Vive la Belgique !
Belges ! Nos compatriotes, nos amis, nos frères !
Il est des époques où l'indépendance et l'honneur d'une nation, menacée par les intrigues du dedans et du dehors, ne peuvent être sauvés que par une haute manifestation de la volonté générale. Ce moment est venu pour les Belges. Serrons-nous autour du drapeau de Septembre. La patrie sera sauvée par l'union de ses enfants. (...)
Avec un chef imposé ou seulement indiqué par l'étranger, notre indépendance ne serait qu'une chimère, et notre révolution que du temps et du sang perdus. Soyons Belges et terminons la révolution comme nous l'avons commencée, par nous-mêmes. Mais avant tout, soyons prêts à la guerre (...). Les Polonais, comprimés entre trois Etats (1) dont la politique combinée tend à l'asservissement de cette héroïque nation, repoussent les hordes innombrables et aguerries de l'autocrate (2). Nous, c'est seulement au roi de Hollande et à un peuple fatigué du joug que nous avons à faire (...). Les différents intérêts qui divisent les puissances dont nous sommes entourés sont une sûre garantie de l'indépendance que nous saurons vouloir. Les soldats de l'Autriche et de la Prusse pourraient concourir à étouffer la liberté à Varsovie ; jamais les grands peuples de la France et de l'Angleterre ne prêteront leur appui aux prétentions du despote hollandais (...). Belges, ne comptons que sur nous seuls ; la liberté se prend et ne se demande pas.
Obéissance à la Constitution ! Respect à la propriété, à l'ordre public !
Vive la Belgique ! Vive la liberté ! Vive l'indépendance !
Manifeste de l'Association nationale belge, 28 mars 1831
(1) La Russie, la Prusse, l'Autriche
(2) Référence au tsar de Russie, Alexandre Ier