Les expériences de la démocratie

EMC – LA DEMOCRATIE, LES DEMOCRATIES

Axe 1 : Fondements et expériences de la démocratie

Au XXe siècle, la démocratie libérale est souvent remise en question. La démocratie chilienne d’Allende chute ainsi, en1973, à la suite du coup d’État du dictateur Pinochet. Mais des processus inverses se produisent aussi dans la seconde moitié du XXe siècle. Les transitions démocratiques imposent une libéralisation, plus ou moins progressive, des régime autoritaires (les dictatures en Espagne et Portugal dans les années1970), totalitaires (la fin de l’URSS à la fin des années1980) ou racistes (le régime de l’apartheid en Afrique du Sud dans les années 1990).
Objectif de la séance : Comprendre le caractère instable des régimes démocratiques à travers le monde à travers des exemples de renversement ou de restauration de la démocratie
6ème anniversaire du coup d'état en Grèce
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Grèce 1973 : Les colonels et l'opposition | Archive INA
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La révolte contre la dictature des Colonels (1973)

«Pour la Grèce actuelle, celle de la métapoliteusis (1), cest-à-dire la démocratie parlementaire instaurée en1974 sur les ruines de la dictature des Colonels, 1973 est une indéniable référence. C’est en effet en novembre de cette année qu’a eu lieu la révolte étudiante de l’École polytechnique d’Athènes, qui, violemment réprimée par les chars à l’aube du 17 novembre, a marqué le début de la fin de la junte militaire. Incapable de se relever après cet épisode sanglant, celle-ci fut prise en main le 25 novembre par un coup d’État de ses officiers les plus durs qui cherchèrent, en juillet 1974, une désastreuse fuite en avant à Chypre. Léchec de leur tentative de renverser le président chypriote Mgr Makarios pour annexer l’île à la Grèce les obligea, alors même que le pays était au bord de la guerre avec la Turquie, à laisser le pouvoir à ungouvernement civil […]. À bien des égards, les événements de 1973constituent un mythe fondateur de la métapoliteusis, à tel point que la génération de l’après-guerre, qui a dominé cette période, a été appelée “génération de l’École polytechnique”. »
Lorenz Plassmann et Constantin Prévélakis, « 1973 et la Grèce : année des révoltes ou année des complots ? », La Revue internationale et stratégique, n° 91, IRIS Éditions, Armand Colin, 2013.

(1).« Transition vers un nouveau régime ». Le terme a d’abord été utilisé pour décrire le passage en douceur de la dictature à la démocratie en 1974, puis le régime républicain instauré cette année-là et toujours en vigueur.
La junte militaire contestée à l'étranger
Des Grecs et des Allemands manifestent contre la junte au pouvoir en Grèce. Sur la banderole, on lit « pour la liberté et la démocratie en Grèce ».
Manifestation à Bonn (Allemagne), 10 mars 1973, photographie anonyme.
 

1973, l’occupation de l’École polytechnique

En novembre 1973, des étudiants occupent l’École polytechnique d'Athènes pour protester contre la junte militaire. Le 17 novembre, le gouvernement au pouvoir envoie des chars d’assaut pour disperser les manifestants, causant plus de 100 morts.
Ici Polytechnique, ici Polytechnique ! Peuple de la Grèce, notre liberté est proche. Le peuple tout entier doit descendre dans les rues d’Athènes. Mobilisation générale ! Nous devons gagner. C’est maintenant ou jamais. Salut, peuple d’Athènes ! C’est maintenant ou jamais. Montre ta force, bats‑toi pour le pouvoir du peuple. Descends dans les rues. Nos messages de liberté viennent de partout. Nous sommes tous là, à l’École polytechnique, assemblés, déterminés à se battre jusqu’à la victoire. Peuple d'Athènes, avec calme et dans un esprit pacifique, descends dans les rues d’Athènes et bats‑toi !
Message émis par les étudiants de Polytechnique sur une radio libre, 15 novembre 1973.

De la dictature à la démocratie

Plus de sept mois après la chute du régime des « colonels », la Grèce panse encore ses plaies. Le rétablissement des libertés publiques et individuelles, l’élection d’un Parlement au suffrage universel, l’abolition de la monarchie, n’ont pas permis de normaliser la situation. Il n’est pas aisé d’effacer en quelques mois les traces laissées par une dictature qui aura sévi pendant sept ans. Comme l’a démontré le coup d’État avorté du 24 février dernier, la Grèce n’est toujours pas à l’abri de nouvelles aventures militaires. L’armée, forgée dans la lutte anticommuniste à l’ère de la « Guerre froide », demeure un bastion pour les officiers d’extrême droite et, partant, constitue une menace permanente pour le régime démocratique. L’épuration risque fort d’être une tâche difficile et périlleuse, à supposer que l’on veuille ou que l’on soit en mesure de la conduire jusqu’à son terme. En fait, c’est l’ensemble de l’appareil étatique qui est atteint du mal de la dictature. Des nostalgiques du régime des « colonels » peuplent les administrations et à tous les échelons. Des lois très peu démocratiques subsistent, tout autant que des pratiques arbitraires héritées du passé. De profondes réformes s’imposent dans les domaines les plus divers, notamment dans l’enseignement, la justice, au sein même de l’Église. Le régime militaire a encore légué à M. Caramanlis une situation économique catastrophique ; une inflation galopante, un taux nul de croissance du revenu national, de sérieux déficits dans les balances du commerce et des paiements, une lourde dette extérieure, dont le volume a quintuplé en huit ans.
« La Grèce : de la dictature à la démocratie », Le Monde diplomatique, mars 1975.

La Grèce intègre la CEE

Le traité que signera lundi M. Giscard d’Estaing précise les conditions d’adhésion de la Grèce. Les grandes lignes en sont les suivantes :
  • INDUSTRIE. – Depuis l’accord d’association de 1961 entre la Grèce et la CEE, les droits de douane des produits grecs à destination de la Communauté sont supprimés. Les droits de douane – d’un niveau moyen de 15 % – appliqués par la Grèce à 38 % des importations en provenance de la CEE seront désormais éliminés en six étapes sur cinq ans. [...] Pour le charbon et l’acier, non couverts par l’accord de 1961, les barrières aux échanges seront éliminées en cinq ans. [...]

  • FINANCES. – Les aides à la production du coton, des figues et des raisins seront mises en place dès la première année de l’adhésion. Par contre, le versement de la contribution grecque au budget de la CEE ne sera total qu’à l’issue de la période de transition de cinq ans. Pour la première année, ces dispositions assureront à la Grèce un excédent de recettes de 80 millions d’unités de compte européennes, soit 464 millions de francs.
« La Grèce, dixième membre du Marché commun », Le Monde, 28 mai 1979.
La modernisation de la société grecque
Tassos Vrettos, défilé de mode à Athènes, années 1980, photographie.