Coopérations, tensions et régulations à l'échelle mondiale, régionale et locale
THEME 2 :
DYNAMIQUES TERRITORIALES, COOPERATIONS ET TENSIONS DANS LA MONDIALISATION

Chapitre 2 :
Coopérations, tensions et régulations aux échelles mondiale, régionale et locale
Objectif : Comprendre comment les différentes formes de coopération et de régulation permettent ou non de réduire les tensions et les inégalités territoriales
Consigne : A l'aide du corpus documentaire ci-dessous, répondez-aux questions " coup de pouce" (1ère heure) puis réalisez la tâche finale (2ème heure)
QUESTIONS COUP DE POUCE

1) Comment l'OMC participe-t-elle à la diffusion des principes du libre-échange?
2) Par quels moyens l'OMC entend-elle réguler le commerce mondial ?
3 )Quels sont les obstacles à la régulation du commerce mondial par l'OMC ?
4) Quelles sont les grandes critiques adressées à l'OMC ? Par qui le sont-elles ?
Le retrait américain
Le contexte international a bien changé depuis 2015. L'annonce du retrait des Etats-Unis, décidé par Donald Trump en juin 2017, a douché l'euphorie qui avait suivi l'Accord de Paris. Le président américain a accusé le texte de "tuer 2,7 millions d'emplois" et de "désavantager l'économie américaine", alors que les Etats-Unis demeurent aujourd'hui le 2ème pollueur de la planète et ont émis davantage de CO2 au cours de leur histoire que n'importe quel autre Etat. Cette décision américaine fait planer la menace que les pays signataires les plus sceptiques puissent trouver là un motif suffisant pour renoncer à leurs propres objectifs (...). Mais le désengagement des Etats-Unis aura poussé les grandes entreprises et les villes américaines à redoubler d'efforts. Dès l'annonce de Trump, les géants de la tech ont pris la parole afin de renouveler leurs engagements sur le plan environnemental : "Google continuera à travailler pour un futur propre" a ainsi tweeté Sundar Pichai, PDG de Google, tandis que Tim Cook (Apple) a affirmé qu'il ne "flanchera jamais" dans sa lutte contre le réchauffement climatique.
Leïla Marchand, "Climat ; quel bilan deux ans après l'euphorie de la COP21 ?, Les Echos, 6 novembre 2017
L'OMC ou la difficile gouvernance économique
Caricature de Glenn Foden
Traduction de gauche à droite : Marché libre / Tu vas dans le mauvais sens / La terre est ronde, nous y arriverons
WTO = OMC
 
Le libre-échange au XXème siècle
L'instauration d'un libre-échange multilatéral et institutionnalisé entre les nations a été recherchée dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec la création du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) en 1948, puis en 1985 avec son remplacement par l'OMC (Organisation mondiale du comerce). L'objectif de l'OMC est de faciliter, par les négociations, la croissance du commerce mondial via la suppression des barrières douanières, des subventions à l'exportation et d'une manière générale des mesures protectionnistes.
Parmi les facteurs qui expliquent la formidable croissance du commerce mondial depuis le milieu des années 1980, le plus important a sans doute été le processus de rattrapage économique amorcé par certains pays émergents comme la Chine et l'Inde [grâce à sa main d'oeuvre nombreuse et bon marché].
La Chine s'est située au coeur de ce processus avec l'ouverture de son économie dans les années 1990 et sa spécialisation dans l'assemblage de produits manufacturiers finis bas de gamme à partir de pièces ou de composants importés. La multiplication d'opérations de délocalisations d'activités de sous-traitance et d'investissements directs de la part de grandes firmes multinationales a fait de la Chine la véritable plaque tournante du commerce mondial des biens et services intermédiaires utilisés dans la production manufacturière au point qu'elle est devenue, depuis 2007, le premier pays exportateurs de produits industriels manufacturés.
D'après "Libre-échange ou protectionnisme ; quelle réalité dans un monde globalisé et interconnecté?", citeco.fr, 11 janvier 2019
Caricature anti ALENA et OMC : Au centre: société américaine qui tient dans ses mains l'ALENA et l'OMC (WTO): "Enfin le libre échange, enfin le libre échange, merci Dieu tout puissant nous avons le libre échange"
A gauche : travailleurs américains : licenciement massifs, disparition des droits des travailleurs"
A droite: travailleurs étrangers: "payes d'esclaves, pas de droits du travail")

 
L'OMC, un arbitre des conflits économiques

Etats mis en cause
-
Plaignant
Etats-UnisUnion européenne CanadaBrésilJapon MexiqueIndeChine
Etats-Unis208467823
Union européenne356563119
Canada209114
Brésil1174111
Japon81222
Mexique1034
Inde 117
Chine165
Nombre de conflits entre les pays qui ont déposé le plus de plaintes

Source : OMC, 2019

Les barrières douanières : un frein pour le commerce ?

