1) Identifiez et localisez à l’échelle du territoire français l’espace présenté dans votre corpus documentaire
2) Identifiez et définissez le milieu dominant présenté dans votre corpus documentaire.
3) Quels sont les atouts et les potentialités du territoire présenté ?
4) Quels aménagements ont été réalisés par l’homme pour valoriser ce territoire ?
5) Quels sont les risques et les contraintes qui pèsent sur ce territoire ?
6) Quelles mesures de protection ou de gestion ont été mise en œuvre pour préserver ce territoire ?
7) Quels sont les différents acteurs mobilisés dans la valorisation et la protection de ce territoire ?
Jusqu'au XIXe siècle, le fleuve offre l'avantage d'être un « chemin qui marche » : un couloir naturel permettant la circulation des hommes et des marchandises, soit en profitant du courant à la descente, soit par l'intermédiaire du halage à la remonte. Les activités et métiers liés à cet usage logistique du cours d'eau sont alors nombreux. Les mariniers (convoyeurs des chargements) en sont la figure de proue. A leurs côtés, d'autres métiers vivent de la navigabilité du fleuve (même si celle-ci peut s'avérer parfois aléatoire du fait du débit capricieux du cours d'eau, de ses courants parfois violents et de ses zones d'étiage) : cordiers, charpentiers, travailleurs des chantiers navals et des ports, flotteurs de bois, haleurs...
Le XIXe siècle marque cependant une profonde mutation de la navigation rhodanienne. Tout d'abord parce que, face à l'avènement de la vapeur, le règne de la batellerie traditionnelle prend fin (en 1829, le bateau à vapeur Le Pionnier réussit en 3 jours la remonte d'Arles à Lyon – soit 6 fois moins de temps qu'il n'en faut au halage). Ensuite, l'ouverture des lignes de chemin de fer dans la seconde moitié du XIXe siècle porte grandement atteinte au transport fluvial (ouverture de la ligne Lyon saint Etienne en 1832, inauguration de la ligne Paris-Lyon-Marseille en 1857...) : la rapidité et les coûts compétitifs du chemin de fer entraînent la fin de la batellerie traditionnelle d'abord pour la circulation de voyageurs. La vapeur, bien qu'essoufflée, perdure encore jusqu'aux années 1950, uniquement pour un transport de marchandises en régression. C'est pour sortir le transport fluvial de ce marasme que les premiers aménagements visant à corriger le cours du Rhône afin d'y rendre la navigation plus rectiligne et plus régulière (rectification des passages difficiles, aménagement d'un tirant d'eau régulier) sont mis en place. Ils s'achèvent en 1895 (aménagements « Girardon »).
En 1921, la loi d'aménagement du Rhône tente de relancer le transport fluvial. Elle se donne un triple objectif : mise en place d'aménagements permettant d'assurer une meilleure navigation, une irrigation indispensable au développement agricole des régions du sud et enfin la production d'électricité issue de la force motrice de l'eau. Ainsi, le nouveau port de Lyon (port Edouard Herriot) est inauguré en 1938. Par la suite, des écluses à grand gabarit sont construites afin de permettre le passage de bateaux de plus de 70 mètres de longueur, de Lyon à Marseille. Les effets de cette politique sont plutôt positifs. Avant l'ouverture de l'écluse de Donzère-Mondragon, en 1950, le trafic de marchandises sur le Rhône n'était que 500 000 tonnes. Il passe à 3.5 millions de tonnes en 1970 puis à 6.4 millions en 2007. En 1997, l'annonce de l'abandon du projet de canal Rhin-Rhône à grand gabarit a suscité quelques inquiétudes quant au développement du transport fluvial dans la région. Il est vrai que les chiffres restent modestes au regard d'autres voies fluviales européennes. Cependant ils témoignent d'une évolution globale à la hausse du trafic fluvial sur le Rhône, particulièrement notable dans la première décennie des années 2000. Celle-ci est encouragée par des préoccupations environnementales contemporaines de plus en plus fortes qui se sont affirmées, par exemple, lors du « Grenelle de l'environnement » (2007), visant au report d'une partie du trafic routier sur les fleuves. Elle est également le fruit d'actions lancées au niveau régional dans le cadre du « plan Rhône ». Ceci explique que le trafic de conteneurs soit en pleine expansion.
Aujourd'hui, la région compte 4 ports publics (Lyon Edouard Herriot, Villefranche, Vienne et Valence), un port privé (Solaize) et deux terminaux conteneurs multimodaux (à Lyon et Valence). Longtemps actif, le trafic fluvial régional sur la Loire a, quant à lui, quasiment disparu.
Source : fresques.ina.fr/rhone-alpes
La valeur du Rhône ne se limite pas aux bienfaits que les populations tirent de ses aménagements. Depuis la fin du XXe siècle, le cours d'eau est de plus en plus investi de valeurs culturelles et patrimoniales nouvelles. Cette redécouverte du fleuve est liée à de multiples prises de conscience : constat du fait que bon nombre d'aménagements se sont révélés préjudiciables à l'environnement (que ce soit en matière de paysage, de protection des espèces végétales et animales ou de qualité écologique des milieux aquatiques) et qu'il n'a pas pour vocation de servir de déversoir aux eaux usées, urbaines ou industrielles ; constat d'une coupure physique de plus en plus forte avec le cours d'eau (...), constat de la perte de mémoires autour d'activités liées à l'exploitation économique du fleuve et qui ont progressivement disparu...
La montée en puissance des préoccupations écologiques et l'émergence de nouvelles valeurs liées au Rhône (notamment autour des loisirs ou du souci de la beauté paysagère) concourent à faire de ce « fleuve-patrimoine » un vecteur nouveau de développement économique, social et culturel. Le cours d'eau est en effet devenu l'incarnation d'un patrimoine naturel en danger et, partant, à protéger : opérations de réhabilitation des lônes (bras morts du fleuve, participant à l'écoulement des eaux en crue et favorables à la biodiversité), protection des forêts alluviales, protection des îlots de nature au sein du lit du fleuve... Mais il est aussi porteur d'un patrimoine culturel lié à la persistance d'aménagements anciens (...). Ce double patrimoine est porteur d'un nouveau rapport au cours d'eau fait de nouvelles fréquentations : multiplications des sentiers de découverte,(...), centres d'observation de la nature, pratiques sportives (...) et de baignade (à l'exemple du Grand Parc de Miribel-Jonage), développement de la croisière de plaisance (le port de l'Epervière à Valence est le plus grand port fluvial de ce type)...
Dans cet ordre d'esprit, de nombreuses communes ont mis en place des opérations de réappropriation des rives. C'est le cas à Lyon où , depuis 2007, une voie verte de 5 km a été créée le long des berges de la rive gauche du Rhône en plein centre-ville.
Source : fresques-ina.fr/rhône-alpes