THÈME 2 : DU MONDE
BIPOLAIRE AU MONDE MULTIPOLAIRE
Question obligatoire : Le monde de 1945 à nos jours
Questions :
1) Quelle est la situation économique des Etats nouvellement indépendants ?
2) Pour quelles raisons le système économique mondial de l’époque est-il dénoncé par ces Etats ?
3) Pourquoi parle-t-on d’une forme de néocolonialisme ?Les critères du sous-développement
En 1965, dans la 1ère édition de son ouvrage intitulé Géographie du sous-développement, le géographe français Yves Lacoste relève 14 « caractères fondamentaux du sous-développement »1. Insuffisances alimentaires
2. Grave déficience des populations, forte proportion d’analphabètes, maladies de masse, forte mortalité infantile
3. Ressources négligées ou gaspillées
4. Forte proportion d’agriculteurs à basse productivité
5. Faible proportion de citadins, faiblesse des « classes moyennes »
6. Industrialisation restreinte et incomplète
7. Hypertrophie et parasitisme du secteur tertiaire
8. Faiblesse du Produit national brut
9. Ampleur du chômage et du sous-emploi, travail des enfants
10. Situation de subordination économique
11. Très violentes inégalités sociales
12. Dislocation des structures économiques et sociales
13. Ampleur de la croissance démographique
14. Prise de conscience et situation en pleine évolution
L’écart entre les pays riches et les pays pauvres a creusé une sorte de fossé entre le Nord et le Sud. L’accroissement rapide de la population et l’absence du progrès économique et technique dans les pays en voie de développement ont provoqué une situation telle que cet écart inévitable entre pays riches et pays pauvres n’a cessé de s’élargir. [...] L’aide économique, à elle seule, ne peut résoudre le problème. On comprend dès lors l’intérêt croissant que les pays neufs manifestent pour l’activité déployée par les Nations unies dans le domaine économique.
Discours de Sithu U Thant (secrétaire général de l’ONU), 11 novembre 1963.
La dénonciation du néocolonialisme
« Tous les leviers de commande de l’économie mondiale sont entre les mains d’une minorité constituée par des pays hautement développés. [...] En détenant l’essentiel des marchés de consommation des matières de base ainsi que le quasi-monopole de la fabrication des produits manufacturés [...], les pays développés ont pu fixer, à leur guise, tant les prix des matières de base qu’ils prennent aux pays en voie de développement que ceux des biens et services qu’ils fournissent à ces derniers.
[...] Tel est le fondement de l’ordre économique mondial que nous vivons aujourd’hui [...], un ordre qui est aussi injuste et aussi périmé que l’ordre colonial duquel il tire son origine et sa substance. Parce qu’il s’entretient, se consolide et prospère selon une dynamique qui, sans cesse, appauvrit les pauvres et enrichit les riches, cet ordre économique constitue l’obstacle majeur à toute chance de développement et de progrès pour l’ensemble des pays du tiers-monde.
Ces quelques faits montrent suivant quelles lignes de force on devrait agir [...] :
– [...] la prise en main par les pays en voie de développement de leurs ressources naturelles [...] ;
– [...] une industrialisation [...] s’appuyant [...] sur la transformation sur place des ressources naturelles [...] ;
– [...] l’aide de la communauté internationale. »
Discours du président algérien Houari Boumediene à l’Assemblée générale extraordinaire de l’ONU, 9 avril 1974.
Les nouveaux États indépendants connaissent des difficultés. Ils dénoncent le pillage des matières premières du tiers-monde, l’organisation économique internationale qui entretient le sous-développement de leur pays, et rejettent le néocolonialisme.
Le tiers-monde a compris qu’il devait parler d’une seule voix aux sessions de la conférence des Nations unies sur le commerce et le développement et dans les autres réunions consacrées aux problèmes mondiaux [...]. Nous avons tous découvert qu’il n’y avait pas de lien de cause à effet entre l’ardeur au travail et la prospérité [...]. Le système actuel a été institué par les États industrialisés pour servir leurs intérêts [...]. Nous le tiers-monde, nous exigeons maintenant que l’on change les systèmes qui enrichissent les riches et appauvrissent les pauvres, cela pour rester à l’heure des autres changements intervenus dans le monde : la fin du colonialisme, les progrès de la technologie et l’aspiration nouvelle de l’humanité à l’égalité et à la dignité humaine.
Julius Nyerere (président de la Tanzanie), discours devant le groupe des 77, 12 février 1979