1830-1848 L'Europe des révolutions
Travail préparatoire : Répondez aux questions suivantes :
1) Quelle est la situation politique du peuple étudié avant la poussée révolutionnaire?
2) Dans quel contexte s'inscrivent les événements?
3) Quelles sont les revendications du peuple ?
4) Quels sont les acteurs et les formes que prennent les événements ?
5) Quelles avancées sont acquises grâce à la poussée révolutionnaire ?
6) Quelle est la réaction des autorités face à cette poussée révolutionnaire?
Tâche finale : A partir de votre travail préparatoire, vous rédigerez en groupe un texte structuré dans lequel vous présenterez les causes, les formes et les conséquences de l'épisode révolutionnaire étudié.
Le travail est à déposer ou à réaliser directement sur l'application "mur collaboratif" située juste en dessous de ce fichier (il vous suffit de cliquer sur le + situé en-dessous de la colonne correspondant à votre sujet d'étude).
Carte de l'Europe à la veille du Printemps des peuples de 1848
 
Le témoignage d'un jeune allemand
A 19 ans, l'étudiant allemand de catégorie sociale modeste, Carl Schurz (1829-1906) participe aux événements de 1848.
Un matin vers la fin de février 1848, j'étais assis paisiblement dans le grenier qui me servait de chambre (...) quand soudain un ami se précipita hors d'haleine dans ma chambre et s'exclama : "Les Français ont renversé Louis-Philippe et proclamé la République!" (...).
Bientôt, le mot "démocratie" fut dans toutes les bouches, et beaucoup pensaient que si les princes refusaient d'accorder au peuple ses droits, les simples requêtes céderaient le pas à la force même si, bien sûr, chacun espérait que la régénération de la patrie s'accomplisse pacifiquement (...). Comme beaucoup de mes amis, j'étais dominé par le sentiment qu'enfin était arrivé le moment de donner au peuple allemand la liberté qui était son droit naturel et à la patrie allemande son unité et sa grandeur (...).
De grandes nouvelles arrivèrent de Vienne. Là-bas, les étudiants de l'université avaient été les premiers à défier l'empereur d'Autriche en réclamant la liberté et des droits pour le citoyen. Le sang avait coulé dans les rues et la chute de Metternich en avait été le résultat. Les étudiants en armes avaient formé une garde de la liberté. Les grandes villes de Prusse étaient également touchées par ce formidable mouvement. Cologne, Coblence et Trèves, mais aussi Breslau, Königsberg et Francfort-sur-l'Oder avaient envoyé des députations à Berlin pour porter leurs revendications au roi. Dans la capitale prussienne, les masses avaient envahi les rues, et chacun espérait des événements d'une grande importance.
Carl Schurz, Réminiscences, 1906-1908
Le Printemps des peuples à Berlin
Anonyme, Combats de barricades sur Alexanderplatz, 1848, lithographie au crayon, Kunstbibliothek, Berlin
 
Le roi de Prusse s'engage à réaliser l'unité allemande
Dès mars 1848, les libéraux allemands contraignent les souverains à accorder des constitutions, y compris en Prusse.
A mon peuple et à la nation allemande (...).
A l'intérieur, l'Allemagne est en effervescence, et à l'extérieur elle peut être menacée de plus d'un côté. Seule la plus intime union des princes allemands et du peuple sous un seul chef peut permettre de trouver le salut et d'échapper à ces deux dangers oppressants.
Je me charge aujourd'hui d'être ce chef, en ces jours de péril (...). A partir de ce jour, la Prusse fusionne avec l'Allemagne. La Diète prussienne, qui avait été convoquée pour le 2 avril, conjointement avec mon peuple, est l'organe légale et l'instrument tout prêt à délivrer et à pacifier l'Allemagne (...).
Une unité interne aussi grande ne pourra être réalisée et fermement établie que si un véritable ordre constitutionnel est généralement introduit, avec des ministres responsables dans tous les Etats, des procédures judiciaires publiques et orales, avec des tribunaux pour les causes criminelles, des droits civils et politiques égaux pour toutes les dénominations religieuses, une administration véritablement populaire et libérale.
Frédéric-Guillaume IV, Proclamation du 21 mars 1848
Le Parlement de Francfort
Anonyme, The Frankfurt Parliament in Frankfurt's Paulskirche in 1848/49, 1849
Le 18 mai 1848, première réunion d'une Assemblée nationale allemande librement élue à Francfort et ouverture des débats pour faire l'unité de l'Allemagne et la doter d'une Constitution
 
