Un régime modernisateur
THEME 2 :
LES TRANSFORMATIONS POLITIQUES ET SOCIALES DE LA FRANCE DE 1848 A 1870

Napoléon III et les transformations de Paris

Cette commission est formée en 1853. Elle comporte, pour l'essentiel, des hommes politiques choisis par l'empereur. Elle est rapidement supprimée à la demande d’Haussmann qui souhaite avoir les mains libres pour son projet.

Dans le projet d'embellissement de la ville de Paris, l'empereur désire arrêter les règles suivantes :

1. Que toutes les gares des chemins de fer aient, pour aboutissants, de grandes artères

2. Que, dans les ruelles nouvelles, la hauteur des maisons n'excède jamais la largeur de la rue

3. Que, dans les tracés des coins de rue, les architectes fassent autant d'angles qu'il est nécessaire afin de ne pas abattre soit les monuments soit les belles maisons, tout en conservant les mêmes largeurs aux rues, et qu'ainsi l'on ne soit pas esclave d'un tracé exclusivement en ligne droite (…)

Les motifs qui ont déterminé l'adoption de ces principes généraux s'expliquent et se comprennent facilement. Lorsqu’on visite les embarcadères des chemins de fer de Paris, on est frappé de la difficulté de leurs abords et de l'absence de grandes voies de communication qui les relient à l'intérieur de la ville (…). Les 7 gares de chemin de fer ont à peu près remplacé comme principaux débouchés de la circulation les 54 barrières de Paris. Il faut que les voyageurs et les marchandises puissent y arriver et en sortir facilement.

Rapport de la commission sur les embellissements de Paris, rapport du comte Siméon, 20 décembre 1853

Une capitale profondément réaménagée
 
Une rue de Paris après les travaux
Gustave Caillebotte, Rue de Paris, temps de pluie, 1877, Art Institute, Chicago
 

Paris,une ville réinventée

Après avoir critiqué les travaux d’Haussmann, le sénateur Jules Simon en dresse, en 1882, un bilan positif

[Haussmann] avait entrepris de faire de Paris une ville magnifique, et il y a complètement réussi (…). Les Champs Elysées étaient le plus souvent un cloaque (1) (…). Il y avait des montagnes dans Paris ; il y en avait même sur les boulevards : les ruelles étroites et infectent abondaient au milieu de la ville (…). Nous manquions d'eau, de marchés, de lumière, dans ces temps reculés qui ne sont pas à 30 ans de nous (…). [Haussmann] nous donnait, par ses intelligentes percées, l'air, la santé et la vie. Tantôt, c'était une rue qu'il créait ; tantôt une avenue ou un boulevard (…). Il fondait des hôpitaux, des écoles (…). Il achevait les halles centrales, il généralisait l'usage du gaz (2) ; il multipliait les lignes d'omnibus (3) ; il jetait sur la Seine les bateaux qui l'animent et qui facilitent la circulation.

Jules Simon, Article en réponse à Jules Ferry, « Les comptes fantastiques d’Haussmann », dans Le Gaulois, 1882

(1) Marécage rempli de déchets

(2) Pour l'éclairage public

(3) Lignes de bus, au départ tirés par des chevaux

Origines et objectifs des transformations haussmanniennes

En 1852, Napoléon III expose son projet au député bonapartiste du Gers Cassagnac

La transformation de Paris est le complément nécessaire du réseau de chemin de fer dont je veux couvrir la France (…). Et puis, peut-on songer à attirer les étrangers à Paris pour leur montrer des quartiers infects, sans air et sans soleil ? (…) Il faut qu’on se plaise à Paris. Je ferai de vastes parcs bien aménagés, bien arrosés, bien percés, avec les bois embroussaillés et poussiéreux de Boulogne et de Vincennes ; je sais que l’on critiquera, que l’on se plaindra (…). Quand mon œuvre sera achevée, on me rendra justice ; et, si les partis m’attaquent dans le présent, les chemins de fer de la province et les monuments de Paris me défendront dans l’avenir (…). Lorsque, après avoir médité son projet, l’Empereur chargea M. Haussmann de l’exécuter, il lui remit un plan de Paris, sur lequel il avait tracé lui-même les voies à ouvrir, les squares à créer, les avenues à percer, les arbres à planter, les fontaines à élever. En principe, la transformation de Paris est donc son œuvre.

Adolphe Granier de Cassagnac, Souvenirs du Second Empire, t. II, Paris, 1881

Le boulevard Henru IV pendant les travaux et aujourd'hui
Pendant le Second Empire, la ville de Paris connaît d’impressionnants travaux: 20000bâtiments sont rasés et 40000 sortent de terre tandis que de grands axes sont percés. L’esthétisme de ces boulevards, bordés d’immeubles uniformisés, et la lutte contre l’insalubrité ne doivent pas faire oublier que ces grandes artères limitent la possibilité de construire des barricades en cas d’insurrection.