Radio-Varsovie a diffusé hier mercredi une déclaration officielle des deux gouvernements de l'Allemagne orientale et de Pologne. Cette déclaration, après avoir affirmé les résolutions pacifiques des deux pays, affirme :
" Il est de l'intérêt du développement et de l'approfondissement des relations de bon voisinage et d'amitié entre les peuples polonais et allemand de délimiter le tracé de la frontière qui avait été fixée et qui existe entre les deux États, frontière intangible de paix et d'amitié établie sur l'Oder et la Neisse.
" De cette manière la République démocratique allemande réalise la déclaration du président du conseil Grotewohl en date du 12 octobre 1949.
" En exécution de quoi les deux parties décident de régler par voie d'entente, dans le délai d'un mois, le tracé de la frontière, ainsi que la question des passages de la frontière, du petit trafic frontalier et de la navigation dans les eaux de la zone frontière. "
D'autre part l'agence officielle polonaise d'information P.A.P. a diffusé un communiqué officiel germano-polonais qui précise que c'est en conclusion des conversations germano-polonaises que les deux parties se sont mises d'accord sur les termes de la déclaration commune.
En même temps un accord économique a été signé prévoyant une augmentation de 60 0/0 des échanges entre les deux pays pour 1950 par rapport à 1949. Des facilités de crédit sont accordées par la Pologne. Une collaboration étroite est prévue entre les deux pays dans le cadre du plan polonais de six ans et du plan quinquennal de l'Allemagne orientale.
Parmi les autres accords signés figurent une convention sur la collaboration technique et scientifique et un accord culturel. Les divers accords ont été signés du côté polonais par M. Szir, vice-président de la commission du plan, M. Gede, ministre du commerce extérieur, M. Tromptcizinski, secrétaire d'État aux finances, et du côté allemand par M. Handke, ministre du commerce, M. Leuszner, ministre de la planification, et M. Rumpf, ministre adjoint aux finances.
Dans des déclarations publiques MM. Dertinger et Ulbricht, ministre des affaires étrangères et vice-premier ministre de la République orientale, ont célébré la conclusion des accords comme une contribution précieuse à la paix. La délégation allemande est rentrée hier mercredi à Berlin-Est.
À Varsovie, l'agence P-A.P. publie une déclaration faite par M. Cyriankiewicz, premier ministre de Pologne, à cette occasion, où celui-ci affirme que les accords contribueront à effacer les préjugés et l'hostilité centenaire entre les deux pays et mettent le point final au fameux " Drang nach Osten " (la poussée vers l'Est).
En Allemagne occidentale la reconnaissance officielle de la ligne Oder-Neisse par le gouvernement oriental a provoqué de violentes réactions. À Bonn les milieux allemands soulignent que tout règlement définitif des frontières allemandes de l'Est ne saurait intervenir qu'au moment de la signature du traité de paix entre les puissances victorieuses et un gouvernement représentatif allemand. On n'exclut pas la possibilité d'une protestation officielle du Bundestag (Conseil fédéral), et la presse occidentale allemande s'élève contre la " trahison " des dirigeants orientaux.
Dans les milieux alliés on adopte une position analogue en se référant à l'article 8 des accords de Potsdam, qui stipule que les frontières occidentales de la Pologne ne seront fixées définitivement qu'au traité de paix. M. Mac Cloy, le haut commissaire américain, au particulier, l'a rappelé dans une déclaration publique et a ajouté que " les États-Unis n'avaient jamais reconnu la ligne Oder-Neisse. "
Rendez-vous à la frontière entre l’Allemagne et la Pologne.
C’est derrière cette frontière de 456 kilomètres, le long des rivières Oder et Neiße, que se trouvent les anciennes provinces orientales de l’ancien Reich allemand. Ce n’est qu’en 1950, avec les accords de Görlitz, que la ligne Oder-Neiße est devenue la frontière définitive entre la RDA et la Pologne, ou plutôt « La ligne de paix et d’amitié qui ne sépare pas, mais unit les deux peuples ».
Mais en réalité cette ligne de démarcation était flanquée de barbelés, de miradors et de troupes lourdement armées. Longtemps, ce fut l’une des frontières les plus surveillées d’Europe.Et aujourd’hui ? Depuis l’adhésion de la Pologne à l’UE et son intégration dans l’espace Schengen, cette frontière disparaît à vue d’œil. En 2004, les Polonais craignaient une arrivée massive de riches Allemands dans leur pays pour tout acheter. C’est en fait le contraire qui se produit en ce moment : ce sont les Polonais qui viennent « peupler » l’Allemagne. Ils viennent s’installer de l’autre côté de la frontière parce que les prix sont moins élevés que chez eux.
Et nombreux sont les Polonais qui parlent un excellent allemand. Les Allemands qui apprennent le polonais sont beaucoup moins nombreux, mais la tendance est à la hausse. La coopération germano-polonaise est florissante dans les domaines de l’économie, de la culture, de l’éducation. Et les amours germano-polonaises se multiplient : avec le plus grand naturel, les enfants binationaux développent leur double identité dans cette région, un phénomène complètement inédit