L'appropriation des mers et des océans, source de tensions
Les frontières maritimes sont de plus en plus disputées. Il est vrai que la mer constitue un enjeu économique croissant : transports, ressources (pêche, pétrole et gaz, minerais du sous-sol…) et que les puissances émergentes cherchent à affirmer leur nationalisme, voire à accroître leur territoire. Au contraire des frontières terrestres, les frontières maritimes sont encore peu délimitées : environ 1/3 d'entre elles seulement l’ont été, sur un total de près de 450 frontières potentielles. Certaines puissances cherchent à contrôler davantage leur environnement maritime. Elles ne respectent pas toujours le droit international et rechignent à accepter l'arbitrage des instances internationales pour trancher les désaccords qui les opposent à leurs voisins. Il existe plusieurs types de contentieux maritimes : ils concernent la délimitation de la frontière, le droit de passage, les territoires insulaires symboliques, les ressources (pêche, fonds marins, sous-sols…) ; ainsi les contentieux qui se jouent « en mer » ne sont pas toujours « pour la mer ». Mais ces enjeux se mêlent souvent. En cas de différend territorial non réglé de manière bilatérale, un arbitrage peut être demandé à la Cour permanente d'arbitrage ou à la Cour internationale de justice (organe des Nations Unies).
B. Tertrais, « Avis de tempête sur les frontières maritimes », Géopolitiques des îles en 40 cartes, Le Monde, hors-série, 2 019
Les intérêts de la Chine, acteur dominant de la région
L’acteur principal en mer de Chine est la République populaire de Chine. L'importance que celle-ci accorde à sa revendication est du même niveau que celles sur le Tibet et Taiwan, la Chine déclarant cette zone comme le centre de « ses intérêts vitaux ». Les intérêts chinois sont d'abord stratégiques (…). La mer de Chine est une zone de passage obligé du commerce international, avec la moitié du tonnage du trafic maritime mondial et 1/3 de celui du pétrole ; son contrôle serait un atout stratégique capital. Les enjeux sont également économiques car des ressources énergétiques non négligeables existent dans cette zone. En 2013, l'Agence de l'information sur l'énergie a estimé que les réserves y étaient à un équivalent de 11 milliards de barils de pétrole et de gaz, soit 2 fois les réserves chinoises actuelles (…). La Chine lorgne aussi sur les ressources halieutiques. La pêche fait vivre 10 millions de pêcheurs chinois et représente la base alimentaire de la population, tandis que la ZEE convoitée de la mer de Chine abriterait 10 % des réserves mondiales.