Coopérations, tensions et régulations à l'échelle mondiale, régionale et locale
THEME 2 :
DYNAMIQUES TERRITORIALES, COOPERATIONS ET TENSIONS DANS LA MONDIALISATION

Chapitre 2 :
Coopérations, tensions et régulations aux échelles mondiale, régionale et locale
Objectif : Comprendre comment les différentes formes de coopération et de régulation permettent ou non de réduire les tensions et les inégalités territoriales
Consigne : A l'aide du corpus documentaire ci-dessous, répondez-aux questions " coup de pouce" (1ère heure) puis réalisez la tâche finale (2ème heure)
QUESTIONS COUP DE POUCE

1) Quels sont les acteurs associés par les accords du CETA ?
2) Quels sont les objectifs fixés par le CETA?
3) Pourquoi cet accord peut-il apparaître comme déséquilibré?
4) Dans quels domaines cet accord semble avoir des effets positifs ? Pourquoi ces derniers restent-ils encore largement incertain ?
5) Pourquoi et par qui cet accord est-il critiqué?
Qu'est-ce que le CETA ?
« L'Accord économique et commercial global (AEGC) entre l'Union européenne et le Canada (CETA) est dit de “nouvelle génération”. Il réduit drastiquement les barrières tarifaires et non tarifaires aux échanges commerciaux, mais s'étend également à de nombreux autres aspects liés à l'exportation des biens et des services, ainsi qu'aux possibilités d'investissements des entreprises européennes et canadiennes.En pratique, il doit réduire la quasi-totalité – près de 99 % – des barrières d'importations, permettre aux entreprises canadiennes et européennes de participer aux marchés publics, de services et d'investissements de l'autre partenaire, et renforcer la coopération entre le Canada et l'UE en termes de normes et de régulation. »
touteleurope.eu, 23 juillet 2019.
 
Manifestation contre le CETA en Slovaquie
Pour dénoncer le CETA, mais aussi le TIPP ou TAFTA (accord du même type avec les États-Unis, dont les négociations sont bloquées), ces manifestants utilisent un cheval de Troie, célèbre dans la mythologie grecque : les Grecs utilisèrent un cheval en bois creux pour pénétrer dans la ville assiégée de Troie.
 
Le CETA, controversé accord de libre-échange avec le Canada, approuvé à l’Assemblée

Le CETA supprimera les droits de douanes sur 98 % des produits échangés avec l’UE. Ses détracteurs y voient surtout de la concurrence déloyal et un désastre écologique.

Les députés français ont approuvé, mardi 23 juillet, la ratification du traité de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Canada (CETA) par 266 voix contre 213. Négocié depuis des années et déjà partiellement appliqué, l’accord controversé a fait l’objet de plusieurs heures de débats tendus à l’Assemblée nationale.

Même si le gouvernement s’assure une majorité sur ce texte, le vote des députés de La République en marche (LRM) constitue un revers, alors que 52 « marcheurs » se sont abstenus et neuf ont voté contre. Une cinquantaine d’abstentions, cela n’avait été vu qu’une fois, en février, lors du vote du projet de loi « anticasseurs ».

Neuf votes contre, c’est en revanche une première dans un groupe où prévalait jusque-là la règle édictée par l’ancien patron des députés LRM Richard Ferrand : « abstention péché véniel, vote contre péché mortel ». Mardi, le verrou a sauté, même si aucun des neuf élus n’est menacé d’exclusion, précise-t-on au sein du groupe.

L’autre nouveauté, c’est que la plupart des députés LRM réticents à ce traité de libre-échange n’ont pas eu peur de l’assumer publiquement quand, lors d’autres textes contestés, certains avaient préféré ne pas participer au vote pour ne pas avoir à afficher leur désaccord. C’est également le cas au MoDem, où deux élus ont voté contre la ratification du CETA, et six se sont abstenus (sur 45 élus).

La gauche s’est, elle, prononcée contre dans son ensemble. Les Républicains (LR) et les députés de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) se sont en majorité opposés au texte, qui doit maintenant être soumis au Sénat à une date encore indéterminée.

Sept ans de négociations

Entré en vigueur pour partie et de manière provisoire il y a bientôt deux ans, l’Accord économique et commercial global (AECG) – en anglais CETA –, qui concerne 510 millions d’Européens et 35 millions de Canadiens, supprime notamment les droits de douanes sur 98 % des produits échangés entre les deux zones.

Négocié pendant plus de sept ans, il avait été approuvé par le Parlement européen en février 2017. Il doit maintenant être ratifié par les trente-huit assemblées nationales et régionales d’Europe. Le gouvernement canadien de Justin Trudeau s’est dit « heureux », mardi, du vote de l’Assemblée nationale française, assurant qu’il « continuera à travailler avec tous les Etats membres de l’UE » pour en assurer la ratification définitive.

Hasard du calendrier, ce vote s’est déroulé lors d’une journée chargée au Palais-Bourbon, marquée aussi par la visite de la figure suédoise de la lutte contre le changement climatique, Greta Thunberg.

Pour justifier leur abstention ou leur rejet du texte, plusieurs « marcheurs » mettent en avant l’urgence climatique. A l’instar de Stella Dupont (Maine-et-Loire), qui s’interroge sur le « modèle global » promu par un tel traité, alors que plus de 6 000 kilomètres séparent la France du Canada : « Quel est le sens écologique » d’échanger à « des distances toujours plus importantes » des produits « pourtant disponibles pour la plupart sur nos territoires ou sur les territoires de nos voisins » ?

