Le cinéma nigérian monte en puissance
Le Nigeria et Nollywood, c'est une courte histoire. Au début des années 90, la crise économique avait obligé les professionnels de la télévision a gagné différemment leur vie. La recette anti-crise était alors de produire et diffuser le plus vite possible des films à très petits budgets. Aujourd'hui, Nollywood est le 2ème employeur du pays et la plus grande industrie cinématographique au monde, après Bollywood en Inde et avant la planète américaine de Hollywood (…). De plus, avec l'émergence du New Nollywood, de plus en plus de réalisateurs réussissent à produire de véritables films de cinéma, même si les budgets se retrouvent encore rarement en accord avec leurs ambitions. Moses « Sneeze » Inwang rêvait de Steven Spielberg quand il a appris le cinéma au Nigerian Film Institute, avant quelques cours à Londres. Depuis, il a réalisé 35 films projetés dans des festivals du monde entier « pour montrer la culture africaine à travers des histoires africaines ». la puissance de ce nouveau Nollywood se ressent bien au-delà du Nigeria et même de l'Afrique.
Siegfried Forster Publié, « Cinéma nigérian, la surprise Nollywood, entre choc et charme », RFI ,15 juin 2016
Ce n’est pas sans raison que le Nigeria règne sur le podium des 5 puissances militaires en Afrique de l’ouest. Même si l’armée nigériane est encore loin très loin de rivaliser avec les 10 puissances militaires du monde car seulement classée 44ème selon le récent classement mondial, elle reste néanmoins l’une des plus grandes armées du continent africain. Avec un budget de défense estimé à environ 2,15 milliards de dollars, le Nigeria a renforcé sa puissance de feu, ces dernières années pour faire face à l’insurrection islamiste Boko Haram qui dure depuis maintenant près de 15 ans maintenant. Cependant, l’armement nigérian n’est pas aussi impressionnant que celui de l’Egypte, la première puissance militaire d’Afrique. Toutefois l’armée nigériane dispose d’une puissance de feu assez redoutable pour faire face à n’importe quel ennemi de la sous-région ouest africaine, même si son plus grand combat, c’est-à-dire l’éradication de la secte islamiste Boko Haram, est loin d’être encore gagné.
Extrait d’un article de Joseph Amenan paru sur le site www.cotedivoirenews, décembre 2017Musique, littérature, mode, arts : les artistes du Nigéria rayonnent dans le monde entier. On peut même parler de soft power culturel. Comme l’écrit le magazine W de Chicago, « les Nigérians le savent depuis un moment : leurs sons, leurs images et leurs styles se sont infiltrés dans la culture mondiale. » Et c’est le cas : prenez l’exemple de la romancière Chimamanda Ngozi Adichie, l’auteure de l’Hisbuscus Pourpre ou d’Américanah. Pour cette écrivaine, raconte le mensuel américain, « le tournant est peut-être venu en 2013, quand la star Beyoncé a utilisé un extrait d’un de ses essais sur le conditionnement social des filles." Ce texte – qui a été traduit en Français sous le titre « Nous sommes tous des féministes » a été repris par Beyoncé dans les paroles de sa chanson Flawless (…). Cette vague culturelle du nigérian touche aujourd’hui tous les domaines, elle est relayée par la communauté installée à Londres ou aux Etats-Unis. Au point écrit la revue W, que « de nouveaux talents ne cessent d’apparaître dans les arts, la mode, la musique et la littérature, et puisent leur inspiration au Nigeria et dans sa plus grande ville, Lagos, véritable locomotive créative. ». (…). Il y a donc la littérature, la musique, mais aussi le cinéma, ou plutôt Nollywood. Et qui dit cinéma dit stars, avec notamment l’actrice nigérianne Genevieve Nnaji, qui, a 40 ans, a déjà joué dans 80 films. La comédienne vient de réaliser un coup de maître en produisant son premier film Lionheart [“Cœur de lion”]. Ce long-métrage (...) vient d’être racheté par Netflix, pour un peu plus de 3 millions d’euros. C’est une première pour un film réalisé sur le continent africain. “L’Afrique renferme le plus grand nombre d’histoires qui restent à découvrir et nous sommes déterminés à les raconter au monde entier, à notre manière et avec notre voix”, explique Genevieve Nnaji dans Vanguard, un quotidien de Lagos. Autant dire que loin des difficultés – pourtant réelles - de pauvreté, de terrorisme ou de corruption, le Nigéria est aujourd’hui en train de faire irruption sur la scène culturelle mondiale. Ce soft power ne concerne pas uniquement le Royaume Uni ou les Etats-Unis : la Chine aussi est sous le charme du Nigeria... ...
Extraits de la chronique d'Eric Chol, directeur de la rédaction de Courrier International, sur France Culture, 16 février 2019Officiellement, le nom du Nigeria n'apparait pas dans l’acronyme des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). En revanche, il fait partie des MINT (Mexique, Indonésie, Nigeria, Turquie), qui désignent les prochains pays émergents du XXIème siècle, alors que le rythme de la croissance brésilienne, russe , indienne, chinoise et sud-africaine tend à s'essouffler. Par la grâce des statisticiens de la Banque mondiale, qui ont recalculé son produit intérieur brut, le Nigeria est désormais consacré comme la plus grosse économie du continent, avant l'Afrique du Sud et l'Égypte. La loi du nombre oblige : la vaste majorité de sa population a beau être pauvre, elle constitue un immense marché en devenir. Quant à ses classes moyennes, peu nombreuses à l'échelle du pays, elles sont suffisamment solvables pour être solubles et attractives dans l'économie mondiale. Premier partenaire commercial de la France au sud du Sahara, le Nigeria reste par ailleurs le plus gros producteur de pétrole du continent et ses réserves en hydrocarbures sont bien supérieures à celle de son rival angolais (…).
Fort de sa puissance démographique et économique, le Nigeria a aussi des ambitions diplomatiques à l'international, même s'il n'a pas réussi à capitaliser sur les ressources humaines de sa diaspora, la plus importante d'Afrique à travers le monde. Ainsi, il revendique un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et s'impose comme le point occidental de la « théorie du losange » qui, énoncée au tournant du siècle par l'ancien président sud-africain Frederic de Klerk, prix Nobel de la paix avec Nelson Mandela, l’identifiait parmi les 4 principaux Etats susceptibles de représenter le continent sur la scène mondiale, avec l'Afrique du Sud, le Kenya à l'est et l'Égypte au nord. Siège de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest), qu'il a largement contribué à créer en 1975, le Nigeria a en effet participé à plusieurs opérations de paix dans la région, depuis le Tchad en 1980 jusqu’au Mali en 2013, en passant par le Darfour, la Sierra Léone et, surtout le Liberia (…). Suivant les années, le Nigeria a également été le 2ème ou 3ème contributeur des « casques bleus » derrière le Bangladesh, l'Inde ou le Pakistan. Aujourd'hui, ses prétentions à être le gendarme de l'Afrique sont certes amoindri par la crise de Boko Haram (…).
Marc-Antoine Pérouse de Montclos, « Le Nigeria, une puissance émergente ou un État failli ? », dans Hérodote, 2015