Coopérations, tensions et régulations à l'échelle mondiale, régionale et locale
THEME 2 :
DYNAMIQUES TERRITORIALES, COOPERATIONS ET TENSIONS DANS LA MONDIALISATION

Chapitre 2 :
Coopérations, tensions et régulations aux échelles mondiale, régionale et locale
Objectif : Comprendre comment les différentes formes de coopération et de régulation permettent ou non de réduire les tensions et les inégalités territoriales
Consigne : A l'aide du corpus documentaire ci-dessous, répondez-aux questions " coup de pouce" (1ère heure) puis réalisez la tâche finale (2ème heure)
QUESTIONS COUP DE POUCE

1) Quels sont les pays membres de l'ACEUM ?
2) Montrez que l'ACEUM est une intégration régionale dynamique.
3) Pourquoi peut-on affirmer que les Etats-Unis sont les grands bénéficiaires du nouvel accord?
4) Montrez que les échanges commerciaux au sein de l'ACEUM demeurent déséquilibrés.
5) Quelles sont les limites de l'intégration régionale par l'ACEUM ?

Quelques dispositions du nouvel accord ACEUM
 
Pourquoi les Etats-Unis ont-ils voulu renégocier l'ALENA 25 ans après sa création ?
Il lavait dit pendant sa campagne, Donald Trump trouve que lALENA est un «désastre». Il estime que le traité de libre-échange a détruit des emplois américains au profit du Mexique et il souhaiterait rétablir une meilleure protection pour léconomie américaine. Il se focalise notamment sur le déficit commercial avec le Mexique, qui a atteint les soixante-quatre milliards de dollars. Le président américain na jamais caché sa volonté de limiter le libre-échange pour revenir à une certaine forme de protectionnisme. Il dénonce aussi des pratiques déloyales de ses partenaires. Donald Trump accuse notamment les Canadiens de dumping (1) dans la filière du bois .
Qui a le plus à perdre? Les exportations du Mexique ont bondi de plus de 500% depuis la mise en application de laccord, en 1994. 80% dentre elles se font vers les États-Unis. Cest donc le Mexique qui est le plus dépendant de lALENA. Il aurait beaucoup à perdre dun retrait pur et simple des États-Unis, comme lavait annoncé Donald Trump dans un premier temps.
Toutefois, léconomie américaine pourrait également souffrir dun retour des droits de douane, puisque les prix pour le consommateur américain risqueraient de monter en flèche. Beaucoup déconomistes saccordent à dire que le retrait des États-Unis serait contre-productif pour léconomie américaine. Ce qui explique peut-être que le président américain ait renoncé à cet élan radical.
« Pourquoi renégocier lALENA, laccord de libre-échange américain ? », ArteInfo, 16 août 2017.
1. Dumping : est une pratique de concurrence déloyale en vendant un produit moins cher à l’étranger que dans le pays d’origine, voire en dessous du prix de revient. :
Les échanges commerciaux au sein de l'ALENA en 2018
 
La renégociation de l'ALENA
Paresh Nath, El Universal (journal mexicain), 25 novembre 2017
Traduction ; "Je n'ai pas l'intention de me laisser exploiter, les gars"
NAFTA : North American Free Trade Agreement (ALENA en anglais)
 
