Militer aux Etats-Unis
Agée de 24 ans en 1968, Angela Davis est une étudiante afro-américaine qui milite pour les droits civiques.
C'était l'été 1967 (…). Mon afro, coiffure encore rare à ce moment-là, me désignait comme une sympathisante du mouvement du pouvoir noir (…). Le cours normal de ce vendredi [4 avril 1968] fut interrompu par un cri : « Martin Luther King a été abattu ! » (…). Cette nuit-là, à New York, les rues de Harlem et de Bedford-Stuyvesant se remplirent de jeunes noirs en colère qui attaquaient les entreprises blanches avec des pierres et des bouteilles. La police fut envoyée pour les réprimer (…). Le 6 avril, il y avait eu une vingtaine de tués à travers le pays (…).
A ce point de ma vie et de mon évolution politique (…), j'avais besoin de camarades avec qui partager une idéologie. J’étais fatiguée des groupes ponctuels et éphémères qui tombaient à la moindre difficulté, fatiguée des hommes qui mesuraient leur capacité sexuelle à l’agenouillement intellectuel des femmes (…). En juillet 1968, (…) je devins membre novice du Parti communiste des Etats-Unis.
Certains de nos camarades militaient dans le mouvement contre la guerre et essayaient d'y faire la relation entre l'agression au Vietnam, le racisme et la répression qui sévissaient chez nous (…). [En juillet 1969] [nous] prîmes l'avion pour Mexico où nous rejoignîmes le reste de la délégation communiste invitée par les Cubains a passé un mois sur le premier territoire libre d'Amérique.
L'assassinat de Martin Luther King en 1968
C’est donc dans une ville du Sud profond, à Memphis, que le pasteur Martin Luther King a été assassiné. L'homme était un symbole pour l'Amérique et pour le monde entier ; on ne peut s'empêcher de penser qu'un autre symbole, tragique celui-là, vient s'ajouter à celui de sa vie, de sa pensée, de son action : le Sud incarne la ségrégation raciale depuis les origines du peuplement noir et cet assassinat, quel qu'en soit l'auteur, montre que le climat sudiste de résistance violente à l'intégration n'a pas disparu. Le poids de l'histoire est là (…).
« L'Amérique est choquée », a déclaré le président Johnson. Elle n'est pas seule : Martin Luther King représentait, aux yeux de l'humanité une Amérique généreuse, libre et décidée à réaliser le grand idéal démocratique inscrit dans la Loi fondamentale. Le choc de cette mort brutale rappelle les heures de consternation et de peur que le monde a connu lorsque John Kennedy fut assassiné à Dallas (…).
Martin Luther King prônait la « révolution non-violente » (…). Il avait attiré sur lui la haine des blancs qui refusent l'intégration (…). Mais il est maintenant, comme il arrive quand le fanatisme fait des martyrs, un signe de ralliement pour tous les noirs : de cela, on ne peut douter ; les manifestations ont déjà commencé dans plusieurs villes et le coup de feu de Memphis va rendre plus brûlant l'été américain que l'on annonçait déjà agité.
Lucien Guissard, « L'homme de la non-violence », La Croix, 6 avril 1968