1) Quels facteurs internes et externes peuvent expliquer la chute du mur de Berlin ?
2) Qui sont les principaux acteurs de la chute du mur ?La chute du mur et la fin de la guerre froide
Aucun d'entre nous n'oubliera jamais cette nuit du 9 au 10 novembre durant laquelle les Berlinois ont pu pour la première fois depuis 28 ans circuler à nouveau librement dans leur ville et se serrer dans les bras les uns les autres. L'ouverture de la porte de Brandebourg et la nuit du nouvel An ont montré au monde entier que les Berlinois sont une seule et même famille. Nous, Allemands, avons ressenti en même temps une vague générale de sympathie et d'émotion partagée lorsque les hommes à Berlin-Est et en RDA ont franchi murs et barbelés et que les Allemands célébraient leurs retrouvailles (…).
Mais ce changement ne se serait pas produit, et ne serait pas en tout cas allé si loin, s'il n'y avait pas eu 2 conditions décisives.
Premièrement, la solidité de l'Alliance atlantique au cours des dures épreuves des années 1980 et la réussite du développement de l'intégration économique et politique de la Communauté européenne (…).
Deuxièmement, la politique de réformes menées par le secrétaire général Gorbatchev [dirigeant de l’URSS] et surtout sa volonté de reconnaître aux Etats d'Europe centrale et d'Europe du Sud-Est le droit de choisir leur propre voie. Cette attitude peut avoir des causes multiples. Il n'empêche que, dans ses conséquences, ce pas clairvoyant et courageux permet au continent européen tout entier d'espérer enfin trouver la paix et la stabilité sur la base du droit et de la liberté, sans être plus longtemps menacé par la force et par une éventuelle ingérence. Si cette politique aboutit, elle constituera l’un des actes historiques de notre temps.
Discours de Helmut Kohl, chancelier de la RFA, à l'Institut français des relations internationales (Paris), le 17 janvier 1990
Un morceau du mur (…) est tombé cette nuit. Des milliers de Berlinois et d’Allemands de l'Est ont franchi aux premières heures du vendredi 10 novembre, les divers points de passage entre les 2 parties de la ville pour se rendre quelques heures à Berlin-Ouest, où leur arrivée a suscité une gigantesque fête dans le centre-ville et aux abords du mur (…).
La plupart des gens ne comprenaient pas encore très bien ce qui leur arrivait mais sans aucun doute ils voulaient être là pour ne pas rater ce moment d'histoire. Des badauds, venus par curiosité assister au remue-ménage, retournaient prestement chez eux chercher leur pièce d'identité pour se joindre aux autres. Les premiers à revenir encourageaient à les imiter ceux qui se demandaient encore ce que tout cela signifiait et s'il n'y avait pas de risque. Certains s'interrogeaient : Ne serait-il pas mieux de profiter de l'aubaine pour ne pas rentrer à l'Est ?
Quelques-uns étaient d'ailleurs bien décidés à ne pas le faire, comme ce couple avec un enfant, parti en catimini avec une petite valise à la main. Mais pour la plupart, c'était seulement l'occasion d'aller faire un petit tour « en face », d'accomplir un rêve, une obsession de toujours : l'interdit devenait palpable.
Henri de Bresson, « Nuit d'allégresse à Berlin », Le Monde, 11 novembre 1989La chute du mur vue par un des derniers dirigeants est-allemands
La situation était totalement irréelle. La direction du parti était obsédée par la préparation des festivités du 40e anniversaire de la RDA. On ne pensait qu’aux cérémonies et aux défilés, sans voir que cette autocélébration était une façon de fermer les yeux sur ce qui se passait dans la réalité. Des centaines de nos concitoyens quittaient le pays chaque jour pour aller en République fédérale et on faisait comme si de rien n'était.
[Le 8 novembre 1989] La réunion du Comité central du parti s'est terminée et j’ai rejoint ma résidence à pied comme si de rien n'était. C'est là qu'un jeune homme m’a interpellé sans savoir d'ailleurs qui j'étais, mais juste parce que je passais par-là, en me disant : « Monsieur, qu'est-ce que cette histoire de frontières ? Il paraît qu'elles viennent d'être ouvertes ? » (…). C'est là que j'ai vu les images de cette foule franchissant le mur. Vous pouvez imaginer dans quelle situation bizarre j'étais : premier ministre nommé mais pas investi, spectateur d'un événement absolument majeur, mais sans aucune prise sur le cours des choses.
D'après « Les souvenirs aigre doux de l’apparatchik Hans Modrow », Le Monde, 26 août 2019