ETUDIER LES DIVISIONS POLITIQUES DU MONDE : LES FRONTIERES
HGGSP
THEME 4
1996 11 30 La pologne 1 2, Histoire de la réapparition d'un pays disparu VHS
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Le protocole secret du pacte germanique de non-agression du 23 août 1939 1. Dans le cas d'une réorganisation territoriale et politique des zones appartenant aux Etats baltes (Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie), la frontière septentrionale de la Lituanie devra constituer la limite des sphères d'influence de l'Allemagne et de l'URSS. En fonction de quoi, les droits de la Lituanie sur la zone de Vilna sont reconnus par les deux parties. 2. Dans le cas d'une réorganisation territoriale et politique des zones appartenant à l'Etat polonais, les sphères d'influence de l'Allemagne et de l'URSS seront délimitées approximativement par les fleuves Narev, Vistule et San. La question de savoir si l'intérêt des deux parties rend souhaitable la conservation d'un Etat polonais indépendant, et celle des limites qui doivent être fixées à cet Etat pourront être déterminées seulement au cours des développements politiques ultérieurs. En tout état de cause, les deux gouvernements régleront cette question par des accords à l'amiable. 3. Pour ce qui est du sud-est de l'Europe, la partie soviétique rappelle à l'attention ses prétentions sur la Bessarabie. La partie allemande déclare son désintéressement politique complet pour ce territoire. 4. Ce protocole sera considéré comme strictement secret par les deux parties.
Moscou, le 23 août 1939. Le plénipotentiaire du gouvernement de l'URSS V. Molotov Pour le gouvernement du Reich allemand : J. von Ribbentrop

Traité germano-soviétique de délimitation et d’amitié du 28 septembre 1939 Le Gouvernement du Reich et le Gouvernement de l’U.R.S.S., après l’écroulement de l’ex-État polonais, considèrent exclusivement comme leur tâche de rétablir l’ordre et le calme dans ces territoires et d’assurer aux populations qui y sont établies une existence pacifique répondant à leur originalité ethnique. Dans ce dessein, les deux Gouvernements ont convenu ce qui suit :
Article premier. Le Gouvernement du Reich et le Gouvernement de l’U.R.S.S. fixent comme frontière des intérêts d’empire réciproques dans le territoire du ci-devant État polonais, la ligne qui se trouve tracée dans la carte ci-jointe et qui doit être décrite plus en détail dans un protocole complémentaire.
Article 2. Les deux Parties reconnaissent la frontière des intérêts d’empire réciproques fixée à l’article premier comme définitive, et déclineront toute espèce d’immixtion de tierces Puissances dans ce règlement.
Article 3. Les mesures de restauration politique nécessaires sont prises, dans les territoires à l’ouest de la ligne indiquée à l’article premier, par le Gouvernement du Reich ; dans les territoires à l’est de cette ligne, par le Gouvernement de l’Union soviétique.
Article 4. Les deux Gouvernements considèrent le présent règlement comme un fondement assuré pour le développement et le progrès des relations amicales entre leurs peuples.
Article 5. Ce Traité sera ratifié, et les instruments de ratification seront échangés, aussitôt que possible. Le Traité entre en vigueur au moment de sa signature.
Fait en deux originaux, en russe et en allemand. Moscou, le 28 septembre 1939 Pour le gouvernement du Reich allemand : J.von Ribbentrop Pour le gouvernement de l’URSS : V. Molotov
Annexe La ligne frontière commence à la pointe méridionale de la Lituanie ; va, de là, en direction générale occidentale, du nord d’Augustowo à la frontière du Reich et suit cette dernière frontière jusqu’à la rivière Pisa. De là, elle suit le cours de la Pisa jusqu’à Ostrolenka ; ensuite, elle suit le Bug jusqu’à Keystnopol, tourne vers l’ouest et se dirige au nord de Rawa-Ruska et de Lubaczow jusqu’au San. Elle suit alors le San jusqu’à sa source.
La carte du traité du 28 septembre datée et signée en rouge par Ribentropp et en bleu par Staline.
Reproduit dans l’annexe (KartenundAbbildungen) de Das Ordnen von Raümen. Territoreum und Lebensraumim 19. und 20. Jahrhundert, Ulrike Jureit Hamburg, Hamburger Edition, HIS Verlag, 2012
 
La situation des territoires polonais entre 1939 et 1945
 
Les déplacements de population au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
 
