Le 13 mars 1848, une manifestation à Vienne, rassemblant ouvriers et étudiants, dégénère en un soulèvement général prenant pour cible Metternich, contraint de fuir précipitamment. Le principe monarchique en la personne de l’empereur Ferdinand Ier resté populaire n’est pas encore en cause et c’est vers lui que l’on se tourne, à Vienne comme à Budapest (insurgée deux jours plus tard).
Les libéraux viennois trouvent au sein du gouvernement un interlocuteur réceptif, le ministre de la Justice, Alexandre Bach, lequel lassé de l’immobilisme et des excès du pouvoir impérial s’était déjà fait le porte-parole des réformateurs.
C’est sans résistance que Ferdinand Ier, sur les conseils de Bach, souscrit aux exigences des libéraux, d’une Constitution de type fédéral basée sur la reconnaissance des nationalités et une large décentralisation.
Une chose est de définir des principes et des orientations riches de perspectives, une autre, de faire face à tous les mécontentements, lenteurs et résistances de toutes sortes à leur mise en œuvre, surtout dans les rangs de la noblesse et de la bureaucratie allemande appelées à perdre, la première ses prérogatives, la seconde sa suprématie dans l’Empire.
Par surcroît, une foule de problèmes surgissent, ayant peu de rapports avec les libertés nationales, à Vienne, à Budapest ou ailleurs, les questions soulevées restant le plus souvent sans réponses. Ainsi, loin d’apaiser les esprits, les réformes constitutionnelles qui tardent à se concrétiser les échauffent.
Au cours du printemps 1848, la confusion s’étend un peu partout dans l’Empire, des émeutes éclatent en juin à Vienne et à Prague, mettant le comble à l’inquiétude de la cour et du gouvernement qui se voit débordé.
En butte aux critiques des milieux conservateurs qui lui reprochent d’avoir trop accordé et trop vite, Bach suspend toutes les réformes, donnant priorité au rétablissement de l’ordre. Pour plus de sûreté, la cour gagne Innsbruck restée à l’abri des troubles, tandis que les forces autrichiennes se regroupent et se réorganisent sous la conduite énergique du feld-maréchal prince Windischgrätz, impatient d’intervenir. Prague la première va faire la cruelle expérience de ce raidissement.
Giuseppe Mazzini, Foi et avenir, Bureaux du Nouveau Monde, 1850