Violences de guerre et crimes de masse
THEME 1 : FRAGILITES DES DEMOCRATIES, TOTALITARISMES ET SECONDE GUERRE MONDIALE

Chapitre 3 : La Seconde Guerre mondiale
Objectif de travail : Procéder à l'analyse hisrtorique d'un document iconographique
Les attendus de l'analyse

Votre analyse devra comprendre plusieurs aspects, conformément à la méthode de l’analyse de document :

Une contextualisation du sujet (Où et quand ?)
Une présentation complète du document (soyez attentifs à la nature du document, au point de vue de son auteur).
Une description précise du document (acteurs, lieux, actions, positions des uns et des autres...).
Un apport de connaissances permettant d’éclairer le document pour répondre à la problématique (il s’agit de s’interroger sur le sens du document, son message, ses causes et ses conséquences, et comment ce document peut apporter des informations historiques, que voyons-nous et pourquoi mais aussi ce que nous ne voyons pas et pourquoi…).
LE DOCUMENT A ANALYSER


Crémation de corps à Auschwitz-Birkenau, aout 1944, photographie anonyme

En aout 1944, des membres du Sonderkommando, les prisonniers juifs préposés au crématoire d’Auschwitz-Birkenau, réussissent à prendre 4 photographies clandestinement. Les pellicules ont été transmises à la résistance polonaise de Cracovie en septembre 1944.

Le gazage à Auschwitz

L’exécution au gaz avait lieu dans les cellules du Block 11. Protégé par un masque à gaz, j’y ai assisté moi-même. [...] Les Russes se déshabillèrent dans une antichambre et franchirent très tranquillement le seuil : on leur avait dit qu’ils allaient à l’épouillage. Lorsque tout le convoi se trouva rassemblé, on ferma les portes et on laissa pénétrer le gaz par les trous. [...] D’abord des voix isolées crièrent : « Les gaz ! » et puis, ce fut un hurlement général. Tous se précipitèrent vers les deux portes mais elles ne cédèrent pas sous la pression. On ouvrit la pièce au bout de quelques heures seulement et c’est alors que je vis pour la première fois les corps des gazés en tas. [...] Je dois avouer en toute franchise que le spectacle auquel je venais d’assister avait produit sur moi une impression plutôt rassurante. [...] J’avais horreur des exécutions par balles, surtout quand je pensais aux femmes et aux enfants. [...] Désormais, j’étais rassuré : nous n’assisterions plus à ces « bains de sang ». [...] Selon la volonté d’Himmler, Auschwitz était destiné à devenir le plus grand camp d’extermination de toute l’histoire de l’humanité. [...] Il y avait certes, dans cet ordre, quelque chose de monstrueux qui surpassait de loin les mesures précédentes. Mais [...] je n’avais pas à réfléchir ; j’avais à exécuter la consigne. Du moment que le Führer lui-même s’était décidé à une « solution finale du problème juif », un membre chevronné du Parti national-socialiste n’avait pas de question à se poser, surtout lorsqu’il était un officier SS.
Rudolf Hoess, commandant en chef d’Auschwitz-Birkenau, témoignage écrit lors de son procès à Nuremberg, avril 1946.
Les chambres à gazGideon Greif a recueilli le témoignage de l'ancien Sonderkommando Yacob Gabbay, juif d'origine italienne, déporté d'Athènes à Auschwitz en avril 1944.
- Les victimes qui arrivaient des convois entraient dans la salle de déshabillage par derrière. Elles ne rencontraient jamais celles des convois précédents (…). D'abord, c'étaient les filles et les petits enfants qui se déshabillaient. Avec précaution et affabilité, les Allemands les menaient des escaliers à une grande pièce - la salle de déshabillage. Il y avait des cintres avec des numéros et des étiquettes, on y pendait les vêtements. Ensuite, les victimes continuaient leur chemin jusqu'à ce qu'elles arrivent à un couloir. Là, elles tournaient à gauche et c'était la porte de la chambre à gaz. Mais quand arrivait le tour des hommes, les Allemands les pressaient et les traitaient grossièrement et brutalement : « Vite, vite, vite ! » à coups de fouet, ils les faisaient entrer dans la chambre à gaz et refermaient la porte derrière eux. Sur une grande pancarte en face de la porte était écrit en allemand, russe et yiddish : « Salle de toilette » (…)
- Combien de personnes pouvaient entrer à la fois dans une chambre à gaz ?
- Environ 2000 personnes (…)
- Quand arrachait-on des corps les dents en or ?
- A l'endroit où on les rinçait et on les triait par groupes de 4. On arrachait les dents avant d'introduire les corps dans les fours crématoires.

Des voix sous la cendre,Manuscrits de Sonderkommandos d'Auschwitz-Birkenau, Calmann-Lévy, 2005

Le plan du crématorium III
David Olère, Plan de coupe du crématoire III, dessin, 50 x 22 cm, 1946.
 
David Olère, Gazage
Huile sur toile, 131 x 162 cm, 1947. New York, Museum of Jewish Heritage – A Living Memorial to the Holocaust
 
La salle des fours crématoires
David Olère, La Salle des fours, dessin, 58 x 38 cm, 1945
David Olère est un juif polonais installé à Paris. Arrêté en 1943, il est déporté à Ausscwitz, où il est chargé d'acheminer les corps de la chambre à gaz aux fours crématoires. Libéré en 1945, il témoigne à travers ses dessins.