Exposition 1 :
Les années 90 : l'espoir d'un nouvel ordre mondial ?
THEME 3 :
LA GOUVERNANCE MONDIALE DANS UN MONDE MULTIPOLAIRE

Chapitre 7 :
Nouveaux rapports de puissance et enjeux mondiaux
Les Accords d'Oslo, un espoir de paix entre Israël et la Palestine
Au début des années 1990, la modification de la situation géopolitique mondiale donne l'espoir de relancer le processus de paix au Proche-Orient. Les accords d'Oslo sont signés en 1993, sous la tutelle du président américain Bill Clinton.
Le gouvernement de l'Etat d'Israël et l'équipe de l'OLP(1) (...) représentant le peuple palestinien, sont convens qu'il est temps de mettre fin à des décennies d'affrontement et de conflit, de reconnaitre leurs droits légitimes et politiques mutuels, et de s'efforcer de vivre dans un climat de coexistence pacifique, de respect et de sécurité mutuelles, afin de parvenir à un réglement de paix juste, durable et global ainsi qu'à une réconciliation historique par le biais du processus politique convenu (...).
Art. 1 : Les négociations israélo-palestinienes (...) ont pour objet notamment d'établir une autorité palestinienne intérimaire autonome, le Conseil élu, pour les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza, pour une période transitoire n'excédant pas 5 ans, en vue d'un réglement permanent fondé sur les résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de sécurité (...).
Art. 3 : Afin que les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza puissent se gouverner eux-mêmes selon des principes démocratiques, des élections politiques générales, libres et directes seront organisées pour le Conseil (...) tandis que la police palestinienne assurera l'ordre public.
Art. 5 : La période de transition de 5 ans commencera avec le retrait de la bande de Gaza et de la région de Jericho (...)
Art. 6 : Immédiatement après l'entrée en vigueur de la présente Déclaration de principes et le retrait de la bande de Gaza et de la région de Jéricho (...) la compétence sera transférée aux Palestiniens dans les domaines suivants : éducation et culture, santé et protection sociale, impôts directs et tourisme. La partie palestinienne commencera à constituer une force de police palestinienne, comme convenu.
Art. 14 : Israël se retirera de la bande de Gaza et de la région de Jéricho, selon les modalités prévues dans le protocole.
Extraits des accords d'Oslo, 1993
(1) OLP : Organisation de Libération de la Palestine : organisation fondée en 1964, elle est, jusque dans les années 1990, le principal vras armé (terrorisme) et canal politique du mouvement palestinien
Dessin de Jacques Faizant paru dans Le Figaro, 13 septembre 1993
 
La poignée de main Rabin-Arafat : la photo d'un espoir balayé par l'Histoire
Ces photos mythiques qui ont marqué l'histoire – Aujourd'hui, la poignée de main historique entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat.
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Les accords d’Oslo de l’espoir à l’échec
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L'intifada palestinienne
Manifestant palestinien sautant par-dessus une barricade, photographie d'Allan Tanenbaum, Naplouse, 1988.

De 1987 à 1991 puis de 2000 à 2004 se déroulent en Cisjordanie et à Gaza deux « guerres des pierres » palestiniennes
 
La difficile réconciliation israélo-palestinienne
Caricature de Chappatte, parue dans Le Temps, 1993
 
Les accords d'Oslo dans leur contexte historique
[En 1987, l'insurrection de ] l'Intifada consiste pour les jeunes Palestiniens à harceler quotidiennement les troupes d'occupation israéliennes, à coups de pierre (...). Elle fait l'objet d'une répression meurtrière (fin 1988 : 340 morts, 7 000 blessés, 26 000 arrestations). Mais parallèlement, l'OLP, qui bénéficie auprès de l'opinion internationale de l'impact des images de l'Intifada et qui tire les bénéfices politiques de sa reconnaissance d'Israël (1988), devient un partenaire incontournable (...) pour la résolution du conflit : les Etats-Unis sont prêts à dialoguer avec l'OLP à condition que celle-ci renonce au terrorisme. De son côté, l'OLP doit compter avec les mouvements islamistes (Hamas) qui visent la destruction de l'Etat d'Israël (...). Il faut le bouleversement es équilibres mondiaux [l'effondrement de l'Urss] pour que, après la première guerre du Golfe et une fois l'hégémonie mondiale des Etats-Unis établie, un nouveau tournant soit pris (...). [En Israël], l'arrivée du leader travailliste, Yitzhak Rabin au pouvoir (1992) débloque la situation : le financement de la colonisation des Territoires est réduit, la loi interdisant aux Israéliens d'entrer en contact avec l'OLP est abrogée.
Alexandre Defay, Géopolitique du Proche-Orient, 2016
Israël et les territoires palestiniens après les accords d'Oslo
 

