Un nettoyage ethnique au Kosovo en 1999
Les chiffres sont sujets à caution mais les témoignages se recoupent. Slobodan Milosevic est en train de réaliser l’objectif des dirigeants serbes les plus nationalistes et les plus extrémistes à travers l’histoire : chasser les Albanais du Kosovo. [...] Les forces serbes procèdent toujours de la même façon. En quatre étapes. D’abord, elles encerclent ou pilonnent un village ou un faubourg, pour chasser les habitants et les regrouper dans un endroit où ils peuvent être facilement surveillés, puis elles liquident les porte‑parole de la communauté, les élus, prêtres, médecins ou enseignants. Elles séparent les femmes, les enfants et les vieillards des hommes valides et, souvent, elles exécutent ceux qui sont en âge de se battre. Enfin, les maisons abandonnées sont pillées et détruites par un obus de char ou incendiées. [...] Ce qui frappe le plus dans la tragédie du Kosovo, c’est le caractère systématique, calculé, froid, de la politique mise en œuvre. Quoi qu’en dise Belgrade, l’épuration ethnique n’est pas liée aux frappes de l’OTAN. Elle avait été préparée bien avant et avait reçu un commencement d’exécution à l’automne 1998 : 300 000 Kosovars avaient été chassés de leur foyer.
Daniel Vernet, « Ce crime au cœur de l’Europe », Le Monde, 22 avril 1999.