1) Quelle est la position de Jefferson sur la traite négrière ? Pourquoi ce passage a-t-il été retiré de la version finale de la Déclaration d’indépendance ? (doc 1 )
2) Quelle est la situation de l’esclavage aux États-Unis en 1789 ?
3) Quelle est la condition des esclaves après l’indépendance américaine ?
4) Sur quels principes les abolitionnistes anglais et américains s’appuient-ils ? Comment cherchent-ils à sensibiliser le public à leur cause ? (docs 5 et 6)
5) Selon Jefferson, en quoi les Noirs sont-ils inférieurs aux blancs ? Pourquoi faut-il éviter les mélanges ? (doc 7)
Doc 1 : Jefferson et la traite négrière
Le roi d'Angleterre a conduit une guerre cruelle contre la nature humaine elle-même, violant ses droits les plus sacrés de vie et de liberté en emprisonnant et en asservissant dans un autre hémisphère des personnes issues d'un peuple lointain qui ne lui avait jamais fait de tort, quand il ne les a pas fait périr d'une mort misérable dans les vaisseaux qui les y transportaient (…). Déterminé à maintenir un marché où des hommes seraient achetés et vendus, il a abusé de son droit de veto afin de supprimer toute tentative, sur le plan législatif, visant à interdire ou à restreindre cet exécrable commerce (…). Il a maintenant entrepris de pousser ce même peuple à prendre les armes contre nous, et à acheter cette liberté dont lui-même l'a privé en assassinant le peuple auquel il l’a imposé. Ainsi, il prétend réparer d'anciens crimes commis contre les libertés d'un peuple par des crimes qui le pousse à en commettre contre la vie d'un autre.
Thomas Jefferson, paragraphe finalement retiré de la Déclaration d'indépendance, 1776
Doc 5 : Le modèle américain
Les Français Brissot et Clavière défendent l'action des Quakers, un groupe de chrétiens protestants très engagés dans la lutte contre l'esclavage en Angleterre et aux États-Unis, avant de fonder en 1788 à Paris le premier comité abolitionniste français, la Société des Amis des Noirs.
Oublierons-nous ici le plus beau trait dont s’honore l'esprit public dans les États-Unis ? L'affranchissement des Nègres. Cet affranchissement qui sera bientôt universel dans toute cette partie du monde est cependant l'ouvrage d'une secte, de ces Quakers, si injustement outragés par des esprits superficiels ou corrompus. Et pour le faire observer en passant, ce fait seul doit prouver l'ascendant prodigieux du zèle constant d'un individu vertueux sur sa nation, sur son siècle, sur le monde entier, lorsque son but est noble et généreux. Bénezet, ce Quaker distingué, cet apôtre de l'humanité, parcourt tous les États-Unis, prêchant partout pour la liberté des Nègres. Il convertit d'abord ses frères. Ses frères convertissent à leur tour toutes les autres sectes, tous les états. Ceux qui sont en arrière rougissent de leur barbarie et peut-être le jour n'est pas loin où tous les Européens, honteux de ce trafic scandaleux, l’abjureront. Voilà ce qu'on aura produit l'exemple d'un seul Américain !
Jacques-Pierre Brissot et Étienne Clavière, De la France et des États-Unis, Paris,1787
Doc 7 : L'esclavage et le racisme
Thomas Jefferson, un des rédacteurs de la Déclaration d'indépendance et 3ème Président des États-Unis (1801-1809), tient un discours raciste.
Outre les différences de couleur, de physionomie, de chevelures, il y a d'autres distinctions qui prouvent la différence raciale entre Noirs et Blancs (…). Si on compare leurs facultés de mémoire, de raison, et d'imagination, il m'apparait que, en ce qui concerne la mémoire, ils sont l’égal des Blancs ; en ce qui concerne la raison, ils sont bien inférieurs, et je pense qu'on ne pourrait en trouver un qui soit capable de tracer de comprendre les recherches d'Euclide ; en plus, sur le plan de l'imagination, ils sont ternes, sans goût, et anormaux (…). Cette malheureuse différence de couleur, et peut-être de faculté, est un obstacle puissant à l'émancipation de ces gens (…). Chez les Romains, l’esclave une fois libre, pouvait se mélanger au maître sans en souiller le sang. Mais dans notre cas, quand l'esclave sera libre, il faudra le repousser afin d'éviter tout risque de mélange.
Thomas Jefferson, Notes sur l’État de Virginie, 1785