Les transformations de la ville de Marseille
Préfet des Bouches-du-Rhône depuis le 29 septembre 1860, Maupas reçoit comme mission d'accélérer les grands travaux de Marseille.
Il y a bientôt 6 ans, je vous conviais à vous associer au mouvement de puissante régénération que l'Empereur a su imprimer à toute la France (…).
La rue Impériale, la rue Noailles, le boulevard de l'Empereur, le boulevard Baille, (…) un nombre considérable d'autres quartiers et d'autres rues utiles, des jardins, des promenades publiques, des places, des squares sont autant de conquêtes et pour la circulation qui se multiplie hors de toute mesure à Marseille et pour l'assainissement, la salubrité, l'expansion de cette grande ville qui (…) a pu trouver, dans cette vaste aération et ces extensions nouvelles une atténuation sensible aux cruelles épidémies (1) qu’elle a eues à traverser.
Les ports d'Arenc, du Lazaret, le port Napoléon (…) sont un immense bienfait pour notre commerce qui trouve là plus de 5 km de quais nouveaux et 50 hectares de surfaces d'eau pour recevoir les navires. La nouvelle préfecture est achevée (…). Le palais de justice est terminé (…). Et enfin, au sommet de la vieille cité phocéenne, dominant tout comme doit dominer la charité, s'élève ce splendide Hôtel-Dieu.
Charlemagne-Émile de Maupas Discours devant le Conseil général, 27 août 1866
(1) Epidémie de choléra de 1865-1866
Les débuts de l’exode rural
Dans la première moitié du XIXème siècle, 90 000 migrants en moyenne quittent chaque année la campagne pour la ville. Ils sont plus de 130 000 par an dans les années 1860.
Il y a quelques années, nous avions très peu de tissages mécaniques et nous n’avions, pour ainsi dire, pas de filatures mécaniques ; aujourd’hui, la France a pris définitivement et glorieusement sa place parmi les pays de grande industrie (…). La vapeur dès son apparition dans le monde de l’industrie a brisé tous les rouets, toutes les quenouilles, et il a bien fallu que fileuses et tisseuses, privées de leur antique gagne-pain, s’en vinssent réclamer une place à l’ombre du haut-fourneau de l’usine (…). Des villages entiers où naguère retentissaient le bruit du marteau, le ronflement des bobines (…), sont aujourd’hui déserts et silencieux tandis que de vastes édifices de briques rouges (…) engloutissent dans leurs flancs, depuis l’aube jusqu’à la tombée de la nuit, des milliers de créatures vivantes. La vapeur fait tout dans le tissage (…). Chaque matin avant le lever du soleil, père, mère et enfants partent pour la fabrique.
Jules Simon, L’Ouvrière, 1861