L'arrivée du chemin de fer dans un village des Deux-Sèvres
De nombreuses délibérations, depuis 1860, avaient montré l'intérêt qu'on attachait dans la région à la construction d'une ligne de chemin de fer. En particulier, en 1866, la municipalité de Mazières-en-Gâtine avait été priée de s'associer aux vœux de la municipalité de Parthenay sollicitant la construction d'une voie de chemin de fer entre Poitiers et Nantes (…). On exportait sur Nantes des bestiaux, des grains, des farines, des laines et sur Poitiers des bois, des fourrages, des denrées alimentaires (…).
Les travaux entre Champdeniers et Mazières, et plus particulièrement aux abords de Mazières, furent difficiles. Il fallut creuser des tranchées pour abaisser les pentes, construire des ponts pour traverser les multiples petites rivières qui arrosent la contrée. Pendant plus de 2 ans, le bourg et les villages proches de la ligne furent peuplés d'ouvriers. Les moindres masures étaient louées pour loger des hommes. Les cafés firent des affaires d'or. C'était dans un pays le grand émoi. Le lieu des promenades, le dimanche, était la ligne en construction. Les ouvriers, dont quelques-uns n'étaient pas français (il y avait 50 italiens, 3 espagnols ,1 suisse sur 280 ouvriers), surprenaient les gens du pays par leur débraillé, leur intempérance continuelle et leur mœurs.
Roger Thabault, Mon village. Ses hommes, ses routes, son école. 1848-1914, Presses de Sciences-Po, 1982
Le soutien au chemin de fer
« Toutes les autorités de la ville, le Conseil municipal, plusieurs conseillers généraux (…) se sont rendus à 11h00 à l'embarcadère. La garde nationale était sous les armes. Bientôt, le convoi a été signalé : le clergé est entré dans l'enceinte ; la locomotive a été ramenée près de l'autel élevé à la hâte sur un des côtés de la voie, et a été bénie (…). À la fin du repas, M. Labarre, maire de Compiègne, a porté en ces mots un toast (…) : « Au roi, sous le règne pacifique duquel se sont développés et se développent tous les jours, d'une manière si merveilleuse, ces grandes industries, ces grandes voies de rapidité et de facile communication. »
« L'inauguration du chemin de fer à Compiègne », Le Progrès de l’Oise, 25 octobre 1847