La France et les Français dans la Seconde GM
THEME 1 : FRAGILITES DES DEMOCRATIES, TOTALITARISMES ET SECONDE GUERRE MONDIALE
Chapitre 3 : La Seconde Guerre mondiale
Les documents proposés ici sont destinés à vous permettre de mieux contextualiser vos documents et également vous permettre de mobiliser des connaissances personnelles
Les effectifs et motifs d’engagement dans les FFL
Source : Jean-François Muracciole, Les Français libres : l’autre résistance, Paris, Tallandier, 2009.

 
les ralliements des colonies françaises à la France Libre en 1940
En 1940, après l’appel à la résistance du général de Gaulle et la signature de l’armistice avec l’Allemagne nazie par le maréchal Pétain, les colonies françaises sont appelées à faire un choix. Ce sont les Nouvelles-Hébrides, condominium franco-britannique du Pacifique, qui rallient de Gaulle en premier, le 20 juillet 1940, suivis par le Tchad du gouverneur Éboué, le 26 août. Les autres colonies d’Afrique Équatoriale française choisissent la résistance tandis que l’AOF (Afrique Occidentale française), l’Indochine, les colonies de l’Océan Indien, Wallis-et-Futuna, les colonies de l’Atlantique restent encore fidèles à Vichy en cette année 1940.
Les ralliements à la France Libre s’expliquent généralement par la forte personnalité des gouverneurs qui dirigent ces colonies comme Henri Sautot aux Nouvelles-Hébrides ou Félix Éboué au Tchad. Le ralliement à la France Libre est officiellement annoncé par les gouverneurs à la population.
D’autres ralliements à la France Libre après 1940 : - Juin-juillet 1941 : les territoires du Levant (Liban et Syrie) - 24 décembre 1941 : Saint-Pierre-et-Miquelon - 27 mai 1942 : Wallis-et-Futuna - 28 novembre 1942 : La Réunion - 14 décembre 1942 : Madagascar - 28 décembre 1942 : la Côte française des Somalis (Djibouti) - 16 mars 1943 : la Guyane - 3 juillet 1943 : les Antilles
Les effectifs des Forces françaises libres (début 1943)
 
Faire reconnaître la France libre
« Mon cher Général,Vous avez bien voulu me faire connaître vosidées relativement à l’organisation, à l’utilisa-tion et aux conditions de service de la force de volontaires français actuellement en cours deconstitution sous votre commandement, celaen votre qualité, qui vous est reconnue par leGouvernementdeSaMajestédansleRoyaume-Uni, de chefde tous les Français Libres, oqu’ilssoient, qui se rallient à vous pour défendre lacause alliée. […] Je saisis cette occasion pourdéclarer que le Gouvernement de Sa Majesté estrésolu, lorsque les armes alliées auront remporté la victoire, à assurer la restauration intégrale de l’indépendance et de la grandeur de la France. »
Winston Churchill, Premier ministre britannique, lettre au général de Gaulle, 7 août 1940
Les territoires de l'Empire ralliés à la France libre
 
Témoignange d'engagement dans la France libre
L’écrivain Romain Gary, dès juillet 1940, s’engage dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL).
[…] Autrement dit, si je me suis rallié à de Gaulle, c’est parce qu’il était pour moi l’image du père héroïque que je n’ai jamais eu. On l’a écrit, je sais. Seulement, ça ne tient pas debout. […] Parce que enfin, pourquoi aurai-je attendu l’âge de vingt-sept ans pour me choisir un père et pourquoi j’ai choisi de Gaulle et pas Staline, par exemple, qui était très papa-à-la-mode ? Je n’ai jamais « choisi » de Gaulle. De Gaulle s’est choisi lui-même, il était arrivé en Angleterre quelques jours avant moi, c’est tout, je n’ai même pas entendu l’appel du 18 juin, et mes rapports avec lui ont été tout de suite très difficiles. Sur les douze fois où j’ai eu des entretiens avec de Gaulle, il m’a foutu dehors au moins quatre ou cinq fois. Il aimait assez mon culot, parce que ça lui permettait de se sentir tolérant, et comme j’étais râleur, je faisais grognard, et ça le rapprochait de Napoléon. J’ai eu à son égard une admiration sans bornes mais continuellement irritée. De Gaulle, c’est pour moi la faiblesse qui dit « non » à la force, c’était l’homme tout seul dans sa faiblesse absolue, à Londres, disant « non » à l’écrasement, « non » à la capitulation. C’était pour moi la situation même de l’homme, la condition même de l’homme, et ce refus de capituler, c’est à peu près la seule dignité à laquelle nous pouvons prétendre.
Romain Gary, La nuit sera calme, Folio, 2002.

