ETUDIER LES DIVISIONS POLITIQUES DU MONDE : LES FRONTIERES
HGGSP
THEME 4
La DMZ coréenne, une frontière paradoxale

Le drame de la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées est connu. Il se noue aux débuts de la guerre froide, en août 1945, lorsque les États-Unis et l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) décident de se partager la péninsule coréenne et choisissent le 38e parallèle comme ligne de démarcation. Cette division qui ne satisfait personne débouche sur la guerre de Corée (1950-1953), épouvantable massacre qui fait près de trois millions de morts et ne règle rien. Faute de mieux, à l'armistice de Panmunjeom (27 juillet 1953), on en revient au statu quo ante.
Soixante ans après, rien n'a changé : il y a toujours deux Corées qui, techniquement, sont encore en guerre puisqu'elles n'ont pas signé de paix. Et pour souligner que s'il n'y a qu'une seule population, une seule culture et une seule langue coréennes, il y a bien deux États antagonistes, la République de Corée (au sud) et la République populaire démocratique de Corée (au nord) sont séparées par un cordon sanitaire hermétiquement clos de 238 kilomètres sur 4, qu'on appelle la DMZ (demilitarized zone).
Ironiquement, cette zone démilitarisée est une des zones les plus militarisées au monde. Truffée de postes militaires, de miradors et de batteries de canon, elle est gardée par plus d'un million d'hommes et serait intégralement minée. Loin d'apaiser les tensions, elle a surtout servi à les attiser. Depuis 1953, il ne s'est pas passé une seule année sans incident : échauffourée entre soldats, échanges de coups de feu, creusement de tunnels d'invasion ou passages clandestins.
Il y a pourtant un paradoxe DMZ. Malgré son absurdité tragique, n'a-t-elle pas finalement servi d'abcès de fixation ? En cristallisant, voire en ritualisant le conflit Nord-Sud sur quelques kilomètres, elle a empêché que les deux Corées ne repartent en guerre sur d'autres terrains. C'est même quand il n'y a pas de DMZ que le bât blesse. En mer Jaune, où les eaux territoriales sont mal délimitées, pêcheurs du Sud et marins du Nord se livrent désormais à une "guerre du crabe" qui, en novembre 2010, a bien failli dégénérer en guerre ouverte, lorsque Pyongyang a bombardé l'île sudiste de Yeonpyeong.
Mieux encore, c'est grâce à la DMZ que les deux sœurs ennemies restent en contact. Adossé à la section ouest, le parc industriel de Kaesong, inauguré en 2005, permet chaque jour à près de 50 000 Coréens, du Nord et du Sud, de travailler ensemble. Établi sur sa section est, le circuit touristique des monts Kumgang a d'ores et déjà attiré un million de touristes du Sud vers le Nord. Sur la DMZ elle-même, le dialogue n'a jamais été interrompu. Il est souvent confraternel, et parfois davantage comme l'a relaté Joint Security Area, un très beau film de Park Chan-wook (2000), où des soldats des deux camps finissent par nouer de véritables liens d'amitié.
Et demain, pour cette péninsule ultra-industrialisée qui se découvre l'âme écologique, la DMZ représente un atout extraordinaire. Préservée de toute intervention humaine depuis un demi-siècle, elle est devenue un poumon vert doublée d'un sanctuaire pour les oiseaux migrateurs. Les environnementalistes s'enthousiasment, l'Unesco envisage un classement et, comme de juste, Yann Arthus-Bertrand vient d'organiser une exposition à Séoul (mars 2012) sur la "DMZ vue du ciel".

Pascal Dayez-Burgeon (CNRS), revue Hermès, n° 63, 2012.
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La guerre de Corée
Le 25 juin 1950, vers 4h du matin, les troupes communistes nord-coréennes envahissent la Corée du Sud. L’attaque est fulgurante et la petite...
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Les deux Corées
Occupée par le Japon depuis 1895, la Corée est libérée en 1945 par les troupes américaines et soviétiques qui se rejoignent...
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La zone industrielle de Kaesong en Corée du Nord vue depuis la zone démilitarisée
Exploité en commun par Séoul et Pyongyang entre 2004 et en 2016, le site est en sommeil. Les entrepreneurs sud-coréens du complexe espèrent y retourner à la faveur du réchauffement entre les deux voisins.

