Le 38èmme parallèle et l'avenir du monde
Harry Truman, président des États-Unis pendant la guerre de Corée, explique dans ses Mémoires (1955-1956) la position américaine au début du conit.
Ce n’était pas la première fois au cours de mon existence qu’un fort avait attaqué un faible. Songeant à certains exemples du passé […], je me rappelais comment, chaque fois que les démocraties étaient restées passives, les agresseurs s’étaient par là même trouvés encouragés […]. Le communisme appliquait en Corée exactement les méthodes qu’Hitler, Mussolini et les Japonais avaient utilisées dix, quinze et vingt ans plus tôt. J’étais persuadé que si la Corée du Sud était abandonnée à son sort, les chefs communistes s’enhar-diraient à envahir des pays plus proches de nos rivages; si le monde libre leur permettait de pénétrer par la force dans la République de Corée sans leur résister, aucune petite nation après cela n’aurait le courage de s’opposer aux menaces et à l’agression de voisins rouges plus forts qu’elle. Si ce dé n’était pas relevé, il s’ensuivrait une Troisième Guerre mondiale, tout comme des incidents similaires avaient provoqué la guerre de 1914-1918. Il me paraissait également évident que si cette attaque injustiée contre la Corée ne pouvait pas être arrêtée, les fondations et les principes mêmes des Nations unies se trouveraient en péril. […]
Je dis à mes conseillers que ce qui se passait en Corée me semblait être une répétition à grande échelle de ce qui s’était passé à Berlin (1).
H. S. Truman, Mémoires II, Années d’épreuve et d’espérance, trad. D. Meunier, Éd. Plon, 1956.
1. Référence au blocus de Berlin (juin 1948-mai 1949) durant lequel Staline avait fermé les frontières de Berlin-Ouest.