L'OMC, une instance de régulation fragilisée.
L'Organe de règlement des différends (ORD) constituait l'une des principales innovations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) lors de sa création en 1995. Mais ni l'OMC ni l'ORD n'ont un pouvoir de sanction et les experts de l'ORD ne peuvent qu"émettre un avis sur les dossiers, donnant alors la possibilité au pays qui a porté plainte d'imposer des sanctions à son partenaire commercial. Et cela a très souvent bien fonctionné. On peut ainsi rappeler la plainte déposée par le Brésil en 2005 contre les subventions accordées par les Etats-Unis à son industrie cotonnière et pour laquelle, en 2009, l'ORD l'autorisa à prendre des sanctions commerciales envers la première puissance mondiale. Depuis 1995, ce sont plus de 600 demandes de plaintes qui ont été déposées par des pays de tailles et de poids économiques très différents, l'un des principes clés de l'OMC étant l'égalité de ses membres.
C'est ainsi qu'en 2004, le Bangladesh demandait un avis à l'ORD à propos de mesures imposées par l'Inde qui freinait leurs ventes de batteries vers ce pays. En 2009, le Guatemala déposait une plainte contre la Chine, ou encore, en 2013, Antigua et Barbuda contre les Etats-Unis... Et c'est bien cela qui gêne les Etats-Unis très souvent mis en cause dans le cadre de l'ORD. Lors de la conférence annuelle de l'OMC à Buenos Aires en décembre 2017, le représentant au commerce américain a même annoncé que son pays allait refuser la nomination de nouveaux experts à l'ORD, bloquant de fait sa capacité à instruire les dossiers déposés.
S. Matelly, "L'OMC, invitée surprise de la guerre commerciale", Iris, 4 octobre 2019