Le refus du roi de Prusse d'une couronne populaire
A partir de mai 1848, à Francfort, se réunit un Parlement élu au suffrage universel par tous les Allemands. Surmontant ses divisions entre partisans de la Grande Allemagne (incluant l'Autriche et les territoires non germaniques qui lui appartiennent) et la Petite Allemagne (excluant l'Autriche et les peuples non allemands), le Parlement de Francfort adopte une Constitution (mars 1849) qui adopte un Etat fédéral et offre la couronne au roi de Prusse, mais celui-ci la refuse aussitôt

Mais, mon très cher ami, toute la difficulté gît précisément là : je ne veux ni l'assentiment des princes à ce choix, ni cette couronne impériale (...)
D'abord cette couronne n'est pas une couronne. La couronne que pourrait prendre un Hohenzollern, si les circonstances permettaient que cela fut possible, ce n'est pas, même avec l'assentiment des princes, une couronne fabriquée par une assemblée d'un germe révolutionnaire, une couronne dans le genre de la couronne des "pavés de Louis-Philippe" ; c'est la couronne qui porte l'empreinte de Dieu, la couronne qui fait souverain par la grâce de Dieu celui qui la reçoit avec le saint-chrême (1).
Celle-là au contraire, celle dont vous vous occupez (...) pour votre malheur, elle est déshonorée surabondamment par l'odeur de charogne que lui donne la révolution de 1848, la plus niaise, la plus sotte, la plus stupide, et non pas cependant, Dieu soit loué, la plus criminelle des révolutions de ce siècle. Quoi, cet oripeau, ce bric-à-brac de couronne pétri de glaise et de fange, on voudrait la faire accepter à un roi légitime, bien plus, à un roi de Prusse qui a eu cette bénédiction de porter, non pas la plus ancienne, mais la plus noble des couronnes royales, celle qui n'a été volée à personne ?
Frédéric-Guillaume IV, Correspondance, lettre à son ambassadeur à Londres, 1849

(1) Huile bénite pour les consécrations et l'administration de certains sacrements.

L’écrasement des révolutions.

« Les révolutionnaires modérés, qui s’étaient flattés de pouvoir amener paisiblement, par des raisonnements et par des décrets, les peuples et les princes de l’Allemagne à se soumettre à un gouvernement unitaire, ayant échoué et se retirant découragés de l’arène, laissaient la place aux révolutionnaires violents, qui aveint toujours assuré que l’Allemagne ne pouvait être conduite à l’unité que par la ruine complète de tous ses anciens gouvernements et l’abolition entière du vieil ordre social. Aux discussions parlementaires succédaient de toutes parts des émeutes. (…)

Les Prussiens venaient de réprimer, les armes à la main, l’insurrection de la Saxe ; ils entraient dans le Palatinat, offraient leur intervention au Wurtemberg et allaient envahir le grand-duché de Bade, occupant ainsi par leurs soldats ou leur influence presque toute l’Allemagne.

L’Autriche était sortie de la crise terrible qui avait menacé son existence, mais elle était encore en grand travail. Ses armées victorieuses en Italie étaient battues en Hongrie. Désespérant de venir seule à bout de ses sujets, elle avait appelé la Russie à son aide et le tsar, par un manifeste du 13 mai, venait d’annoncer à l’Europe qu’il marchait contre les Hongrois. »

Alexis de Tocqueville, Souvenirs, 1893

Les insurgés de Rastatt déposent les armes
Karlsruhe, Badisches, Landesmuseum
Après trois semaines de siège, le 23 juillet 1849, 5 600 révolutionnaires badois se rendent aux Prussiens