Les expériences de la démocratie

EMC – LA DEMOCRATIE, LES DEMOCRATIES

Axe 1 : Fondements et expériences de la démocratie

Au XXe siècle, la démocratie libérale est souvent remise en question. La démocratie chilienne d’Allende chute ainsi, en1973, à la suite du coup d’État du dictateur Pinochet. Mais des processus inverses se produisent aussi dans la seconde moitié du XXe siècle. Les transitions démocratiques imposent une libéralisation, plus ou moins progressive, des régime autoritaires (les dictatures en Espagne et Portugal dans les années1970), totalitaires (la fin de l’URSS à la fin des années1980) ou racistes (le régime de l’apartheid en Afrique du Sud dans les années 1990).
Objectif de la séance : Comprendre le caractère instable des régimes démocratiques à travers le monde à travers des exemples de renversement ou de restauration de la démocratie
La Turquie d'Erdogan, du rêve démocratique à la dérive autoritaire
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Turquie : comment meurt une démocratie
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Recep Tayyip Erdogan
Photographie de Recep Tayyip Erdogan sur un plateau en cuivre en vente à Sanliurfa, en Turquie, 19 juillet 2018.
 

Un bilan des purges de 2016

C’est une purge sans fin dans laquelle s’est lancé le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Depuis le coup d’État raté de juillet 2016, quelque 140 000 fonctionnaires avaient déjà été limogés et 44 000 jetés en prison. [...] Le nouveau décret, publié le 24 décembre, annonce la mise à pied de 2 756 fonctionnaires supplémentaires, dont 637 militaires et 105 universitaires. Cette tentative de putsch [...] a offert [à Erdogan] l’occasion de s’assurer une mainmise encore plus implacable sur l’État et d’écraser toute opposition au nom de la « lutte contre le terrorisme ».[...] L’opposition de gauche et les « kémalistes », héritiers des valeurs de la république laïque fondée par Mustapha Kemal, n’ont pas été épargnés, comme le démontre l’acharnement du pouvoir contre le quotidien Cumhuriyet, mais aussi contre des intellectuels libéraux, les ONG ou des figures de la société civile, comme le mécène Osman Kavala. La répression sans fin menée par le président turc masque mal, pourtant, la faiblesse réelle de son pouvoir. [...] La Turquie de demain ne se reconnaît plus en Erdogan. Ce dernier l’a parfaitement compris. D’où son inquiétude et sa volonté d’imposer sa poigne de plus en plus autoritaire.
« En Turquie, la purge sans fin », éditorial du Monde, 27 décembre 2017.
Palais présidentiel dʼAnkara, Turquie, 17 février 2019, photographie anonyme.
 

2016-2018 : l’état d’urgence en Turquie

Un premier décret de loi a pris fin juillet 2016, qui impose une série de limitations sérieuses des libertés dont : durée de la garde à vue portée à 30 jours, enregistrement de toutes les conversations entre les avocats et leurs clients en détention, une conversation téléphonique de 10 minutes tous les 15 jours maximum pour les détenus, la possibilité de démettre fonctionnaires, enseignants et magistrats, la fermeture de 1 143 établissements privés d’enseignement, de fondations, d’associations, etc. [...] Aucune garantie judiciaire n’est expressément prévue. La Cour constitutionnelle est écartée, et l’intervention des tribunaux administratifs ou judiciaires très problématique (compte tenu du contexte, notamment de la démission ou de l’arrestation de milliers de magistrats).
Ariane Bonzon, « Les états d’urgence en France et en Turquie sont-ils très différents ? », Slate.fr, 25 juillet 2016.


2017 : le vote des pleins pouvoirs

Un pouvoir absolu. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a remporté ce dimanche soir la bataille serrée (et contestée juridiquement) qui lui permet de cumuler à partir de 2019 les fonctions de chef de l’État, chef des armées, chef du gouvernement, chef du parti islamo‑conservateur AKP et de sa faction parlementaire. [...] Cette victoire a été obtenue par une combinaison de trois éléments [...] ; une propagande d’État massive, avec 90 % du temps d’antenne dévolue au « oui » et l’intimidation des militants du « non », traités de « terroristes » ou de « putschistes » ou la fermeture de nombre de médias d’opposition au nom de l’état d’urgence [...]. Ce dernier a suscité aussi, deuxième élément, une peur dans la population qui, conjuguée à la guerre syrienne toute proche et aux attentats djihadistes ou des séparatistes kurdes, a poussé la majorité des Turcs à confier leur défense à leur président sans aucune limite ou contre-pouvoirs.
Yves Bourdillon, « Référendum turc : Erdogan obtient les pleins pouvoirs », LesEchos.fr, 16 avril 2017.
Manifestation en Turquie : « Les médias libres ne se tairont pas », 2016.