les caracteristiques de la puissance a l'echelle internationale aujourd'hui
Consigne : A l'aide du corpus de documents proposé, identifiez les manifestations et les indicateurs des différentes formes de la puissance du pays étudié

En dehors de l’Amérique latine en crise, où les espoirs brésiliens paraissent pour l’instant déçus, l’émergence qui avait été spectaculaire des ambitions internationales du Brésil est aussi bloquée. C’est que le monde change très vite. La crise de la démocratie à laquelle le Brésil participe largement à travers la révélation de la profondeur de la corruption et de la violence ne fait plus du pays un exemple ou un leader. Les cadres prennent à nouveau la route de l’exil vers l’Europe ou les États-Unis. Alors ? En panne la géopolitique brésilienne ? En tout cas il faudra attendre une stabilisation de sa situation politique, économique et sociale. Cela fait beaucoup. Et puis les principaux « fronts » extérieurs paraissent eux aussi en panne. L’Atlantique du Sud, une aire lusitanienne ? N’était-ce pas une idée plutôt portugaise énoncée par Antonio Sardinhas ? Les efforts du Brésil en ce sens ont eu peu d’effets : la présence économique en Afrique a été renforcée mais les complémentarités sont modestes entre ces deux ensembles exportateurs de matières premières et Brasilia ne peut concurrencer ici Pékin, New Delhi, Paris ou Washington. Le Brésil est sans doute membre de la zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud mais cela se réduit, pour l’essentiel, au bannissement des armes nucléaires. Les partenariats avec l’Europe ou les États-Unis sont difficiles à définir et paraissent moins prioritaires dans l’évolution actuelle de ces deux ensembles. Les BRICS ? Quel équilibre le Brésil pourrait-il y construire pour compenser la montée en puissance de la Chine ? Il ne suffit pas d’être une économie émergente pour devenir une puissance géopolitique.

Source : Yves Gervaise, « Les horizons de la puissance brésilienne », dans la revue Conflits, septembre 2018

Les horizons de la puissance brésilienne
 
L'évolution du Brésil à travers les unes de presse

 
L'organisation du territoire brésilien
 
G7, G8 et G20
 

Le Brésil est passé de « pays du tiers-monde », dans les années 1950-1960, à « nouveau pays industriel » (NPI), dans les années 1970 (…) avant de devenir « émergent » dans les années 2000 (…). Ce qui distingue les pays émergents des pays développés, c'est qu'ils n'ont pas atteint un stade équilibré de développement du fait, notamment de (…) très fortes inégalités sociales (…). Malgré ces handicaps (…), des succès significatifs sont à remarquer dans des secteurs tels que l'agro-énergie, l'exploitation minière, le pétrole off-shore, l'aéronautique (…), les cosmétiques (…). Le Brésil est le premier exportateur et producteur mondial de sucre, éthanol, café, jus d'orange, viande de poulet et viande bovine, sans oublier le soja (…). Si l'agriculture est souvent mise au premier plan, 28% du PIB vient pourtant encore de l'industrie (…).

Enfin (…), Le Brésil s'impose de façon originale comme une puissance via son ouverture internationale : (…) au niveau de l'Amérique du Sud, l'alliance avec ses voisins du Cône sud dans le cadre du Mercosur (…) puis le groupe des BRICS (…) ; des partenariats se développent avec les pays africains (…) ; Avec les Etats-Unis les relations sont plus empreintes d’incertitudes (…) ; l'Union européenne est avec la Chine, le premier partenaire commercial du Brésil.

Martine Droulers, « Brésil, pays émergents », Confins, 26, 22 février 2016

Les IDE entrants
 
Les FTN dans le monde
 
Les principales puissances économiques mondiales : évolutions et perspectives
 
Ouverture du 10ème sommet des BRICS à Johannesburg en juillet 2018
Les présidents des 5 principales puissances émergentes (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) se réunissent chaque année depuis 2009.
De gauche à droite, Narendra Modi (Inde), Xi Jinping (Chine), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Vladimir Poutine (Russie) et Michel Temer (Brésil)
 

Moins actif sur la scène internationale que sous la présidence de Lula, le Brésil n’en possède pas moins des atouts qui font du soft power brésilien l’un des plus présents dans le monde, et particulièrement en Afrique. Grâce à la lusophonie, communauté de langue portugaise, le Brésil s’adjoint un vaste espace d’influence potentielle. Cette influence est notamment accentuée par la diffusion dans ces pays de feuilletons télévisés, les telenovelas.

Fondée en 1996, la Communauté des Pays de Langue Portugaise (CPLP) rassemble les pays lusophones, dont la majeure partie se situe en Afrique subsaharienne, ce qui correspond à 240 millions de locuteurs et en fait la neuvième langue la plus parlée au monde. Pays le plus peuplé et le plus riche de la CPLP, le Brésil y occupe une place de choix grâce aux efforts consentis par le gouvernement brésilien pour la promotion de sa culture. L’existence d’une audience lusophone a permis le succès fulgurant des telenovelas à travers l’Afrique lusophone. Ces mélodrames télévisés sont diffusés par les grands médias brésiliens, comme Globo (253 telenovelas et 70 mini-séries entre 1965 et 2010). Ils sont ensuite repris par de nombreuses chaînes étrangères (…). Le Brésil a ainsi réussi à tirer parti des véhicules de la mondialisation pour promouvoir son modèle culturel.

User du soft power culturel à des fins politiques

Sous la présidence de Lula en particulier, le Brésil a cherché à mettre à profit cette influence. La proximité culturelle créée par les telenovelas et la lusophonie s’est accompagnée d’une mise en avant de l’identité noire du Brésil. Les telenovelas ont intégré davantage d’acteurs noirs et inséré des références religieuses et culturelles d’origine africaine (principalement de l’ethnie yoruba). Le Brésil possède en effet la deuxième population noire au monde derrière le Nigeria. La volonté de transformer ce soft power culturel en pouvoir politique s’est notamment manifestée à travers les 6 tournées de Lula sur le continent africain. Toutefois, si l’influence culturelle brésilienne en Afrique est indéniable, son effet pour la puissance brésilienne sur la scène internationale est encore limité. L’image du Brésil reste ternie par les scandales de corruption à répétition, les inégalités sociales criantes et la violence endémique. De plus, à l’étranger, les entreprises brésiliennes (Odebrecht, Embraer, etc.) jouent un rôle plus importants pour forger la réputation du Brésil.

Adrien Villard, « Lusophonie et télénovelas : un soft power brésilien efficace ? », www.les-yeux-du-monde.fr, avril 2018

Le quartier d'affaires des Nations Unies (CENU) à Sao Paulo
Situé au sud-ouest du centre historique, au bord de la rivière Pinheiros, enjambée par le pont à haubans Octavio Frias ouvert en 200_, ce quartier d'affaires récent accueille dans 4 gratte-ciel des suèges de firmes transnationales et un hôtel Hilton.