L'impact du changement climatique sur les Alpes
Cette année encore, il fait trop chaud et trop sec dans les Alpes. Des températures parfois proches de zéro au sommet du mont Blanc (4 810 mètres), des 35°C à Chamonix (1 000 m) et des montagnes qui partent en miettes s'en retrouvent défigurées et sont de plus en plus dangereuses (...). La dégradation du permafrost, c'est l'autre traduction dramatique, moins connue que la fonte des glaciers, du réchauffement climatique sur les hauts sommets (...). Depuis plus d'une quinzaine d'années, le permafrost se réchauffe et déstabilise les parois, qui se décrochent. Parfois, un simple rocher tue des alpinistes chevronnés. D'autres fois, des pans entiers de montagne se détachent, arrachant tout sur leur passage (...).
Le plus grand paravalanche d'Europe, celui du glacier de Taconnaz, a été renforcé pour retenir 2,5 millions de mètres cube de glace et de roches (...). Il faut voir la tête dépitée des estivants qui débarquent (pour combien de temps encore?) a grands frais à la mer de Glace et cherchent en vain le glacier, dont le cadavre repose enseveli sous la caillasse grise et sale (...). David Autheman, guide de haute-montagne, n'ignore pas que c'est à l'échelle de la planète que l'Homme a perturbé le climat au point de faire s'écrouler les montagnes. Mais comme quelques uns à Chamonix, il ne peut s'empêcher de penser qu'ici, avec les 550 000 camions qui empruntent chaque année le tunnel du Mont-Blanc, la vallée de l'Arve aussi polluée que le périphérique parisien, le centre-ville de Chamonix envahi par les énormes 4x4 et la surexploitation des montagnes, rien n'a été fait pour arranger les choses.
"Dans les Alpes, le réchauffement climatique fait dévisser les montagnes", Le Monde, 24 août 2018