La frontière germano-polonaise en 1945
 
La frontière définie par la conférence de Potsdam (juillet-août 1945)
Les chefs des trois gouvernements réaffirment l'avis que la délimitation finale de la frontière occidentale de la Pologne doit être faite au moment du règlement de la paix (...). Les chefs des trois gouvernements sont d'accord sur le fait que, en attendant le tracé définitif, les territoires ex-allemands, à l'est d'une ligne (...) descendant le long de l'Oder jusqu'au confluent de la Neisse occidentale, puis le long de celle-ci jusqu'à la frontière tchécoslovaque (...) seront remis à l'administration de l'Etat polonais et, à cette fin, ne devront pas être considérés comme partie de la zone soviétique de l'Allemagne (...).
Les trois gouvernements, après avoir examiné la question sous tous ces aspects, reconnaissent que l'on devra procéder au transfert en Allemagne des populations allemandes demeurées en Pologne, en Tchécoslovaquie et en Hongrie. Ils sont d'accord sur le faut que ces transferts doivent être effectués de façon ordonnée et humaine...
Alfred Grosser, L'Allemagne en occident, Pluriel, 1985

Winston Churchill (Grande-Bretagne), Harry Truman (États-Unis) et Joseph Staline (Urss), réunis à Potsdam (17 juillet - 2 août 1945) statuent sur la frontière germano-polonaise
Carte postale en usage en RFA dans les années 1950-1960 , reproduite par Tobias Weger dans « L’imaginaire Cartographique de « L’est Allemand » dans les Publications Populaires en Allemagne », Revue d’études comparatives Est-Ouest, 2016/1
Titre : Ost-Deutschland und unser Sudetenland. Die Heimat von über 15 Millionen Deutschen : L’Allemagne de l’Est et nos Sudètes. La patrie de plus de 15 millions d’Allemands
Traduction du texte de la partie gauche : N’oubliez jamais, pensez-y toujours ! Roosevelt, Truman, Churchill et Staline signèrent à Yalta et à Potsdam des « accords » permettant d’expulser plus de 17 millions d’Allemands de leur patrie où ils vécurent durant près de 700 ans. Ils permirent ainsi que soient commis de nombreux meurtres et atrocités. Avant la guerre, l’agriculture est-allemande nourrissait presque un quart du Reich. Nous réclamons notre patrie.
 
Vu de la RFA, une frontière inacceptable
"Jamais de frontière Oder-Neisse. Votez CDU".
Affiche du parti chrétien-démocrate pour les élections du parlement de Nordrhein-Westfalen (RFA), 1947
 
L'accord de Varsovie RECONNAIT LA LIGNE ODER-NEISSE COMME FRONTIÈRE germano-polonaise

Radio-Varsovie a diffusé hier mercredi une déclaration officielle des deux gouvernements de l'Allemagne orientale et de Pologne. Cette déclaration, après avoir affirmé les résolutions pacifiques des deux pays, affirme :

" Il est de l'intérêt du développement et de l'approfondissement des relations de bon voisinage et d'amitié entre les peuples polonais et allemand de délimiter le tracé de la frontière qui avait été fixée et qui existe entre les deux États, frontière intangible de paix et d'amitié établie sur l'Oder et la Neisse.

" De cette manière la République démocratique allemande réalise la déclaration du président du conseil Grotewohl en date du 12 octobre 1949.

" En exécution de quoi les deux parties décident de régler par voie d'entente, dans le délai d'un mois, le tracé de la frontière, ainsi que la question des passages de la frontière, du petit trafic frontalier et de la navigation dans les eaux de la zone frontière. "

D'autre part l'agence officielle polonaise d'information P.A.P. a diffusé un communiqué officiel germano-polonais qui précise que c'est en conclusion des conversations germano-polonaises que les deux parties se sont mises d'accord sur les termes de la déclaration commune.

En même temps un accord économique a été signé prévoyant une augmentation de 60 0/0 des échanges entre les deux pays pour 1950 par rapport à 1949. Des facilités de crédit sont accordées par la Pologne. Une collaboration étroite est prévue entre les deux pays dans le cadre du plan polonais de six ans et du plan quinquennal de l'Allemagne orientale.

Parmi les autres accords signés figurent une convention sur la collaboration technique et scientifique et un accord culturel. Les divers accords ont été signés du côté polonais par M. Szir, vice-président de la commission du plan, M. Gede, ministre du commerce extérieur, M. Tromptcizinski, secrétaire d'État aux finances, et du côté allemand par M. Handke, ministre du commerce, M. Leuszner, ministre de la planification, et M. Rumpf, ministre adjoint aux finances.

Dans des déclarations publiques MM. Dertinger et Ulbricht, ministre des affaires étrangères et vice-premier ministre de la République orientale, ont célébré la conclusion des accords comme une contribution précieuse à la paix. La délégation allemande est rentrée hier mercredi à Berlin-Est.

