Violences de guerre et crimes de masse
THEME 1 : FRAGILITES DES DEMOCRATIES, TOTALITARISMES ET SECONDE GUERRE MONDIALE

Chapitre 3 : La Seconde Guerre mondiale
Objectif de travail : Procéder à l'analyse hisrtorique d'un document iconographique
Les attendus de l'analyse

Votre analyse devra comprendre plusieurs aspects, conformément à la méthode de l’analyse de document :

Une contextualisation du sujet (Où et quand ?)
Une présentation complète du document (soyez attentifs à la nature du document, au point de vue de son auteur).
Une description précise du document (acteurs, lieux, actions, positions des uns et des autres...).
Un apport de connaissances permettant d’éclairer le document pour répondre à la problématique (il s’agit de s’interroger sur le sens du document, son message, ses causes et ses conséquences, et comment ce document peut apporter des informations historiques, que voyons-nous et pourquoi mais aussi ce que nous ne voyons pas et pourquoi…).
LE DOCUMENT A ANALYSER

Victime tsigane des expériences médicales nazies pour rendre l’eau de mer potable. Camp de concentration de Dachau, Allemagne, 1944


Source : National Archives and Records Administration, College Park, Maryland, (Etats-Unis).

 

La question tzigane

Au moment où les peuples de l'Europe du Sud-est s'attachent à la solution de la question juive selon des principes raciaux plus ou moins reconnus, la question de tzigane est désormais abordée en tant que deuxième problème d'une saine politique des populations dans l'espace Sud-est européen (…). Le comportement ouvertement asocial et la prolifération extraordinaire des tziganes ont pour conséquence que dans la plupart des pays du Sud-est européen des voix de plus en plus fortes se font entendre qui réclament que cette question soit réglée de façon la plus rapide et la plus fondamentale possible. La plus grande difficulté réside dans le fait que le tzigane, de par sa particularité raciale, dédaigne aussitôt les bienfaits d'une implantation durable. Contrairement au juif, il ne cherche à posséder que le strict nécessaire (…). Il empêche le travail de reconstruction en Europe du Sud-est et c'est pour cette raison que la question tzigane, à son tour, exige aujourd'hui qu'une solution lui soit apportée.

Article paru dans la Mitteldeutsche Nationalzeitung, Journal du NSDAP le 3 juin 1943, cité par Peter Longrich, « Nous ne savions pas ». Les Allemands et la Solution finale 1933-1945, 2 008

Le génocide des Tsiganes (1939-1945)
 
Le génocide des Tsiganes européens, 1939-1945 | The Holocaust Encyclopedia
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Le génocide des Tsiganes
En 1942, ordre fut donné d'arrêter, sur toute l'étendue du Reich, toutes les personnes de sang tsigane, y compris les métis, indépendamment de l'âge et du sexe, et de les expédier à Auschwitz (....). Les Tsiganes transportés à Auschwitz devaient y rester, dans un "camp famiial", pendant la durée de la guerre (...). Cela dura 2 ans. Les Tsiganes aptes au travail furent transférés dans d'autres camps. Mais, en août 1944 , il restait encore à Auschwitz environ 4 000 Tsiganes qui devaient aller à la chambre à gaz. Jusqu'au dernier moment, ils avaient ignoré ce qui les attendait. Ils ne s'en aperçurent qu'au dernier moment où l'on les achemina par baraques entières vers les crématoires. Il n'était pas facile de les faire entrer dans les chambres à gaz.
Témoignage de Rudolf Höss,, commandant du camp d'Auschwitz, 1947

Les expérimentations médicales

Les tsiganes intéressent les scientifiques nazis qui cherchent à isoler le secret génétique de la « race aryenne ». Barbara Richter, tzigane de Prague, a été livrée à la Gestapo par un traître. A Auschwitz-Birkenau, matricule ZI 963, elle devient du « matériel humain ».

Le docteur Mengele m'a prise pour faire des expériences. Trois fois on m'a pris du sang pour les soldats. Je recevais alors un peu de lait et un petit morceau de pain avec du saucisson. Puis le docteur Mengele m'a inoculé la malaria. Pendant 8 semaines, je suis resté entre la vie et la mort ; il m'était venu aussi une infection au visage (…).

J'étais maigre, toute en os, on ne voyait plus mes yeux. Je n'étais qu'une plaie, à cause de la dysenterie. Mes cuisses étaient des plaies béantes, en raison du manque de soins. J'étais dans la baraque des mourants, avec un de mes oncles. C'est là que j'ai vu aussi la femme du traître Barono et ses 2 filles, qui se sont sacrifiées pour me sauver. Les filles m'ont prise dans leurs bras et m'ont emmené dans un autre Block. Ceux qui sont restés ont été livrés au crématoire peu de temps après. Parmi eux se trouvait mon oncle. La femme de Barono m'a caché dans son Block et a fait appeler le docteur ukrainien. Elle risquait sa vie pour moi. Elle a réussi à mettre de côté deux pains blancs, qui, au camp gitan, étaient réservés aux petits enfants. Avec cela, le docteur s'est procuré dans l'autre camp une piqûre qui était destinée aux chevaux. Il ne savait pas s'il devait me la faire. Et j'ai été guéri.

Le Monde gitan, n°29, 1974

La liquidation du camp des Tsiganes d'Auschwitz, raconté par un ancien résistant déporté à Auschwitz)

Dans le camp E de Birkenau vivaient des familles tsiganes. Les hommes, les femmes et les enfants n'avaient pas été séparés et ils ne travaillaient pas à l'extérieur. La vie n'était pas agréable, ils n'avaient pas une nourriture abondante, mais ils survivaient sans connaitre le travail forcé et les coups. Dans la nuit du 31 juillet au 1er aout 1944 des camions vinrent les chercher.
Nous sommes couchés comme à l'accoutumée quand tout à coup le bruit de camions roulant sur la route éveille notre attention. Nous percevons distinctement, maintenant, que les camions pénètrent dans le camp voisin, appelé camp des Tsiganes. Là, des familles entières de Tsiganes vivent ensemble et ce soir, le roulement des voitures vient de nous faire comprendre l'horreur du sort qui leur est réservé. De nombreux SS en armes rassemblèrent tout le monde. Depuis le temps que les Tsiganes voyaient les exterminations journalières des Juifs qui arrivaient sur la rampe, ils eurent vite fait de comprendre que leur tour était arrivé. Hommes, femmes, enfants, tous entièrement dépouillés de leurs vêtements, sont entassés dans les camions. C'est alors qu'il y eut des scènes déchirantes : les enfants pleuraient, les femmes avaient des crises de nerf, les SS vociféraient comme ils savaient le faire en frappant avec leurs matraques, les chiens hurlaient : ce fut une nuit infernale. Au petit matin, le camp était vide et les Tsiganes avaient tous été exterminés. Ils étaient dans l'ensemble de nationalité allemande (...) Aux yeux des nazis, ils avaient commis le crime impardonnables d'être tsiganes.
André Rogerie (résistant déporté à Auschwitz en avril 1944), Auschwitz-Birkenau. Leçons des ténèbres, Plon, 1995
Estimation du nombre de Tsiganes exterminés (estimation basse) entre 1939 et 1945