Les limites de la stratégie des corridors
En Amérique centrale, les corridors de développement suscitent de nombreux espoirs auprès des populations locales mais en réalité, ils ont soit pour rôle de relier, le plus rapidement possible, les 2 façades océaniques, soit de connecter des zones productives aux ports d'exportation ; ils ne profitent donc souvent qu’aux extrêmes portuaires. De plus, le modèle de financement associant les entreprises suscite de nouvelles inquiétudes : en Amérique centrale, la plupart des projets sont inachevés, soit en raison de la faillite de l'investisseur principal, soit du fait de la volatilité des investissements. Les organisations régionales présentent enfin les corridors comme un support d'intégration régionale visant à favoriser les échanges économiques au sein d'un marché efficace car intégré. La multiplication des projets vient contredire le discours. Chaque Etat met en avant son propre projet de corridor, souvent en concurrence avec les autres. L'Amérique centrale est ainsi au cœur d'une rivalité entre les investisseurs chinois (projet du creusement du grand canal de Nicaragua) et américains (Plan Panama).
N. Fau, « Les corridors de développement », Echogéo, septembre 2019