Les débuts de l'exode rural
Dans la première moitié du XIXème siècle, 90 000 migrants en moyenne quittent chaque année la campagne pour la ville. Ils sont plus de 130 000 par an dans les années 1860.
Il y a quelques années, nous avions très peu de tissages mécaniques et nous n'avions, pour ainsi dire, pas de filatures mécaniques ; aujourd'hui, la France a pris définitivement et glorieusement sa place parmi les pays de grande industrie (...). La vapeur dès son apparition dans le monde de l'industrie a brisé tous les rouets, toutes les quenouilles, et il a bien fallu que fileuses et tisseuses, privées de leur antique gagne-pain, s'en vinssent réclamer une place à l'ombre du haut-fourneau de l'usine (...).
Des villages entiers où naguère retentissaient le bruit du marteau, le ronflement des bobines, les cris joyeux de l'enfance, sont aujourd'hui déserts et silencieux tandis que de vastes édifices de briques rouges, surmontés d'une immense cheminée au panache ondoyant, engloutissent dans leurs flancs, depuis l'aube du jour jusqu'à la tombée de la nuit, des milliers de créatures vivantes. La vapeur fait tout dans le tissage (...) Chaque matin avant le lever du soleil, père, mère et enfants partent pour la fabrique.
Jules Simon, L'Ouvrière, 1861