À Varsovie, l'agence P-A.P. publie une déclaration faite par M. Cyriankiewicz, premier ministre de Pologne, à cette occasion, où celui-ci affirme que les accords contribueront à effacer les préjugés et l'hostilité centenaire entre les deux pays et mettent le point final au fameux " Drang nach Osten " (la poussée vers l'Est).

En Allemagne occidentale la reconnaissance officielle de la ligne Oder-Neisse par le gouvernement oriental a provoqué de violentes réactions. À Bonn les milieux allemands soulignent que tout règlement définitif des frontières allemandes de l'Est ne saurait intervenir qu'au moment de la signature du traité de paix entre les puissances victorieuses et un gouvernement représentatif allemand. On n'exclut pas la possibilité d'une protestation officielle du Bundestag (Conseil fédéral), et la presse occidentale allemande s'élève contre la " trahison " des dirigeants orientaux.

Dans les milieux alliés on adopte une position analogue en se référant à l'article 8 des accords de Potsdam, qui stipule que les frontières occidentales de la Pologne ne seront fixées définitivement qu'au traité de paix. M. Mac Cloy, le haut commissaire américain, au particulier, l'a rappelé dans une déclaration publique et a ajouté que " les États-Unis n'avaient jamais reconnu la ligne Oder-Neisse. "

Le Monde, article paru le 09 juin 1950

La frontière reconnue par le traité de Moscou (1990)
Signé en 1990 par les deux Allemagne et les anciens Alliés (Etats-Unis, Urss, Royaume-Uni, France), le traité referme diplomatiquement la Seconde Guerre mondiale.
Les Etats signataires, conscients que leurs peuples vivent mutuellement en paix depuis 1945 ; ayant à l'esprit les changements historiques survenus récemment en Europe, qui permettent de surmonter la division du continent ; sont convenus de ce qui suit :
Article premier
1. L'Allemagne unie comprendra le territoire de la République fédérale d'Allemagne, de la République démocratique d'Allemagne et de l'ensemble de Berlin. Ses frontières extérieures seront les frontières de la RFA et de la RDA et seront définitives à partir de la date d'entrée en vigueur du présent Traité.
2. L'Allemagne unie et la République de Pologne confirmeront la frontière existante entre elles par un traité ayant force obligatoire en vertu du droit international.
Traité portant règlement définitif concernant l'Allemagne (extrait), fait à Moscou, 12 septembre 1990/
Walter Hanel, Hanels Wiedervereinigung, Paris, Vienne, Düsseldorf, Econ Verlag, 1990
Traduction :
  • Der Zug der Zeit : le train du temps
  • Oder-Neisse Anerkennung: la reconnaissance de la ligne Oder-Neisse
  • Nein : Non
  • Vertriebenen-Verbände : Associations de réfugiés
  • Schlesien bleibt unser : la Silésie sera à nous
 
Les frontières ne sont pas éternelles

Rendez-vous à la frontière entre l’Allemagne et la Pologne.

C’est derrière cette frontière de 456 kilomètres, le long des rivières Oder et Neiße, que se trouvent les anciennes provinces orientales de l’ancien Reich allemand. Ce n’est qu’en 1950, avec les accords de Görlitz, que la ligne Oder-Neiße est devenue la frontière définitive entre la RDA et la Pologne, ou plutôt « La ligne de paix et d’amitié qui ne sépare pas, mais unit les deux peuples ».

Mais en réalité cette ligne de démarcation était flanquée de barbelés, de miradors et de troupes lourdement armées. Longtemps, ce fut l’une des frontières les plus surveillées d’Europe.

Et aujourd’hui ? Depuis l’adhésion de la Pologne à l’UE et son intégration dans l’espace Schengen, cette frontière disparaît à vue d’œil. En 2004, les Polonais craignaient une arrivée massive de riches Allemands dans leur pays pour tout acheter. C’est en fait le contraire qui se produit en ce moment : ce sont les Polonais qui viennent « peupler » l’Allemagne. Ils viennent s’installer de l’autre côté de la frontière parce que les prix sont moins élevés que chez eux.

Et nombreux sont les Polonais qui parlent un excellent allemand. Les Allemands qui apprennent le polonais sont beaucoup moins nombreux, mais la tendance est à la hausse. La coopération germano-polonaise est florissante dans les domaines de l’économie, de la culture, de l’éducation. Et les amours germano-polonaises se multiplient : avec le plus grand naturel, les enfants binationaux développent leur double identité dans cette région, un phénomène complètement inédit