Dans son bras de fer commercial avec Washington, Pékin a beau clamer son attachement à la libre circulation des marchandises et au multilatéralisme, les faits démentent cette posture. Notamment vis-à-vis de l’Union européenne. [...] La Chine est devenue le premier pays au monde disposant du plus grand nombre de barrières commerciales aux produits européens. [...] Bruxelles recensait en Chine 37 obstacles au commerce. La Russie se classait deuxième (34) devant l’Inde et l’Indonésie (25) puis les États-Unis (23). [...] Au total, en 2018, 23 pays ont mis en place 45 nouvelles législations. [...] L’Inde, quant à elle, est épinglée pour sa politique mise en place dans les cosmétiques, les diamants polis, les pièces d’équipement automobile, les vins et alcools, les produits en cuir et les produits du secteur des technologies de l’information et de la communication. Sans surprise, les États-Unis se voient reprocher l’instauration de droits de douane supplémentaires sur leurs importations européennes d’acier et d’aluminium.
Richard Hiault, « La Chine est le pays le plus protectionniste vis-à-vis de l’Europe », Les Échos, 18 juin 2019.
A la guerre (commerciale) comme à la guerre
Traduction : titre : « Guerre commerciale » ; « Chine / États-Unis » ; sur le bateau : « Économie mondiale ». Emad Hajjaj (Jordanie), 5 juillet 2018.
 
2020, l'OMC a 25 ans
Rares sont les pays du monde qui nappartiennent pas à lOrganisation mondiale du commerce (OMC). Cette dernière, qui célèbre cette année ses vingt-cinq ans dexistence, comprend 164 pays membres.
En un quart de siècle, la valeur en dollars, du commerce mondial a presque quadruplé. Son volume réel a été multiplié par 2,7, bien plus que la croissance du PIB mondial, qui a seulement doub. Parallement, les droits de douane ont presque diminué de moitié, tombant à 6,4% en moyenne. Cette croissance du commerce a permis aux pays en développement de rattraper leur retard. « Ce nest pas une coïncidence si les 25 dernières années ont vu la pauvreté reculer à un rythme plus rapide que jamais auparavant », explique le directeur général de lOMC.
Mais lOMC na pas fait que des heureux. Surtout dans les vieux pays riches où le ressentiment contre la mondialisation na eu de cesse de progresser. Les mouvements populistes, aux États-Unis et en Europe, se sont nourris des exclus de la mondialisation.
Lorganisation censée, dès lorigine, réglementer le commerce des marchandises et des services, linvestissement, les droits de propriété intellectuelle, le développement durable et lenvironnement, entre autres, sest aussi heurtée à la réalité des égoïsmes nationaux. Le fossé entre les pays industrialisés et les pays en développement, en particulier sur les questions agricoles, a empêché toute avancée significative des négociations à Genève, au siège de lOrganisation. Résultat: aucun accord denvergure universelle na vu le jour en 25 ans.
Larrivée au pouvoir de Donald Trump constitue le dernier coup de canif à lesprit multilatéral en vigueur à lOMC où chaque pays membre dispose dune voix. En fustigeant une organisation internationale inique, selon lui, vis-à-vis de son pays, le président américain est parvenu à paralyser un peu plus le gendarme du commerce mondial.
Richard Hiault, « LOrganisation mondiale du commerce fête ses 25 ans en plein désarroi », Les Échos, 3 janvier 2020
Les organisations internationales face aux pays émergents
Ce sont surtout aujourd'hui les grandes institutions économiques et financières comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale qui sont les plus fragilisées par une profonde crise de légitimité du fait de leur profond discrédit. Les logiques ultra-libérales, promues dans les décennies 1980-2010, ont abouti à la crise financière de 2008, mais de nombreux Etats occidentaux qui en tiennent les rênes, en premier lieu les Etats-Unis, refusent de les réformer en profondeur et d'en partager le pouvoir. Face aux blocages de Washington et faute de pouvoir les transformer de l'intérieur, les grands pays émergents tout particulièrement la Chine - ont donc choisi de contourner les accords de Bretton Woods en se dotant de leurs propres institutions autonomes. Ainsi, le sommet d'Ufa des BRICS du printemps 2015 valide la création d'une Nouvelle Banque de développement. Surtout, au printemps 2015, la Chine fonde la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII) afin de torpiller en Asie le monopole acquis par la Banque asiatique de développement créée en 1966, dominée par les Etats-Unis et le Japon, dont le siège est à Manille et le président japonais. Malgré l'opposition de Washington, la BAII - dont le siège est à Pékin - a acquis un véritable statut international puisque 97 Etats y adhèrent.
L. Carroué, Géographie de la mondialisation, A. Colin, 2019