ACEUM, ex-ALENA : un espace très intégré autour des États-Unis
 

Un nouvel accord de libre-échange nord-américain
Le nouvel accord de libre-échange, liant les Etats-Unis, le Mexique et le Canada (l'ACEUM), signé en novembre 2018, est une version modernisée de l'accord de libre-échange nord-américain (ALENA), entré en vigueur en 1994. Donald Trump avait qualifié l'ALENA de "pire accord commercial de l'histoire" américaine. Il le rendait responsable de la destruction de nombreux emplois américains du secteur automobile en raison des délocalisations massives au Mexique, où la main d'oeuvre est moins chère. L'ALENA a certes détruit des emplois aux Etats-Unis, mais il a aussi créé une vaste zone de commerce sans droit de douane, facilitant les échanges de biens, services et personnes. Les études ont montré qu'il a largement contribué à la croissance économique et à la hausse du niveau de vie de la population des trois pays membres. Le Canada et le Mexique représentent 40% de la croissance des exportations de marchandises américaines. Et le commerce avec les deux pays a atteint près de 1400 milliards de dollars en 2018. Le vote, que l'hôte de la Maison-Blanche pourra revendiquer comme une nouvelle victoire économique, a eu lieu moins de 24 heures après la signature d'un traité commercial "historique" avec la Chine. D'après le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, l'ACEUM et l'accord avec la Chine doperaient la croissance américaine en 2020. L'entourage de Donald Trump avait, lui, estimé que cela couronnait la politique commerciale du président qui a opté pour la stratégie de pression maximale, à coups de tarifs douaniers punitifs, pour obtenir des accords.
France 24, AFP, "Le nouvel accord de libre-échange nord-américain ratifié aux Etats-Unis", 16 janvier 2020
De l'ALENA à l'ACEUM
La signature de l'Accord Canda-Etats-Unis-Mexique (ACEUM) a conclu la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), le 1er octobre 2018 (...). Donald Trump (...) avait promis lors de sa campagne présidentielle d'améliorer ou de "mettre en pièces" l'ALENA (...) expliquant qu'[il] sapait la souveraineté nationale et vampirisait les emplois américains (...).
L'ACEUM reflète une préoccupation accrue pour la souveraineté nationale : il reconnait explicitement le droit des parties à décider des politiques qu'elles mettent en oeuvre (...). Les principales avancées concernent la réglementation du travail (...). L'idée de combler le fossé salarial entre les pays marque un progrès (...).
Parmi les perdants, on compte les petits agriculteurs des 3 pays. Ernesto Ladron (1) explique : "Le texte s'attache surtout à défendre les grands producteurs américains. Notre objectif, c'est l'autosuffisance alimentaire." (...) Sans surprise, l'ACEUM délaisse une grande partie des aspects que les progressistes auraient souhaité modifier (...) L'accord finalement conclu ne supprime même pas les barrières douanières américaines sur l'acier canadiens et mexicains. Cela suggère que l'intégration telle que la conçoit Washington traduit un souci plus important pour ses échanges que pour le "libre" échange.
Laura Carlsen, analyste politique au Center for International Policy de Mexico, "Une renégociation déconcertante", Le Monde diplomatique, novembre 2018

(1) Représentant d'un syndicat d'agriculteurs mexicains
Le Canada face à la nouvelle donne protectionniste étatsunienne
Les difficiles négociations avec les Etats-Unis entourant la nouvelle mouture de l'accord de libre-échange - désormais connu sous le nom d'Accord Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM) - ont mis en relief une évidence : le Canada ne peut plus laisser reposer la prospérité du pays sur un seul client, a fait valoir le canadien du Commerce international. Cela explique l'objectif ambitieux du gouvernement Trudeau d'augmenter les exportations canadiennes de 50% vers d'autres marchés que les Etats-Unis. A cette fin, le gouvernement compte investir la somme de 1,1 milliard de dollars pour réduire cette dépendance commerciale envers les Etats-Unis, où aboutissent quelques 75% de nos exportations.
"Depuis 2017, nous avons ajouté 1,5 milliard de consommateurs dans la zone de libre-échange du Canada. C'est 500 millions de consommateurs grâce à l'accord avec l'Union européenne, 500 millions grâce à la nouvelle mouture de l'ALENA et 500 millions grâce au Partenariat transpacifique", souligne le ministre.
J.D. Bellavance, "Le Canada ne peut plus se fier à un seul client", entrevue avec le ministre Jim Carr", lapresse.ca, 12 décembre 2018
Un accord source de déséquilibres
Donald Trump a exigé en 2017 une renégociation de l'ALENA. Cette association économique régionale en résumé serait un accord hautement dommageable aux intérêts étatsuniens. L'investissement nord-américain, il est vrai, est monté en puissance. Et avec lui les emplois délocalisés. Le Mexique est ainsi devenu en quelques années un des producteurs d'automobiles les plus importants du monde. Les grands fabricants sont tous là : Chrysler, Ford, Nissan, Toyota, Volkswagen. La construction aéronautique a suivi. L'immobilier a accompagné les flux industriels.
Le Mexique a-t-il fait une bonne affaire ? Les débats sont ouverts. Peu compétitive, son agriculture a souffert. Les paysans ont été poussés à l'émigration vers les Etats-Unis, faute de pouvoir continuer à vivre dans leurs villages. La croissance économique a été médiocre de 1995 à 2017, autour de 2% par an. Le marché de l'emploi n'a pu, dans ces conditions, répondre à la demande. La délinquance a explosé. Elle offre en effet travail et argent à beaucoup d'oubliés sociaux.
Nouveaux espaces latinos, 28 février 2018