L'espoir d'une paix entre Israéliens et Palestiniens

Le 13 septembre 1993, Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, et Yasser Arafat, chef de l'Autorité palestinienne, se serrent la main en présence de Bill Clinton, président des États-Unis

Le Proche-Orient a également bénéficié de la révolution de 1989-1991. La chute de l'URSS a considérablement renforcé la position d'Israël, en réduisant la marge de manœuvre de ses adversaires. La guerre du Golfe a mis l’Irak hors-jeu, au moins pour un certain temps, et isolé l'OLP. La majorité des Palestiniens aspirent à la paix. De leur côté, les Israéliens, rassurés, peuvent se lancer dans un ambitieux processus de paix. La Déclaration de principe israélo-palestinienne du 13 septembre 1993 est la première et spectaculaire conséquence de la nouvelle situation (1). La poignée de main échangée par Rabin et Arafat ce jour-là Washington est la suite logique de la visite historique, et d'ailleurs autrement plus émouvante, d’Anouar El-Sadate à Jérusalem, le 19 novembre 1977. Il aura fallu 15 années entre les 2 événements et le basculement de tout le système international. La voie de la réconciliation est semée d'embûches, mais elle est tracée. Le texte de 1993 est ouvert. Il comprend en germe la future entité nationale palestinienne. Malgré le drame d’Hébron (2), le 25 février 1994, l'accord Gaza-Jéricho a été conclu le 4 mai. Certes, ni le radicalisme palestinien ni les colons extrémistes n'ont dit leur dernier mot. Les questions les plus sensibles restent encore à négocier : le problème des réfugiés, Jérusalem, le statut final de l'entité nationale palestinienne. Mais la tendance paraît d'autant plus forte que, dans ce cas au moins, la volonté américaine de s'y investir est affirmée.

Thierry de Montbrial, Ramsès 95, synthèse annuelle de l'actualité mondiale

(1) Israël reconnaît l'existence d'une autorité palestinienne sur une partie des territoires occupés

