels. Toutefois, ce grand changement dans le sort de ces provinces ne saurait vous être imposé. Il doit être le résultat de votre libre consentement.

Victor Emmanuel II, Turin, 1er avril 1860 (Archives départementales de Savoie)

Napoléon III défend le rattachement de la Savoie à la France.
Ce n'est ni par la conquête ni par l'insurrection que la Savoie et Nice seront réunies à la France, mais par le libre consentement du souverain légitimé, appuyé de l'adhésion populaire. Ainsi, tout ce qui en Europe ne cède pas à un esprit d'antagonisme d'une autre époque, regarde comme naturelle et équitable cette adjonction de territoire. L'accueil fait aux communications adressées par mon gouvernement aux puissances représentées au congrès de Vienne autorise pour la plupart d'entre elles l'espérance d'un examen favorable (...). Quant aux intérêts politiques et commerciaux qui lient à la Suisse certaines parties de la Savoie, il sera facile, je crois, de les satisfaire par des arrangements particuliers. J'espère donc, Messieurs, pouvoir bientôt vous considérer comme membres de la grande famille française. Je tiendrai honneur de réaliser toutes vos espérances, et l'annexion d'un pays que tant de liens rattachent à la France deviendra pour lui une nouvelle cause de prospérité et de progrès.
Discours de Napoléon III à la députation savoisienne, avril 1860
Des populations locales peu écoutées
A l'échelle locale, de nombreuses voix s'élèvent pour protester contre le rattachement à la France. Ces mouvements sont souvent soutenus par des Français antibonapartistes exilés en Suisse ou en Italie.
Déclaration. Les soussignés habitants de la commune de Sciez, inquiets des bruits qui se répandent, d'après lesquels la Savoie cesserait de faire partie des États de sa Majesté sarde, désirent consigner ici l'expression de leur dévouement au roi, et le vœu qu'ils forment de ne voir aucun changement apporté (...).
Mais, d'autre part, dans le cas où des raisons politiques rendraient une séparation inévitable, ils sont convaincus que leur Souverain ne disposera pas de sujets fidèles sans leur avoir permis de manifester leurs vœux, dans une circonstance aussi importante pour leur avenir. En conséquence, et malgré les sympathies que peut éveiller un grand et glorieux Empire, ils témoignent expressément de leur désir d'être réunis à la Confédération suisse, de laquelle les rapproche depuis longtemps la communauté des intérêts et des sentiments.
Pétition des habitants de Sciez (Chablais) pour le rattachement à la Suisse, archives de Genève
Des habitants défilent devant le château de Chambéry en Savoie pour célébrer le rattachement à la France
Louis Houssot, La Votation de 1860, huile sur toile, non daté, musée savoisien, Chambéry