2020, l'OMC a 25 ans
Rares sont les pays du monde qui n’appartiennent pas à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette dernière, qui célèbre cette année ses vingt-cinq ans d’existence, comprend 164 pays membres.
En un quart de siècle, la valeur en dollars, du commerce mondial a presque quadruplé. Son volume réel a été multiplié par 2,7, bien plus que la croissance du PIB mondial, qui a seulement doublé. Parallèlement, les droits de douane ont presque diminué de moitié, tombant à 6,4% en moyenne. Cette croissance du commerce a permis aux pays en développement de rattraper leur retard. « Ce n’est pas une coïncidence si les 25 dernières années ont vu la pauvreté reculer à un rythme plus rapide que jamais auparavant », explique le directeur général de l’OMC.
Mais l’OMC n’a pas fait que des heureux. Surtout dans les vieux pays riches où le ressentiment contre la mondialisation n’a eu de cesse de progresser. Les mouvements populistes, aux États-Unis et en Europe, se sont nourris des exclus de la mondialisation.
L’organisation censée, dès l’origine, réglementer le commerce des marchandises et des services, l’investissement, les droits de propriété intellectuelle, le développement durable et l’environnement, entre autres, s’est aussi heurtée à la réalité des égoïsmes nationaux. Le fossé entre les pays industrialisés et les pays en développement, en particulier sur les questions agricoles, a empêché toute avancée significative des négociations à Genève, au siège de l’Organisation. Résultat: aucun accord d’envergure universelle n’a vu le jour en 25 ans.
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump constitue le dernier coup de canif à l’esprit multilatéral en vigueur à l’OMC où chaque pays membre dispose d’une voix. En fustigeant une organisation internationale inique, selon lui, vis-à-vis de son pays, le président américain est parvenu à paralyser un peu plus le gendarme du commerce mondial.
Richard Hiault, « L’Organisation mondiale du commerce fête ses 25 ans en plein désarroi », Les Échos, 3 janvier 2020