Une politique d'ouverture
Longtemps très protégée, l'économie indienne s'est libéralisée à petits pas à partir des années 1990. Pour stimuler les exportations, l'Etat a mis en place, en 2000, une politique favorable aux zones économiques spéciales, qui accueillent surtout des entreprises indiennes tournées vers l'exportation de biens et de services. L'Inde est entrée dans la course pour attirer les investissements directs étrangers (IDE). Ses longs efforts pour séduire les investisseurs se révèlent payants : les IDE atteignent 40 milliards de dollars en 2015-2016. Les entreprises indiennes multiplient également les implantations à l'étranger depuis les années 90.
En 2014, le Premier ministre a lancé sa grande campagne Make in India. Le gouvernement a identifié 25 industries, dont l'automobile, le textile, la pharmacie et la chimie, censées devenir le fer de lance des exportations indiennes. L'objectif prioritaire est de créer des emplois pour les millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail.
F. Tétart (dir.), Grand Atlas 2019, Autrement-Courrier international-France Info, 2018
Une Inde rurale à l'écart du développement
L'Inde rurale n'a pas bénéficié, ou si peu, du décollage économique du pays au cours des 25 dernières années (…). Près des 3/4 des foyers indiens vivent dans les campagnes, malgré l'explosion démographique de mégalopoles comme Delhi ou Mumbai, et même si la frontière entre ces deux mondes est poreuse puisque de nombreux migrants travaillent plusieurs mois par an dans des villes, en fonction des opportunités professionnelles. « L’Inde se trouve dans les villages », avait coutume de dire le Mahatma Gandhi. Plusieurs décennies plus tard, ce constat est toujours d'actualité, et le niveau de vie ne s’y est guère amélioré (…). Si l’Inde veut se transformer en puissance économique, elle ne peut plus ignorer le sort de ces populations à l'écart des centres urbains pour sortir de ce cercle vicieux, il faut briser de nombreuses chaînes, dont celles de l'illettrisme, de la malnutrition ou encore de l'isolement. Mais dans un pays où les services publics sont déficients, avec des hôpitaux qui tombent en ruine et des écoles désertées par les instituteurs, en sortir est bien plus difficile qu'ailleurs (…). Près de la moitié des foyers ruraux ne savent pas, ou avec de grandes difficultés, lire ni écrire, dans un pays qui veut pourtant investir dans le « numérique pour tous ».
Julien Buissou, « Malgré sa croissance, l’Inde reste rurale et pauvre », Le Monde, 21 juillet 2015