L'industrialisation et l'accélération des transformations économiques et sociales
THEME 2 :
LA FRANCE DANS L'EUROPE DES NATIONALITES : POLITIQUE ET SOCIETE (1848-1870)
A l'aide des corpus documentaires suivants :
- Répondez aux questions de votre groupe
- Réalisez une carte mentale pour présenter les conclusions de votre travail
La France entre industrie rurale diffuse et affirmation de pôles industriels majeurs
 
Une forme de protoindustrialisation
Atelier à domicile de tisserands de la soie à Lyon, illustration vers 1840
 
Travailler à l'atelier
Belin et Bethmont, Cardage et filage du coton, V. 1860, lithographie en couleur, 30x40, BNF, Paris

 
La filature de lin "La Foudre"
Gravure tirée du Monde illustré, 1864 (Archives municipales du Petit-Quevilly)
Cette usine normande est au milieu du XIXème siècle, la plus grande filature de lin de France (plus de 147 mètres de long sur 25 mètres de haut). Vers 1860, près de 700 personnes y travaillent.
 
L'industrialisation de la société sous le Second Empire
 

Innovation dans la sidérurgie

A la fin des années 1850, l'entreprise Jackson et Cie, spécialisée dans la fabrication de faux et de faucilles en acier fondu, introduit le procédé Bessemer d'affinage de la fonte permettant de fabriquer de l'acier à faible coût.

Chez M. Jackson, l’application du procédé Bessemer est devenue une opération industrielle et journalière ; d’habiles contremaitres et des ouvriers exercés manœuvrent avec une apparente facilité les monstrueux appareils* dans lesquels se fait l'acier, et la poche non moins grande qui le distribue. Mais pour arriver à cette réalisation véritablement stupéfiante, combien de tâtonnements n'a-t-il pas fallu faire ! Combien de coulées effectuées en pure perte ! Combien d'essais décourageants ! Il y a une bravoure industrielle qui vaut bien la valeur militaire, qui demande autant de force et plus de persévérance (…)Une fois en possession de sa source d'acier, M. Jackson a établi d'abord un atelier pour fabriquer des ressorts de voiture et de wagon. Une fois converti ainsi, le métal peut être apprécié ; il n'y a, en effet, que l'acier, et le bon acier encore, qui puisse supporter, jusqu’à l'aplatissement, sans se casser, la pression de la machine (…).
Julien Turgan, Les grandes usines de France, Paris, 1860

* convertisseur four permettant d'affiner les métaux

La première révolution industrielle : houille, vapeur et mécanisation

Quand le houilleur à défricher le noir domaine souterrain, arraché le combustible aux entrailles de la terre, qu'il l'a extrait au jour, purifié, chargé enfin sur les voies de transport, l’utile minéral se répand en mille lieux divers, il va partout distribuer la lumière, la chaleur, la force, le mouvement. C'est un aliment aujourd'hui indispensable à la vie des nations civilisées (…). Les fabriques, les manufactures, presque tous les ateliers, presque toutes les machines, bon nombre de navires, privés de l'aliment essentiel, se verrait aussi condamnés au repos. La vie matérielle, une partie de la vie intellectuelle s’éteindraient, comme s’éteint, faute de nourriture, la vie du corps. La houille a paré à l'impuissance et au nombre limité des travailleurs. Le cheval-vapeur a remplacé l'esclave, la bête de trait. Et comme il ne se fatigue jamais, qu'il est en activité jour et nuit, ne prend aucun repos, tous les moteurs animés du globe auraient peine à suffire aujourd'hui au travail qu'accomplit la vapeur.
Louis-Laurent Simonin, La vie souterraine ou les mines et les mineurs, 1867

L'homme face à la machine

Quelle humiliation, de voir en face de la machine, l'homme tombé si bas !... La tête tourne, et le cœur se serre, quand, pour la première fois, on parcourt ses maisons fées, ou le fer et le cuivre éblouissants, polis, semblent aller d’eux-mêmes, ont l'air de penser, de vouloir, tandis que l'homme faible et pâle est l’humble serviteur de ces géants d'acier (…). Faiblesse physique, impuissance morale. Le sentiment de l'impuissance est une des grandes misères de cette condition, sifaible devant la machine et qui la suit dans tous ses mouvements, il dépend du maître de la manufacture, et dépend plus encore de mille causes inconnues qui d'un moment à l'autre peuvent faire manquer l'ouvrage et lui ôter son pain.
Jules Michelet, Le peuple, 1846
Le travail de forgeage dans une usine sidérurgique
François Bonhommé, Forgeage au marteau-pilon dans les ateliers d'Indret de l'arbre coudé d'une frégate à hélice de 600 chevaux, v. 1865, huile sur toile, 125x120, Ecomusée, Creusot
 

L'essor d'une entreprise industrielle du secteur textile : la société Cohin (1846-1865)

La société Cohin est fondée en 1846 par deux commerçants, les frères Cohin, qui s'établissent à la Ferté-Bernard, dans la Sarthe, une région où l'activité de tissage est particulièrement dense. En 1853, l'armée commande à l'entreprise plusieurs millions de mètres de tissu pour ses soldats engagés dans la guerre de Crimée.
La société Cohin grandit en 1854, avec l'arrivée de deux investisseurs, établis l’un à Lille, l'autre à Paris. En 1855, lors de l'Exposition universelle, elle obtient une médaille pour sa filature mécanique de lin et de jute d’Ailly-sur-Somme. Située en Picardie, elle se trouve au cœur d'une autre grande région d’industrie textile. Pour l'alimenter, la société importe de la jute d’Inde.
En 1860, la société acquiert à Cambrai une nouvelle usine. En 1865, un manufacturier, filateur de lin à Amiens, entre dans l’orbite financière de l'entreprise Cohin. L'entreprise achète une partie de ses approvisionnements en lin à l'étranger, notamment de Russie.
D'après François Dornic, « L'évolution de l'industrie textile au XVIIIème et XIXème siècles : l'activité de la famille Cohin », RHMC n°1, janvier-mars 1956

Le règlement de l'usine Hutchinson de Montargis (1855)

Introduit en mai 1855, le règlement de l'usine de fabrication de caoutchouc Hutchinson comprend 47 articles.

Art. 2 - La journée commence à 5h30 du matin et se termine à 7h du soir (…)
Art.14 – Quiconque troublera le bon ordre qui doit régner dans les ateliers ou refusera de se soumettre aux ordres de son contremaître (…) sera passible d'une amende égale à la valeur d'une journée de travail (…)
Art. 30 - Les ouvriers et ouvrières qui causeront pendant les heures de travail, sauf cas où le travail l’exigerait, seront passibles d'une amende de 50 centimes (…)
Art. 37 - Tout ouvrier qui sera absent les lundis ou lendemains de fête, hors les cas de maladie constatée ou de force majeure reconnue, sera passible d'une amende de 5 francs
Cité dans Jacques Warschnnitter, A la rencontre d’Hiram Hutchinson, Chotard, 1980