Le Monde, 9 juin 2018.
 
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La frontière au niveau de la JSA (Joint Security Area)
 
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La Corée du Nord veut réaménager un complexe touristique emblématique
Photo diffusée le 23 octobre 2019 par l'agence nord-coréenne Kcna du leader nord-coréen Kim Jong Un (g) visitant le complexe touristique du mont Kumgang.

Pyongyang entend transformer le complexe touristique emblématique du mont Kumgang en une station touristique internationale, a annoncé dimanche l'agence de presse officielle nord-coréenne, un an après la destruction ordonnée par le dirigeant Kim Jong Un des bâtiments construits par la Corée du Sud. Cet ensemble, qui se voulait un symbole de la coopération économique entre les deux Corées, avait été construit par Hyundai Asan, une filiale du groupe sud-coréen Hyundai. L'objectif était d'attirer des centaines de milliers de touristes sud-coréens vers le complexe du mont Kumgang, dont le nom signifie "la montagne du diamant", considéré comme l'un des plus beaux sites de la péninsule.

L'an dernier, dans une période de tension intercoréenne, M. Kim avait ordonné la destruction des installations "minables" réalisées par le Sud, les comparant notamment à des "tentes de fortunes installées dans une région sinistrée". L'agence de presse KCNA a indiqué que le Premier ministre nord-coréen Kim Tok Hun s'était rendu sur place et avait souligné "la nécessité de reconstruire la station touristique à notre façon" afin d'en faire "un complexe touristique envié par le monde entier". Le Premier ministre a appelé à transformer le site en une station "touristique moderne de dimension internationale". Ce complexe touristique était un des deux plus importants projets intercoréens avec le complexe industriel de Kaesong, fermé depuis 2016, dans lequel des entreprises sud-coréennes employaient de la main d'oeuvre du Nord. Situé près de la frontière intercoréenne, le mont Kumgang était une destination touristique pour les Sud-Coréens jusqu'à ce qu'en 2008 un soldat nord-coréen abatte une femme qui s'était écartée des zones autorisées. Depuis, les visites ont été suspendues par Séoul. La Corée du Nord a longtemps souhaité que cette activité lucrative puisse reprendre, mais elle violerait désormais les sanctions économiques internationales imposées à Pyongyang en raison de son programme nucléaire et de missiles.

En juin, Pyongyang a détruit le bureau de liaison intercoréen situé sur son sol et financé par Séoul, un des symboles de la détente sur la péninsule, affirmant n'avoir aucun intérêt à négocier. "Le régime de M. Kim aura du mal à trouver les ressources nécessaires pour réaménager le mont Kumgang et a besoin d'investissements extérieurs, mais ainsi il signifie qu'il accorde moins d'importance à ses partenaires sud-coréens", a estimé Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul. Pour lui, c'est également pour M. Kim une manière de mettre la pression sur l'administration du président sud-coréen Moon Jae-in afin de renouer avec les retombées financières du Sud.

Magazine Challenges, 20 décembre 2020.

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Hauts-parleurs diffusant des chants patriotiques au-delà de la ligne de démracation
Photographie de Laurent Davier pour LeDauphiné.com, 7 février 2018.
 
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Le musée de la DMZ
Ce musée retrace l'histoire de la DMZ et commémore le souvenir des victimes de la frontière.

Photographie de Laurent Davier pour LeDauphiné.com, 7 février 2018.
 
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La frontière le long de la mer
Photographie de Laurent Davier pour LeDauphiné.com, 7 février 2018.
 
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La ligne de démarcation (Military Demarcation Line, MDL)
Photographie prise en 2017, Manuel HGGSP 1ère, Magnard, 2019, p. 159.
 
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Deux Corées
 
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Gérer la zone démilitarisée (DMZ)
Source : Manuel HGGSP 1ère, Hatier, 2019, p. 153.
 
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