(2) Un colon israélien tire sur des Palestiniens priant à la mosquée tuant 29 personnes et en blessant 150 autres avant d'être battu à mort
L'assassinat de Yitshak Rabin (1995)
Le jeune homme s'est élancé de la 7ème marche de l'escalier. Il a fendu la foule et, au moment où Yitshak Rabin montait dans sa voiture, il a tiré 3 fois (...). Alentour, les quelques 100 000 personnes qui venaient de participer au plus grand rassemblement pour la paix de la décennie s'égaillaient tranquillement, ignorants du drame (...).
Yitshak Rabin a été transporté à l'hôpital Ichilov dans un état "préoccupant". Là, les Israéliens s'attroupent déjà par centaines, le visage anxieux, l'oreille collée au transistor, à l'affût de nouvelles (...). Un porte-parole, la mine basse, vient annoncer qu'il est mort. Hurlements et sabglots traversent la foule comme une vague. "Ce ne sont pas les Arabes qui ont fait ça, c'est la droite israélienne, ce sont les juifs religieux avec leurs paroles de haine !" s'écrie David Marciano, un vieux monsieur les yeux rougis de larmes.
Philippe Gélie, " Yitshak Rabin, assassiné par en 1995 par un extrêmiste juif sur "l'ordre de Dieu"", Le Figaro, 6 novembre 1995
Les colonies juives de territoires occupés
Depuis 8 ans, Youssef, son épouse Muriel et leurs enfants vivent à Goush Katif, la plus grande des colonies juives de la bande de Gaza, territoire de la Palestine autonome (...). Les colons juifs vivent ici en état de siège. Le 20 novembre, une bombe a explosé au passage d'un bus de ramassage scolaire. 2 personnes ont été tuées et 9 autres ont été griévement blessées. Certaines des victimes étaient des enfants et plusieurs ont dû être amputées. Depuis, affirme Muriel, on vit dans la peur.
Quand on leur demande, si un jour, ils ne risquent pas d'être sacrifiés par leur propre gouvernement, au nom d'un futur accord israélo-palestinien qui devrait nécessairement inclure le démantélement des colonies, ils disent simplement, comme le résume Muriel : "Ici, on est en Israël. J'ai une carte d'identité israélienne. Je suis chez moi. Les Palestiniens qui viennent travailler ici doivent posséder une carte de travail. C'est bien la preuve que ce sont eux les étrangers.
Bruno Philipp, "Youssef et Muriel, colons sans état d'âme", Le Monde, 12 décembre 2000
Oslo ou le rêve fracassé
Le 13 septembre 1993, naissait un formidable espoir au Proche-Orient. La signature à Washington de ma "Déclaration de principes" par Yitzhak Rabin, 1er ministre d'Israël, et Yasser Arafat, président du Comité exécutif de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP), leur poignée de main historique encouragée par le président américain Bill Clinton, instauraient un changement fondamental dans la région : pour la 1ère fois, Israéliens et Palestiniens se reconnaissaient mutuellement, convenaient e chercher ensemble les moyens de parvenir à une paix durable. Les premiers acceptaient de reconnaitre l'OLP comme seul représentant du peuple palestinien, laquelle a donné naissance à l'Autorité palestinienne (...).
Les Palestiniens reconnaissaient de leur côté le droit à l'existence d'Israël, qui s'engageait à retirer son armée de certaines parties des territoires palestiniens. Cet héritage d'Oslo perdure : c'est grâce à lui qu'Israéliens et Palestiniens restent liés par des arrangements économiques, ainsi que par des instances de concertation et de coordination en matière sécuritaire, sans lesquelles la stabilité relative qui prévaut en Cisjordanie aurait volé en éclats (...).
Oslo prévoyait que des négociations sur le "statut final" s'engageraient dans un délai de 5 ans, ce qui n'a jamais eu lieu (...). Si la perspective de la création d'un Etat palestinien était claire pour les Palestiniens, elle n'allait pas de soi pour les Israéliens. La période de grâce aura duré moins de deux ans. Succédant à Rabin en 1996, Benyamin Netanyahou avait pour priorité de détricoter les accords d'Oslo, défintivement enterrés avec le début de la Seconde Intifada en 2000 (...). Outre qu'Israël exerce un contrôle total sur 61% de la Cisjordanie (la zone C), le nombre de colons israéliens a plus que doublé en 20 ans, passant de 262 500 en 1993 à 520 000 aujourd'hui, dont 200 000 à Jérusalem-Est. Depuis la reprise des pourparlers, l'Etat juif a annoncé la construction de plus de 3 600 nouveaux logements dans les colonies. Tout comme les Américains, les Palestiniens ont de facto accepté la poursuite de la colonisation.
Laurent Zecchini, Le Monde, 19 septembre 2013
Pourquoi les Accords d'Oslo ont-ils échoué ?
Entretien avec l'historien Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël en France, et l'écrivain Elias Sanbar, ambassadeur de la Palestine auprès de l'Unesco.
Elie Barnavi : La reconnaissance mutuelle était un pas gigantesque dans la bonne direction mais, faute d'un calendrier précis, d'un mécanisme de contrôle international contraingnant et, peut-être surtout, d'un objectif clair, il ne débouchait sur rien. C'est bien de prendre un train, encore faut-il savoir où l'on veut aller.
C'est ainsi que tous ceux, dans les deux camps, qui étaient opposés au processus d'Oslo (...) ont pu peser à loisir sur son résultat supposé, les uns par la poursuite de la colonisation, les autres par le terrorisme. La confiance a été cassée. Or, sans un minimum de confiance mutuelle, il n'est pas de paix possible (...).
Elias Sanbar : A l'origine, un élément de procédure - qui s'est révélé en réalité un élément de fond - a littéralement vicié le processus de paix. L'ordre de séquence des négociations a été organisé de façon complétement erronée puisqu'il imposait le principe fallacieux suivant : ne traiter que des questions pouvant être résolues immédiatement et remettre à plus tard les questions dites explosives. Cette logique a déclenché la minuterie d'une puissante bombe à retardement sur 3 dossiers : Jérusalem, les colonies et les réfugiés. A ce jour, ces questions graves ne sont pas résolues, elles sont mêmes encore plus inextricables. Je ne prendrai qu'un exemple : le nombre de colonies israéliennes qui a triplé depuis la signature des accords d'Oslo.
Questions internationales n°28, nov-déc 2007
La deuxième Intifada
Heurts entre des jeunes Palestiniens et l'armée israélienne, dans l'espace qui sépare la ville palestinienne de Khan Younès de la colonie israélienne de Goush Katif, 24 octobre 2000

Les espoirs suscités par les accords d'Oslo en 1993 échouent sur le partage du territoire. Gaza et la Cisjordanie restant occupés par Israël, la frustration des populations entraine la Seconde Intifada de 2000 à 2003.