Doc 1 : L'unité italienne, caricature anonyme, années 1860, musée du Risorgimento, Turin
Napoléon III justifie la campagne d'Italie
L'Autriche, en faisant entrer son armée sur le territoire du roi de Sardaigne, notre allié, nous déclare la guerre. Elle viole ainsi les traités, la justice, et menace nos frontières. Jusqu'ici, la modération a été la règle de ma conduite ; maintenant l'énergie devient mon premier devoir. Que la France s’arme et dise résolument à l'Europe : je ne veux pas de conquête, mais je veux maintenir sans faiblesse ma politique nationale et traditionnelle ; j'observe les traités à condition qu'on ne les violera pas contre moi ; je respecte le territoire et les droits des puissances neutres, mais j'avoue hautement ma sympathie pour un peuple dont l'histoire se confond avec la nôtre, et qui gémit sous l’oppression étrangère (…). Le but de cette guerre et donc de rendre l'Italie à elle-même, non de la faire changer de maître, et nous aurons à nos frontières un peuple ami qui nous devra son indépendance.Proclamation de l'Empereur Napoléon III, 3 mai 1859
Les arguments de Napoléon III pour clore la guerre
En novembre 1859, la France signe la paix avec l'Autriche. En décembre, le Français Arthur de la Guéronnière rédige, pour le compte de Napoléon III, une brochure destinée à justifier la politique française en Italie.
Quant à contraindre les peuples, la France n'y est pas habituée. Lorsqu'elle s’est mêlée de leurs affaires, c'est pour les affranchir et non pour les opprimer (…). Le territoire des Etats de l'Eglise n'est (…) pas plus indivisible que l'étendue de ce territoire n'est invariable. Comme toutes les possessions, celle-ci subit l'influence des événements : elle s’étend ou se restreint selon que ses intérêts et les nécessités générales de la politique le lui imposent. À cet égard, rien n'est absolu. Seule, l'autorité spirituelle du Pape est immuable. [Mais] Il faut que la ville de Rome et le patrimoine de Saint-Pierre soient garantis au souverain pontife par les grandes puissances (…). Quand la France s'est prononcée pour l'Italie, ce grand intérêt du salut de la papauté a été certainement une des préoccupations les plus sérieuses de la politique de son souverain (…). Dieu a béni son dessein et lui a donné sa victoire. Mais sa gloire serait stérile si, en rendant à un peuple les titres de sa nationalité, elle n’assurait pas à l'Eglise sa sécurité et son indépendance.Arthur de la Guéronnière, Le Pape et le congrès, 1859
L’armistice et les préliminaires de Villafranca ont été signés le 11 juillet 1859 à Villafranca di Verona, en Vénétie, par la France et l’Autriche. Il met fin à la guerre austro-franco-sarde qui constitue pour l’Italie, la deuxième guerre d'indépendance italienne.
Après les difficiles batailles de Magenta (4 juin) et de Solférino (24 juin), Napoléon III, sans consulter son allié sarde Cavour, propose l’armistice le 8 juillet et une entrevue le 11 juillet à l’empereur d'Autriche François-Joseph Ier. Bien que victorieux, Napoléon III est effrayé par l’hécatombe (près de 40 000 tués ou blessés à Solférino) et l’idée de devoir continuer une campagne d'automne et d’hiver. De plus, le gouvernement et l’impératrice lui transmettent des informations alarmantes sur l’état de l’opinion française, qui est exécrable. En particulier, les catholiques, jusqu’alors soutien du régime impérial, craignent pour les États pontificaux et l’indépendance du pape si l’Autriche était éliminée d’Italie (...)
À Villafranca, il est convenu que l’Autriche cède la Lombardie (Mantoue et Peschiera exceptées) à la France, qui la redonne au royaume de Piémont-Sardaigne. En revanche, la Vénétie reste rattachée à l'Autriche.
D'autres mesures, qui ne seront jamais appliquées du fait de la marche vers l'unification de l'Italie, sont également prévues : création d'une confédération italienne présidée par le pape Pie IX, la Vénétie sous souveraineté autrichienne en faisant partie ; les ducs de Modène, de Parme et de Toscane, chassés par des révolutions, pourront retrouver leurs trône.
Cavour, non consulté, démissionne le 10 juillet, alors que le roi Victor-Emmanuel II donne son accord « à titre personnel », laissant ainsi la porte ouverte à toute rétractation gouvernementale.
Ces préliminaires furent confirmés par le traité de Zurich du 11 novembre 1859.