THÈME 2 : DU MONDE
BIPOLAIRE AU MONDE MULTIPOLAIRE
Question obligatoire : Le monde de 1945 à nos jours
Questions :
1) Expliquez l’expression Tiers-Monde ?
2) Comment les pays du Tiers-Monde, conscients de leur unité, cherchent-ils à se faire entendre sur la scène internationale ?
3) En quoi consiste le mouvement de la négritude ?
4) Quels sont les buts des défenseurs de la « négritude » ? Par quelles actions l’affirment-ils ?
Nous parlons volontiers des deux mondes en présence, de leur guerre possible, de leur coexistence, etc., oubliant trop souvent qu’il en existe un troisième, le plus important, et en somme, le premier dans la chronologie. C’est l’ensemble de ceux que l’on appelle, en style Nations Unies, les pays sous-développé (...)
Les pays sous-développés, le 3è monde, sont entrés dans une phase nouvelle : certaines techniques médicales s’introduisent assez vite pour une raison majeure : elles coûtent peu. Toute une région de l’Algérie a été traitée au D.D.T. contre la malaria : coût 68 francs par personne. Ailleurs à Ceylan, dans l’Inde etc., des résultats analogues sont enregistrés. Pour quelques cents, la vie d’un homme est prolongée de plusieurs années. De ce fait, ces pays ont notre mortalité de 1914 et notre natalité du XVIIIème siècle. Certes, une amélioration économique en résulte : moins de mortalité de jeunes, meilleure productivité des adultes, etc. Néanmoins, on conçoit bien que cet accroissement démographique devrait être accompagné d’importants investissements pour adapter le contenant au contenu. Or ces investissements vitaux coûtent, eux, beaucoup plus de 68 francs par personne. Ils se heurtent alors au mur financier de la guerre froide. Le résultat est éloquent : le cycle millénaire de la vie et de la mort est ouvert, mais c’est un cycle de misère. N’entendez-vous pas sur la Côte d’Azur, les cris qui nous parviennent de l’autre bout de la Méditerranée, d’Egypte ou de Tunisie ? Pensez-vous qu’il ne s’agit que de révolutions de palais ou de grondements de quelques ambitieux, en quête de place ? Non, non, la pression augmente constamment dans la chaudière humaine (...).
Il y a dans cette aventure une fatalité mathématique qu’un immense cerveau pourrait se piquer de concevoir. La préparation de la guerre étant le souci n°1, les soucis secondaires comme la faim du monde ne doivent retenir l’attention que dans la limite juste suffisante pour éviter l’explosion ou plus exactement pour éviter un trouble susceptible de compromettre l’objectif n°1. (...). Et peut-être, à sa vive lueur, le monde n°1, pourrait-il, même en dehors de toute solidarité humaine, ne pas rester insensible à une poussée lente et irrésistible, humble et féroce, vers la vie. Car enfin ce Tiers Monde ignoré, exploité, méprisé comme le Tiers Etat, veut, lui aussi, être quelque chose.
« TROIS MONDES, UNE PLANÈTE », Alfred Sauvy, L’Observateur, 14 août 1952, n°118, page 14
Le Tiers Monde a compris qu’il devait parler d’une seule voix aux sessions de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (1) et dans les autres réunions consacrées aux problèmes économiques mondiaux. [...]
Nous nous étions rendu compte que nos efforts individuels visant à développer notre économie nationale se brisaient sur un mur massif de puissance, la puissance des nations riches et des sociétés transnationales.
C’est pourquoi nous nous sommes rassemblés pour négocier avec les États industrialisés les changements à apporter aux règles pratiques régissant les finances et les échanges mondiaux. Le système actuel a été institué par les États industrialisés pour servir leurs intérêts. [...] Il en résulte que le groupe des nations industrialisées tient les finances et les échanges internationaux [...].
Nous, le Tiers Monde, nous exigeons maintenant que l’on change les systèmes qui enrichissent les riches et appauvrissent les pauvres.
Allocution de Julius Nyerere, président de la Tanzanie, discours publié en 1979.
1. La CNUCED, organisation de l’ONU créée en 1964, chargée de mieux intégrer le Tiers Monde dans le commerce international
Donner à l’élite intellectuelle de la Race noire et aux amis des Noirs un organe où publier leurs œuvres artistiques, littéraires et scientifiques. Etudier et faire connaitre (par la voie de la presse) tout ce qui concerne la CIVILISATION NEGRE et les recherches naturelles de l’Afrique... Créer entre les Noirs du monde entier, sans distinction de nationalité, un lien moral qui leur permette de mieux se connaitre, de s’aimer fraternellement, de défendre plus efficacement leurs intérêts collectifs et d’illustrer leur Race (...). Par ce moyen, la Race noire continuera avec l’élite des autres Races et tous ceux qui ont reçu la lumière du vrai, du beau et du bien, au perfectionnement matériel, intellectuel et moral de l’humanité.
Revue du Monde noir, numéro 1, automne 1931
Les défenseurs de la « négritude »
Nous n’avons été que des précurseurs, nous avons commencé, c’est à vous de continuer. Il nous faut toujours réinventer la Négritude, donner au mot une nouvelle forme de la Négritude, mais le fond de la Négritude, le style de la Négritude est un style éternel, car c’est le style nègre, qui est aujourd’hui le style le plus nécessaire au monde, le style qui n’est pas symétrique, le style qui n’est pas monotonie, le style qui n’est pas répétition, le style qui n’est pas soumission, le style qui n’est pas logique. Il faut briser cet ordre ancien, cet ordre mort – on a toujours besoin, le monde aura toujours besoin des valeurs de la Négritude car ce monde devra toujours détruire le mort, réinventer la vie.
« Senghor par lui-même », propos recueillis par E. J. Maunick, Notre Librairie. Revue des littératures du Sud, n°147, janvier-mars 2002