THÈME 2 : DU MONDE
BIPOLAIRE AU MONDE MULTIPOLAIRE
Question obligatoire : Le monde de 1945 à nos jours
Questions :
1) En quoi consiste la loi-cadre Deferre ?La France et l’Afrique noire
Votée par l’Assemblée nationale, le 23 juin 1956, la loi-cadre pour les Territoires d’Outre-Mer, à laquelle restera attaché le nom de Gaston Deferre, ministre socialiste de la France d’Outre-Mer, marque une étape capitale dans la décolonisation (...). Chaque territoire était doté d’un conseil de gouvernement à compétence locale, présidé par le gouverneur, assisté d’un vice-président africain, qui allait rapidement en devenir le personnage central. Les Assemblées territoriales voyaient leurs compétences étendues et recevaient pouvoir législatif et réglementaire pour les matières d’intérêt local.
Enfin le suffrage universel était proclamé et l’AF (Afrique équatoriale française) et Madagascar passaient sous le régime du collège électoral unique. En vain, quelques députés africains et notamment ceux de la Convention africaine, parti animé par les leaders sénégalais, Senghor et Mamadou Dia, avaient-ils demandé qu’un conseil de gouvernement fût également créé à l’échelle fédérale à Dakar et à Brazzaville. Les esprits n’étaient pas mûrs, non seulement à Paris, mais jusque parmi les parlementaires noirs, pour une réforme de cette ampleur qui eût jeté les bases de gouvernements fédéraux d’AOF (Afrique occidentale française) et d’AEF. La loi-cadre imposa (...), dégagea l’horizon politique africain, elle fut comme la soupape de sureté don’t le jeu évite l’explosion. Surtout, elle permit au personnel africain de faire dans de bonnes conditions, c’est-à-dire dans la paix et avec l’aide de la métropole, l’apprentissage de l’autogestion.
Georges Chaffard, Le Monde diplomatique, août 1960
La décolonisation présentée par de Gaulle
Considérant que l’émancipation des peuples est conforme, tout à la fois au génie de notre pays, au but que nos grands colonisateurs, par exemple Gallieni, Lyautey, avaient en vue de leur œuvre colonisatrice, conforme aussi au mouvement irrésistible qui s’est déclenché dans le monde à l’occasion de la guerre mondiale et de ce qui s’en est suivi, j’ai engagé dans cette voie-là, dans la voie de l’émancipation des peuples, la politique de la France. Ce n’est pas, bien entendu, que je renie en quoi que ce soit l’œuvre colonisatrice, qui a été suivie par l’Occident européen, et en particulier par la France.
Je considère plus que jamais que cette œuvre fut belle, grande et féconde.
La reconnaissance de l’indépendance
M. Claude Hettier de Boislambert, représentnat de la France au Sénégal : Monsieur le Président, c’est un honneur pour moi (...) que de vous apporter la reconnaissance par la République française de la République du Sénégal. Puissions-nous, en associant l’œuvre internationale de nos pays, unis, par de liens de longue amitié et ceux de la Communauté (1), concourir à l’œuvre de paix et de bonne entente de tous les peuples, à laquelle la France s’attend, et à laquelle chaque jour s’attend le général de Gaulle.
Réponse de M. Léopold Sédar Senghor, président de la République du Sénégal : Monsieur le Haut représentant, en cette année 1960 (...) chaque jour se fait historique. En tout cas, ce dimanche 11 septembre l’est pour nous, peuple sénégalais. Car la reconnaissance en ce jour de notre indépendance par la France est la consécration de cette même indépendance (...). Voila renoués les liens d’amitié et de coopération qui depuis des siècles unissent nos deux peuples (...). Vous êtes un diplomate doublé d’un patriote. Vous avez ici toujours servi votre patrie : la France. Vous avez défendu avec rigueur ses intérêts et nous, Sénégalais, nous ne vous l’avons jamais reproché. Mais vous l’avez fait, et c’est ce qui nous touche, dans un esprit de coopération franco-africaine.
Extraits de l’allocution radiophonique reconnaissant la souveraineté du Sénégal, Dakar, palais de la Présidence de la République, 11 septembre 1960.
1. La Communauté française est une association politique proposée par le général de Gaulle aux colonies africaines entre 1958 et 1960, dans le but de maintenir ces dernières sous l’autorité française.