La frontière États-Unis/Mexique à Mexicali/Calexico
« Dans le cadre de l'ALENA, le Mexique est devenu avec la Chine puis le Canada un des principaux fournisseurs des États-Unis. Le terme même de Mexicali juxtapose les termes Mexique/Californie alors que celui de Calexico juxtapose les termes Californie/Mexico. Ce système de “villes-jumelles” (twin-cities) se développant de chaque côté de la frontière n'est pas propre à l'Amérique du Nord ; il est même assez général dans le monde (cf. Strasbourg/Kehl en Alsace sur le Rhin) du fait à la fois de la rupture introduite (arrêt aux postes frontaliers…) et des liens d'interaction existants entre les deux espaces.
Du côté des États-Unis, Calexico est une ville pionnière des marges frontalières portée par le développement agricole et les échanges frontaliers. Une très large partie de la population [40 000 habitants] est d'origine latino-américaine (97 %). C'est un des taux les plus élevés des États-Unis.
Du côté mexicain, Mexicali est peuplée d'1,1 million d'habitants. Le boom du coton des années 1950-1960 a fait place à une large réorientation des productions agricoles vers les légumes (asperges, brocolis, carottes, oignons, laitues, poivrons, tomates…). Une très large partie est exportée vers le marché étatsunien voisin.
Le long de l'axe qui coupe l'agglomération de Mexicali en deux jusqu'au poste frontière et vers le sud-est se trouvent les industries maquiladoras dont la présence est directement liée aux accords passés entre les États-Unis et le Mexique dans le cadre d'une division intra-continentale du travail. Ces activités importent sous douane, des États-Unis ou du monde entier, et sans droit des composants et des pièces détachées. Ceux-ci sont ensuite montés dans ces usines qui produisent donc des sous-ensembles ou des produits finis qui sont ensuite réexportés aux États-Unis. Au total, le rôle économique, industriel et social des industries maquiladoras est très important avec 66 500 salariés à Mexicali. La répartition des tâches entre les deux pays se concrétise par la construction d'usines-jumelles (twin-plants) à cheval sur la frontière, la partie étasunienne assurant les fonctions de gestion, de recherche/innovation et d'encadrement, la partie mexicaine les fonctions de productions banales. »
D'après L. Carroué, « La frontière États-Unis-Mexique à Mexicali/Calexico : mur, villes-jumelles, maquiladoras, cartels et drogue », CNES, 2019.