La France et les Français dans la Seconde GM
THEME 1 : FRAGILITES DES DEMOCRATIES, TOTALITARISMES ET SECONDE GUERRE MONDIALE
Chapitre 3 : La Seconde Guerre mondiale
Les documents proposés ici sont destinés à vous permettre de mieux contextualiser vos documents et également vous permettre de mobiliser des connaissances personnelles
Philippe Pétain - LAROUSSE
Maréchal de France et homme d'État français Cauchy-à-la-Tour 1856-Port-Joinville île d'Yeu 1951 Du vainqueur de la Grande Guerre au chef réactionnaire d'une France humiliée par l'occupant allemand Philippe Pétain laisse une image contrastée Dans la mémoire nationale il incarne à la fois la victoire de 1918 la honte de l'été 1940 et les crimes de Vichy
Original link
17 juin 1940 - Maréchal Pétain - "Je fais à la France le don de ma personne" - Armistice
Original link
Français !
à l’appel de M. le président de la République, j’assume à partir d’aujourd’hui la direction du gouvernement de la France. Sûr de l’affection de notre admirable armée, qui lutte avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires contre un ennemi supérieur en nombre et en armes, sûr que par sa magnifique résistance elle a rempli son devoir vis-à-vis de nos alliés, sûr de l’appui des anciens combattants que j’ai eu la fierté de commander, sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur.
En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés, qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat.
Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités.
Que tous les Français se groupent autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n’écouter que leur foi dans le destin de la patrie.

De l'allocution du maréchal Pétain le 17 juin 1940 à midi annonçant aux Français la demande d'armistice, à l'appel à la résistance du général de Gaulle le 18 juin dans la soirée depuis Londres: le destin de la France s'est joué en une trentaine d'heures.

17 juin 1940.
Philippe Pétain vient d'être nommé président du Conseil après la démission de Paul Reynaud. L'armée française, qualifiée quelques mois auparavant de "première armée du monde", a été laminée en six semaines par la guerre éclair des divisions blindées allemandes. Plus de 90.000 soldats français ont péri.

La débâcle est totale: 1,5 million de soldats français sont faits prisonniers, six millions de civils errent sur les routes fuyant l'avance allemande. Les erreurs tactiques et stratégiques du haut commandement français et un matériel insuffisant, souvent dépassé ou mal utilisé, ont provoqué l'une des plus graves défaites de l'histoire.Réfugié à Bordeaux, le gouvernement hésite entre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord et la demande d'armistice défendue par les "flanchards" comme les désigne le sous-secrétaire d’État à la guerre Charles de Gaulle.

A 12H30, le maréchal Pétain, 84 ans, dit d'une voix chevrotante: "C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat". La majorité des Français accueillent ce discours avec soulagement.Quelques Français pourtant se disent "révulsés" comme Germaine Tillion, cofondatrice quelques semaines plus tard du premier réseau de résistance. Le soir même, Daniel Cordier, jeune maurrassien et futur secrétaire de Jean Moulin, rédige à Pau un tract "contre le traître Pétain". Le démocrate-chrétien Edmond Michelet et le communiste Charles Tillon font de même à Brive et à Bordeaux.

Dans l'après-midi sur l'aéroport de Bordeaux, le général de Gaulle, farouche opposant à l'armistice, embarque dans un avion britannique. "Dans ce petit avion, écrira Winston Churchill dans ses Mémoires de guerre, de Gaulle emportait avec lui l'honneur de la France". A son arrivée, il prend connaissance du discours de Pétain que l'armée allemande rediffuse régulièrement en France.

18juin 1940. A Londres dans la matinée, de Gaulle rédige une proclamation aux Français qu'il montre à Churchill. Le cabinet de guerre britannique et Churchill l'autorisent à l'enregistrer à 18H00 à la BBC. "Moi, général de Gaulle actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent à Londres à se mettre en rapport avec moi". Dans son allocution, diffusée à trois reprises dans la soirée, le futur chef de la France Libre, assure: "Quoiqu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas". De Tanger à 23H00, le capitaine Charles Luizet, futur préfet de police de Paris à la Libération, câble au général Gaulle qu'il se met à sa disposition.

L'allocution est reproduite par la presse anglaise et par certains journaux français dans des régions non atteintes par l'armée allemande. Mais la portée de cet appel et de ceux des semaines suivantes restent infimes.

Le Point, publié le 18/06/2010
Les arguments de Pétain en faveur de l'armistice
Philippe Pétain, vice-président puis président du Conseil après la démission de Paul Reynaud, a œuvré en faveur de la conclusion d'un armistice. Après son discours du 17 juin 1940, il revient plus longuement sur les raisons de son choix.
« Les conditions auxquelles nous avons dû souscrire sont sévères. […] Du moins l'honneur est-il sauf. Nul ne fera usage de nos avions et de notre flotte. Nous gardons les unités navales et terrestres nécessaires au maintien de l'ordre dans la métropole et dans nos colonies ; le gouvernement reste libre, la France ne sera administrée que par des Français.
Vous étiez prêts à continuer la lutte. Je le savais. La guerre était perdue dans la métropole. Fallait-il la prolonger dans les colonies ? Je ne serais pas digne de rester à votre tête si j'avais accepté de répandre le sang des Français pour prolonger le rêve de quelques Français mal instruits des conditions de la lutte.
Je n'ai placé hors du sol de France ni ma personne ni mon espoir. […] C'est vers l'avenir que désormais nous devons tourner nos efforts. Un ordre nouveau commence. […] Notre défaite est venue de nos relâchements. L'esprit de jouissance détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié. C'est à un redressement intellectuel et moral que, d'abord, je vous convie.
Français, vous l'accomplirez et vous verrez, je vous le jure, une France neuve sortir de votre ferveur. »
Philippe Pétain, discours radiodiffusé du 25 juin 1940
Le don à la patrie de Philippe Pétain
Image de propagande datant de 1941 illustrant des extraits de discours prononcés par le maréchal Pétain les 17, 20 et 25 juin 1940
 
Convention d’armistice franco-allemand (22 juin 1940)
« Art 1.Le Gouvernement français ordonne la cessation deshostilités contre le Reich allemand, sur le territoire français, ainsi que dans les possessions, colonies, protectorats et terri-toires sous mandat et sur les mers. […]Art. 8.La flotte de guerre française […] sera rassembléedans des ports à déterminer et devra être démobilisée etdésarmée sous le contrôle de l’Allemagne ou respectivementde l’Italie. […]Art. 10.Le Gouvernement français s’engage à n’entrepren-dre à l’avenir aucune action hostile contre le Reich allemandavec aucune partie des forces armées qui lui restent, ni d’au-cune autre manière. Le Gouvernement français empêchera également les membres des forces armées françaises de quit-ter le territoire français et veillera à ce que ni les armes, ni deséquipements quelconques, ni navires, avions, etc., ne soient transférés en Angleterre ou à l’étranger. Le Gouvernement français interdira aux ressortissants français de combattrecontre l’Allemagne au service d’États avec lesquels l’Alle-magnesetrouveencoreenguerre.Lesressortissantsfrançaisqui ne se conformeraient pas à cette prescription seronttraités par les troupes allemandes comme francs-tireurs.La présente convention d’armistice a été signée le 22 juin 1940, à 18h 36,heuredétéallemande,danslafotdeCompiègne. »