1830-1848 L'Europe des révolutions
Travail préparatoire : Répondez aux questions suivantes :
1) Quelle est la situation politique du peuple étudié avant la poussée révolutionnaire?
2) Dans quel contexte s'inscrivent les événements?
3) Quelles sont les revendications du peuple ?
4) Quels sont les acteurs et les formes que prennent les événements ?
5) Quelles avancées sont acquises grâce à la poussée révolutionnaire ?
6) Quelle est la réaction des autorités face à cette poussée révolutionnaire?
Tâche finale : A partir de votre travail préparatoire, vous rédigerez en groupe un texte structuré dans lequel vous présenterez les causes, les formes et les conséquences de l'épisode révolutionnaire étudié.
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Carte de l'Europe à la veille du Printemps des peuples de 1848
 

RÉVOLUTION À VIENNE

Le 13 mars 1848, une manifestation à Vienne, rassemblant ouvriers et étudiants, dégénère en un soulèvement général prenant pour cible Metternich, contraint de fuir précipitamment. Le principe monarchique en la personne de l’empereur Ferdinand Ier resté populaire n’est pas encore en cause et c’est vers lui que l’on se tourne, à Vienne comme à Budapest (insurgée deux jours plus tard).

Les libéraux viennois trouvent au sein du gouvernement un interlocuteur réceptif, le ministre de la Justice, Alexandre Bach, lequel lassé de l’immobilisme et des excès du pouvoir impérial s’était déjà fait le porte-parole des réformateurs.

C’est sans résistance que Ferdinand Ier, sur les conseils de Bach, souscrit aux exigences des libéraux, d’une Constitution de type fédéral basée sur la reconnaissance des nationalités et une large décentralisation.

Une chose est de définir des principes et des orientations riches de perspectives, une autre, de faire face à tous les mécontentements, lenteurs et résistances de toutes sortes à leur mise en œuvre, surtout dans les rangs de la noblesse et de la bureaucratie allemande appelées à perdre, la première ses prérogatives, la seconde sa suprématie dans l’Empire.

Par surcroît, une foule de problèmes surgissent, ayant peu de rapports avec les libertés nationales, à Vienne, à Budapest ou ailleurs, les questions soulevées restant le plus souvent sans réponses. Ainsi, loin d’apaiser les esprits, les réformes constitutionnelles qui tardent à se concrétiser les échauffent.

Au cours du printemps 1848, la confusion s’étend un peu partout dans l’Empire, des émeutes éclatent en juin à Vienne et à Prague, mettant le comble à l’inquiétude de la cour et du gouvernement qui se voit débordé.

En butte aux critiques des milieux conservateurs qui lui reprochent d’avoir trop accordé et trop vite, Bach suspend toutes les réformes, donnant priorité au rétablissement de l’ordre. Pour plus de sûreté, la cour gagne Innsbruck restée à l’abri des troubles, tandis que les forces autrichiennes se regroupent et se réorganisent sous la conduite énergique du feld-maréchal prince Windischgrätz, impatient d’intervenir. Prague la première va faire la cruelle expérience de ce raidissement.

Joseph Heicke, Barricade à Vienne, 26-27 mai 1848, 1848.
 
La fuite de Metternich (mars 1848), Caricature, gravure sur bois, anonyme
Le 13 mars 1848, la révolution éclate à Vienne. Après plus de 30 ans de pouvoir, Metternich doit fuir, caché dans une corbeille à linge. Il rejoint sous un faux nom l'Angleterre puis la Belgique. Il ne revient en Autriche qu'en 1851.
 
L'émeute du 6 octobre 1848
Le 6 octobre 1848, alors que les troupes impériales s'apprêtent à quitter Vienne pour réprimer la Révolution hongroise, une foule de sympathisants de la cause hongroise composée d'ouvriers, d'étudiants et de soldats mutinés tente d'empêcher leur départ. Alors que les émeutes de mars avaient été le fait de bourgeois libéraux, les événements d'octobre sont plutôt le fait d'ouvriers. Cet incident dégénère en combats de rue d'une grande violence : l'Arsenal est pillé ; le sang est versé jusque dans la cathédrale Saint-Étienne et le ministre de la Guerre, le comte Theodor Baillet von Latour, est lynché par la populace. Son cadavre mutilé reste plusieurs heures pendu à un réverbère
Combat sur le pont Taborbrücke à Leopoldstadt le 6 octobre 1848 – Bonaventura Emler (1831-1862) – Combats entre la Garde nationale et les étudiants d'une part, et le régiment Nassau de l'autre.
 
A Vienne, l'ordre de la répression
En vertu de ces devoirs, je me vois forcé, bien que mon cœur saigne, de résister les armes à la main à la révolte qui lève insolemment la tête dans ma capitale et partout ailleurs et de la combattre jusqu'à ce qu'elle ait été vaincue, que l'ordre, la tranquillité et la légalité aient été rétablis (...). Pour atteindre ce but, j'envoie des diverses parties de la monarchie des forces contre Vienne, siège de l'insurrection, et je confie à mon feld-maréchal le commandement de toutes mes troupes. En même temps, je l'investis des pleins pouvoirs pour qu'il puisse achever le plus promptement qu'il sera possible, suivant mes idées, l'oeuvre de paix dans mon empire.
Manifeste publié par l'empereur d'Autriche, Ferdinand VII, octobre 1848
1848, une révolution manquée ?
L'Europe a été ébranlée dans ses derniers fondements. Vingt révolutions ont eu lieu. La France a brisé la monarchie bourgeoise. L'Allemagne a vu dix foyers d'insurrections ouverts à la fois sur son sol. Vienne a rugi des colères du peuple, l'empereur a fui, le pape a fui. Le drapeau qui porte écrit "Droit, Liberté, indépendance" a flotté, et tout cela est tombé. Pourquoi donc la réaction (1) triomphe-t-elle aujourd'hui? La cause est en nous, dans notre manque d'organisation (...), dans l'éparpillement de nos forces en une multitude de petits foyers, de groupes, de sectes, de coteries puissantes à dissoudre, impuissantes à fonder.
Giuseppe Mazzini, Foi et avenir, Bureaux du Nouveau Monde, 1850
(1) La répression menée par les conservateurs
Carte de l'Europe à la veille du Printemps des peuples de 1848