De Gaulle crée le Conseil national français (1941)
En 1941, de Gaulle constitue un gouvernement capable d’assurer la légitimité de son autorité en exil face aux Alliés.
«Pour répondre aux nécessités de notre action, le général de Gaulle organise la France Libre comme un embryon d’État : Information et Presse, Marine marchande, Administration et Finances, Colonies et Affaires économiques, Justice, Armements, telles furent les premières directions. Dans cet ensemble, j’étais chargé des Affaires politiques, c’est-à-dire des territoires de la France occupée. […] J’indiquai les membres de la haute administration qui me semblaient devoir être avec nous de cœur. De fait, ceux que j’avais indiqués nous rejoignirent, les premiers
étant Hervé Alphand et André Diethelm […] qui devait devenir l’une des colonnes de la France libre; sa loyauté, son courage, ce qu’il y avait en son esprit de profond et de solide plut beaucoup au Général. […] C’est le 24 septembre 1941 que fut définitivement constitué le Comité national français avec Pleven aux Colonies, Diethelm à l’Intérieur […], Dejean aux Affaires étrangères, puis Soustelle à l’Information.»
Conférence de Gaston Palewski (ancien de la France libre) le 3 novembre 1982, citée dans Jean Lacouture, De Gaulle, tome 1 Le rebelle (1890-1944), © Seuil, 1984.

Le rôle déterminant des combattants africains

En effet, l'armée française, éclatée après la débâcle de 1940, se reconstitue sur le continent africain dans les mois qui suivent le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (Maroc et Algérie) de novembre 1942. Les Forces françaises libres (FFL), qui comptent dans leur rang un fort pourcentage de ressortissants des colonies, essentiellement d'Afrique noire, fusionnent avec l'armée d'Afrique (en Algérie, en Tunisie et au Maroc) restée jusque-là fidèle à Vichy. S'y ajoutent des évadés de France.

Dirigée par le général de Lattre de Tassigny sous le nom d'armée B (avant de devenir la 1re armée), elle est composée de cinq divisions d'infanterie et de deux divisions blindées, équipées par les Américains à partir de printemps 1943. C'est « une armée profondément originale comme la France n'en a jamais connu, une armée qui compte moitié d'Européens et moitié de musulmans et de coloniaux », a ainsi écrit Philippe Masson dans son Histoire de l'armée française de 1914 à nos jours.Fin 1944, elle compte près de 600 000 hommes, dont les deux tiers sont
venus d'Afrique du Nord. On y compte quelque 176 000 « Européens » et 233 000 « musulmans », selon la terminologie utilisée à l'époque.

Après que certaines de ses unités se sont illustrées pendant la campagne d'Italie, l'armée B a joué un rôle essentiel lors du débarquement en Provence. Alors que seuls quelque 77 hommes du commando Kieffer ont été engagés aux côtés des troupes américaines, britanniques et canadiennes lors du débarquement de Normandie le 6 juin 1944, elle est la première à participer, sous les couleurs françaises, à une opération d'envergure menée par les Alliés.

Le 15 août, peu après minuit, les premiers soldats français des commandos d'Afrique escaladent la falaise du cap Nègre, tandis que le groupe naval d'assaut français est décimé à la pointe de l'Esquillon (ouest de Cannes), minée. Le lendemain, l'armée B débarque à Cavalaire. « Sur les navires, éclate la Marseillaise la plus poignante qu'on ait jamais entendue », écrira de Lattre.

Le Point 14/08/2019

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Affirmer des idéaux républicains
a. « Nous voulons que tout ce qui appartient à la nation française revienne en sa possession. Le terme de la guerre est, pour nous, à la fois la restauration de la complète intégrité du territoire, de l’Empire, du patrimoine français et celle de la souveraineté com-plète de la nation sur elle-même […]. Une fois l’ennemi chassé du territoire, tous les hommes et toutes les femmes de chez nous éliront l’Assemblée nationale qui décidera souverainement desdestinées du pays. »
Charles de Gaulle, Déclaration aux mouvements de Résistance (avril 1942), publiée dans les journaux clandestins, en France, en juin 1942.
b.« Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concoursdes armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, dela France éternelle. Eh bien !puisquel’ennemi quitenait Paris a capitulé dans nos mains, la France rentre à Paris, chez elle. Elle y rentre sanglante, mais bien résolue. »
Charles de Gaulle, discours à l’hôtel de ville de Paris, le 25 août 1944