Votre analyse devra comprendre plusieurs aspects, conformément à la méthode de l’analyse de document :
Victime tsigane des expériences médicales nazies pour rendre l’eau de mer potable. Camp de concentration de Dachau, Allemagne, 1944
Source : National Archives and Records Administration, College Park, Maryland, (Etats-Unis).
La question tzigane
Au moment où les peuples de l'Europe du Sud-est s'attachent à la solution de la question juive selon des principes raciaux plus ou moins reconnus, la question de tzigane est désormais abordée en tant que deuxième problème d'une saine politique des populations dans l'espace Sud-est européen (…). Le comportement ouvertement asocial et la prolifération extraordinaire des tziganes ont pour conséquence que dans la plupart des pays du Sud-est européen des voix de plus en plus fortes se font entendre qui réclament que cette question soit réglée de façon la plus rapide et la plus fondamentale possible. La plus grande difficulté réside dans le fait que le tzigane, de par sa particularité raciale, dédaigne aussitôt les bienfaits d'une implantation durable. Contrairement au juif, il ne cherche à posséder que le strict nécessaire (…). Il empêche le travail de reconstruction en Europe du Sud-est et c'est pour cette raison que la question tzigane, à son tour, exige aujourd'hui qu'une solution lui soit apportée.
Article paru dans la Mitteldeutsche Nationalzeitung, Journal du NSDAP le 3 juin 1943, cité par Peter Longrich, « Nous ne savions pas ». Les Allemands et la Solution finale 1933-1945, 2 008
Les expérimentations médicales
Les tsiganes intéressent les scientifiques nazis qui cherchent à isoler le secret génétique de la « race aryenne ». Barbara Richter, tzigane de Prague, a été livrée à la Gestapo par un traître. A Auschwitz-Birkenau, matricule ZI 963, elle devient du « matériel humain ».
Le docteur Mengele m'a prise pour faire des expériences. Trois fois on m'a pris du sang pour les soldats. Je recevais alors un peu de lait et un petit morceau de pain avec du saucisson. Puis le docteur Mengele m'a inoculé la malaria. Pendant 8 semaines, je suis resté entre la vie et la mort ; il m'était venu aussi une infection au visage (…).
J'étais maigre, toute en os, on ne voyait plus mes yeux. Je n'étais qu'une plaie, à cause de la dysenterie. Mes cuisses étaient des plaies béantes, en raison du manque de soins. J'étais dans la baraque des mourants, avec un de mes oncles. C'est là que j'ai vu aussi la femme du traître Barono et ses 2 filles, qui se sont sacrifiées pour me sauver. Les filles m'ont prise dans leurs bras et m'ont emmené dans un autre Block. Ceux qui sont restés ont été livrés au crématoire peu de temps après. Parmi eux se trouvait mon oncle. La femme de Barono m'a caché dans son Block et a fait appeler le docteur ukrainien. Elle risquait sa vie pour moi. Elle a réussi à mettre de côté deux pains blancs, qui, au camp gitan, étaient réservés aux petits enfants. Avec cela, le docteur s'est procuré dans l'autre camp une piqûre qui était destinée aux chevaux. Il ne savait pas s'il devait me la faire. Et j'ai été guéri.
Le Monde gitan, n°29, 1974