Sujet : montrez que les procès contre les criminels nazis après Nuremberg (1946) poursuivent un
objectif judiciaire, historique et mémoriel. Votre travail devra comporter une introduction, un développement et une conclusion.
Au brouillon, vous compléterez le tableau qui vous servira de coup de pouce.
Biographie :
Chef de la milice de Lyon, condamné à mort pendant l’épuration, il réussit à prendre la fuite. Dans les années 1970, des victimes déposent plainte contre lui pour crimes contre l’humanité. Malgré l’aide de filières catholiques intégristes, il est arrêté en 1989. Après avoir bénéficié d’un non-lieu, il est rejugé en 1994 sur de nouvelles preuves, et condamné à la prison à vie.
Le chef de la Milice de Lyon, Paul Touvier est condamné à mort par contumace après la guerre. Le président Georges Pompidou le gracie partiellement en 1971. Face aux vives réactions suscitées par sa grâce, Georges Pompidou répond aux journalistes au cours d’une conférence de presse.
Notre pays, depuis un peu plus de trente ans, a été de drame national en drame national. Ce fut la guerre la défaite et ses humiliations ; l’Occupation et ses horreurs ; la Libération, par contrecoup, l’épuration et ses excès, reconnaissons-le ; et puis l’affreux conflit d’Algérie et ses horreurs des deux côtés ; et l’exode d’un million de Français chassés par leurs foyers ; et du coup l’OAS et ses attentats, et ses violences, et par contrecoup la répression.
Alors, ayant été, figurez-vous, dénoncé par des gens de Vichy à la police allemande, ayant échappé deux fois à un attentat de l’OAS, tentative d’attentat-une fois aux côtés du général de Gaulle et l’autre fois à moi destiné-je me sens le droit de dire allons-nous éternellement entretenir saignantes les plaies de nos désaccords nationaux ? Le montant n’est-il pas venu de jeter le voile, d’oublier ces temps où les Français ne s’aimaient pas, s’entre-déchiraient et même s’entre-tuaient ?
Georges Pompidou, conférence de Presse, 21 septembre 1972.
Le long combat mené sur le plan international contre l’impunité marque le progrès le plus significatif de la justice de notre époque […].
Lors du procès qui suivirent la Libération, la persécution des juifs pendant l’Occupation fut évoquée et parfois débattue […]. Mais, dans le climat politique et moral de l’après-guerre, l’on s’attachait essentiellement aux crimes comme les résistants et à la collaboration politique avec le IIIe Reich. […]
Le travail des historiens, la volonté et la persévérance des victimes et de leurs avocats, l’émergence d’une sensibilité nouvelle dans les jeunes générations anxieuses de connaitre la vérité et de voir régner la justice plutôt que l’oubli, entrainèrent une succession de poursuites et de procès qui mobilisèrent l’opinion publique. Tous avaient en commun une même problématique : comment instruire et juger des crimes qui s’inscrivaient dans un passé déjà lointain ? la difficulté de juger était encore accrue par le fait que l’Allemagne nazie était considérée comme seule responsable de la persécution et du génocide des Juifs en Europe, et notamment en France pendant l’Occupation. Dès lors, dans sa difficile quête de vérité la démarche de la justice devait inévitablement rencontrer celle des historiens et s’appuyer sur leurs travaux. […]
Le juge est à la recherche, non de temps perdu, mais du temps retrouvé, ou plutôt reconstitué à travers mille obstacles : témoins disparus, documents altérés ou manquants, mémoires défaillantes ou reconstruites. Dans cette quête-là-si cruelle, mais si nécessaires pour les victimes […] la justice engage sa crédibilité et le juge sa responsabilité. Et l’historien se révèle l’auxiliaire indispensable du magistrat. Non que l’historien veuille se substituer à lui pour émettre une sorte de préjugement sur des culpabilités éventuelles qui ne relèvent pas de sa démarche scientifique. Mais son concours est nécessaire au juge pour connaitre et comprendre ce que fut ce passé dans lequel s’inscrivent les faits et les êtres qu’il doit juger.
Robert Badinter, Barbie, Touvier, Papon, Autrement, 2002.