Des territoires intégrés mais dépendants de la Chine
Les nouvelles routes de la soie développent six routes terrestres et un réseau portuaire : au total, 60% de la population mondiale, 30% du PIB et plus du tiers du commerce international sont concernés. Jusqu'ici, les projets couvrent une multitude de pays en Afrique (Nigéria, Egypte), au Moyen-Orient (Turquie, Oman), en Asie (Tadjikistan, Indonésie, Inde, Philippines), et même en Europe (Géorgie, Grèce et maintenant Italie). Ports, réseaux ferrés, infrastructures de commerce, pipelines... se multiplient. La Chine a soutenu le développement d'infrastructures touristiques, sur l'île de Lombock, en Indonésie, la construction d'une nouvelle ligne de métro à Bangalore, en Inde, et le renforcement des réseaux de télécommunication à Oman. Mais l'implication dans les infrastructures compromet parfois les finances des Etats hôtes. C'est ainsi que le Sri Lanka a dû céder le contrôle de son port de Hambantota, stratégiquement situé, à une entreprise chinoise après avoir échoué à rembourser ses dettes. Certains voient donc dans cette politique une forme de néocolonialisme, renforçant le contrôle chinois sur les pays émergents tout en sécurisant ses routes d'approvisionnement et s'accaparant des marchés avantageux, notamment en Afrique. Les financements chinois conduisent souvent les pays hôtes des projets à devoir sélectionner des entreprises chinoises pour leur mise en oeuvre, limitant les retombées économiques sur le tissu local, et suscitant la méfiance voire le rejet des populations.
Le Figaro, 26 mars 2019