« Au moment où les Accords de Paris sur le climat et les conclusions du GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] démontrent combien il est urgent d’agir pour préserver notre planète, le CETA doit apporter en ce domaine davantage de garanties », souligne aussi Valérie Oppelt, députée (LRM) de Loire-Atlantique.

Dans un communiqué commun, deux élus du Finistère, Sandrine Le Feur (LRM) et Erwan Balanant (MoDem), expliquent pour leur part avoir voté contre le texte pour « réclamer une nouvelle génération d’accords internationaux », « durables et équitables ».

Des « non-dits », une « tromperie »

L’accord a également été vivement critiqué par les organisations écologistes et par les agriculteurs, qui craignent une concurrence déloyale en raison de coûts de production moins élevés et de normes sanitaires moins exigeantes au Canada.

« On a une agriculture qui connaît des difficultés, on ne peut pas exiger des nos agriculteurs de faire des produits de qualité et importer des produits qui ne respectent pas ces exigences », estime Benoît Potterie, député (LRM) du Pas-de-Calais, qui a voté contre le traité et dit avoir reçu dans sa permanence des exploitants agricoles inquiets.

« Lorsqu’il a été dit par plusieurs membres du gouvernement qu’il n’y a pas de farines animales de bovins utilisées pour nourrir les bovins [au Canada], il y a aujourd’hui confirmation que cet argument est faux », a dénoncé Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, le syndicat majoritaire dans la profession agricole, lors d’une visite dans le Tarn. « Il y a surtout des non-dits ou une tromperie. Est-ce un mensonge d’Etat ? Je ne sais pas », a-t-elle ajouté, dénonçant l’utilisation de « la gélatine et du sang pour nourrir des bovins ». « C’est du cannibalisme », a-t-elle encore lancé.

Le gouvernement et les responsables du texte dans la majorité s’étaient récemment mobilisés pour convaincre les députés LRM de ratifier le traité. Le secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne avait longuement échangé avec le groupe une première fois à l’Assemblée nationale. Les élus avaient ensuite été reçus au Quai d’Orsay par le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et M. Lemoyne. Plusieurs membres de la majorité avaient identifié les inquiétudes venant à la fois d’élus venus de circonscriptions rurales et des aiguillons macronistes en matière d’écologie. « Je n’ai jamais vu une telle opposition dans le groupe », confiait alors l’un des piliers dudit groupe.

Mardi matin encore, devant le groupe LRM, le premier ministre Edouard Philippe avait tenté de lever les doutes, mettant en garde contre les « conséquences non nulles » d’un vote qui ne serait pas aligné, selon un participant.

Lundi, l’ancien ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot avait appelé les parlementaires, dans une lettre ouverte, à avoir « le courage de dire non » à ce traité, qui risque à ses yeux d’ouvrir la porte à des substances dangereuses par un abaissement des normes sanitaires. Une ratification irait « dans le bon sens », lui avait répondu Emmanuel Macron, tout en réaffirmant la nécessité de s’assurer que le texte soit « bien mis en œuvre ». Le chef de l’Etat a souligné que l’ex-ministre s’était lui-même « battu pour l’améliorer ».

Article de Manon Rescan paru dans Le Monde, 23 juillet 2019

Le poids respectifs des deux partenaires
 
Match Canada-France dans nos assiettes
Le CETA soulève l'opposition d'agriculteurs et de consommateurs européens inquiets de la concurrence canadienne mais aussi du fait que toutes les normes sanitaires applicables dans l'UE ne valent pas automatiquement pour les produits importés. Par exemple pour l'importation de viande bovine canadienne, les hormones de croissance sont interdites, mais pas les antibiotiques ni certaines farines animales.
 
Le CETA : quel impact carbone ?
« La hausse du commerce aura nécessairement un coût pour la planète. L'intensification des échanges par bateau et avion n'augmentera toutefois que de 0,05 % les émissions de gaz à effet de serre du transport international, selon les calculs du Cepii “Cette hausse sera en partie compensée par une réduction du transport de marchandises par voie routière entre les pays européens, plus polluants”, anticipe M. Fontagné – qui qualifie le modèle économique utilisé pour ces prévisions de “très complet et tout à fait moderne”, même s'il est contesté par certaines ONG. Le CETA aura également des effets climatiques plus profonds, en encourageant l'augmentation des capacités de production sur les deux continents. Au cours de sa première année d'application, les exportations de pétrole canadien vers le Vieux Continent ont ainsi crû de 63 %, grâce à un assouplissement des règles concomitant au CETA. Ce pétrole aurait certes pu être écoulé ailleurs qu'en Europe, mais l'accord stimule, à terme, la croissance de ce secteur particulièrement polluant. Cette empreinte carbone indirecte est difficile à quantifier. Le Cepii mise sur une hausse de 1,3 million de tonnes de dioxyde de carbone (CO2 ) dans l'UE – un chiffre relativement modeste par rapport aux plus de 4 000 millions de tonnes émises chaque année. […] Pour le Canada, l'impact serait plus lourd : 1,7 million de tonnes de CO2 pour 716 millions de tonnes émises chaque année. »
M. Vaudano, « Faut-il ratifier ou non le CETA ? L'heure du choix pour les députés », Le Monde, 23 juillet 2019.