Coopérations, tensions et régulations à l'échelle mondiale, régionale et locale
THEME 2 :
DYNAMIQUES TERRITORIALES, COOPERATIONS ET TENSIONS DANS LA MONDIALISATION

Chapitre 2 :
Coopérations, tensions et régulations aux échelles mondiale, régionale et locale
Objectif : Comprendre comment les différentes formes de coopération et de régulation permettent ou non de réduire les tensions et les inégalités territoriales
Consigne : A l'aide du corpus documentaire ci-dessous, répondez-aux questions " coup de pouce" (1ère heure) puis réalisez la tâche finale (2ème heure)
QUESTIONS COUP DE POUCE

1) Quels sont les territoires auxquels la Chine souhaite se connecter ? Expliquez pourquoi.
2) Quels sont les objectifs de ce projet ? Quelles infrastructures sont développées pour y parvenir ?
3) Identifiez les conséquences du passage des routes de la soie sur les territoires qu'elles traversent.
4) Quelles sont les limites de ce projet ?

Des territoires intégrés mais dépendants de la Chine
Les nouvelles routes de la soie développent six routes terrestres et un réseau portuaire : au total, 60% de la population mondiale, 30% du PIB et plus du tiers du commerce international sont concernés. Jusqu'ici, les projets couvrent une multitude de pays en Afrique (Nigéria, Egypte), au Moyen-Orient (Turquie, Oman), en Asie (Tadjikistan, Indonésie, Inde, Philippines), et même en Europe (Géorgie, Grèce et maintenant Italie). Ports, réseaux ferrés, infrastructures de commerce, pipelines... se multiplient. La Chine a soutenu le développement d'infrastructures touristiques, sur l'île de Lombock, en Indonésie, la construction d'une nouvelle ligne de métro à Bangalore, en Inde, et le renforcement des réseaux de télécommunication à Oman. Mais l'implication dans les infrastructures compromet parfois les finances des Etats hôtes. C'est ainsi que le Sri Lanka a dû céder le contrôle de son port de Hambantota, stratégiquement situé, à une entreprise chinoise après avoir échoué à rembourser ses dettes. Certains voient donc dans cette politique une forme de néocolonialisme, renforçant le contrôle chinois sur les pays émergents tout en sécurisant ses routes d'approvisionnement et s'accaparant des marchés avantageux, notamment en Afrique. Les financements chinois conduisent souvent les pays hôtes des projets à devoir sélectionner des entreprises chinoises pour leur mise en oeuvre, limitant les retombées économiques sur le tissu local, et suscitant la méfiance voire le rejet des populations.
Le Figaro, 26 mars 2019

La politique du Go West à Chongqing traduit les ambitions chinoises

Chongqing, cité industrielle située au confluent du fleuve Yangzi Jiang et de la rivière Jialing, est devenue en vingt ans l’une des villes chinoises les plus importantes par son poids économique et démographique. [...] En 2008, la crise financière internationale a touché les provinces exportatrices du littoral chinois [...] frappées par la baisse des demandes à l’étranger. Pour compenser cette perte de dynamisme, le gouvernement a mis en place un vaste projet de soutien au sudouest du pays. La politique du « Go West » partait du constat qu’à la fin des années 2000, l’Ouest, qui recouvre 56 % du territoire chinois, n’abritait que 11 % de la population et ne contribuait qu’à hauteur de 8 % à la richesse nationale. [...] Aussi grande et riche qu’un État à part entière, la municipalité autonome aspire à devenir le centre financier, industriel et commercial de l’intérieur de la Chine. En plus d’importantes ressources naturelles, elle dispose d’une position stratégique sur la route du Tibet et de l’Asie centrale. Cette situation géographique propice et les engagements de Pékin [Beijing] pour son développement l’ont mise en position de force pour profiter du projet des « nouvelles routes de la soie ».
Nashidil Rouiai, « Chongqing, cœur du "Go West" chinois », Revue Carto, 30 octobren 2018.
Connecter la Chine à l’Eurasie et à l’Afrique
La Chine développe le projet des nouvelles routes de la soie pour asseoir sa puissance commerciale dans le monde mais aussi pour sécuriser ses approvisionnements, notamment en matières premières.
 
Un corridor Chine-Pakistan pour garantir un accès direct au Moyen-Orient
 
Le Pirée, porte d’entrée chinoise en Europe
Le président chinois, Xi Jinping, et le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotaki, sur le port du Pirée, acheté en 2016 par la compagnie chinoise China Cosco Holdings, lʼun des plus grands armateurs mondiaux de porte-conteneurs. Avec un plan d’investissement de 700 millions dʼeuros en 5 ans, les Chinois espèrent faire doubler l’activité de ce port grec, lʼun des plus grands de Méditerranée.
 
Nouvelle "route de la soie" : tensions entre l'Europe et la Chine
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Affirmer la puissance chinoise dans le monde

Tel un empereur, Xi Jinping a accueilli à Pékin [Beijing] avec faste, à la mi-mai 2017, une trentaine de chefs d’État pour le premier sommet des « routes de la soie ». [...] Ces nouvelles routes s’appuient tout d’abord sur la puissance économique de la Chine. [...] La superpuissance asiatique dispose aussi de réserves financières, d’une main-d’œuvre considérable, et de la force de frappe de ses géants publics dans le secteur des infrastructures. [...] Les prêts institutionnels chinois sont accordés sans aucune condition politique, contrairement à ceux des pays occidentaux. [...] Cette conquête commerciale est indissociable de la montée en puissance militaire et surtout navale chinoise. [...] En Afrique, l’année 2017 aura vu coup sur coup l’entrée en exploitation de deux lignes de trains rapides construites par les Chinois et éminemment symboliques : Mombasa-Nairobi (Kenya) et Djibouti-Addis-Abeba (Éthiopie).
Brice Pedroletti, « Nouvelles routes de la soie, les ambitions planétaires de Xi Jinping », Le Monde, 8 août 2017.
Un projet défavorable aux populations locales ?
Chapatte, 2019. Le Premier ministre chinois, Xi Jinping, et le président de la Confédération suisse, Ueli Maurer, négocient des partenariats économiques entre leurs deux pays, en 2019.
 

La répression de la minorité musulmane ouïgoure au Xinjiang, région stratégique

En Chine, les 11 millions de Ouïgours, dont la grande majorité vit au Xinjiang, composent l’ethnie la plus opprimée par le régime, qui les considère comme indomptables. Descendants des premiers occupants des oasis d’Asie centrale, ils résistent en effet à la domination chinoise depuis l’annexion de leur région, en 1884, par la dynastie Qing et à l’assimilation forcée que le régime leur impose. Ces dernières années, la multiplication des campagnes idéologiques stigmatisant la religion et les coutumes locales a attisé les tensions. Or le Xinjiang est plus que jamais stratégique pour la Chine. Pour ses ressources minières et pétrolières, d’abord. Ensuite parce qu’il est censé servir de tête de pont aux « nouvelles routes de la soie », maillage d’autoroutes et de voies ferrées rapides en cours de construction destiné à connecter le pays à l’Europe. Pas question donc d’accepter une rébellion. Mais aujourd’hui, un cap a été franchi. Pékin [Beijing] a mis en place une politique totalitaire, épiant tous les faits et gestes de la population ouïgoure, confinant les suspects dans des camps.
Alexandre Mandri et Simon Leplâtre, « Xinjiang : bienvenue dans lʼenfer Made in China », Géo, mars 2019.