Depuis 30 ans, la taille de l'économie chinoise a doublé tous les 8 ans. La moitié des grues utilisées dans le monde se trouvent en Chine, qui produit la moitié du ciment, de l'acier, du charbon, du verre et de l'aluminium mondiaux. Non seulement la croissance de la Chine est supérieure aux autres Etats mais sa dimension, son poids font que sa croissance a des répercussions mondiales bien plus importantes que celles des autres pays. Elle s'est également lancée dans une dans un gigantesque le projet, baptisé les « nouvelles routes de la soie », afin de développer les infrastructures au niveau mondial. La Chine, consciente de la nécessité d'améliorer son image internationale, cherche également à améliorer son soft power en multipliant les instituts Confucius dans le monde, en lançant une chaîne internationale de télévision. La Chine assure ne pas vouloir dominer le monde mais simplement défendre ses intérêts. Contrairement aux pays influencés par le christianisme et l'islam qui ont développé une volonté de répondre leur vision du monde et de convertir les autres peuples à leur foi, le simple fait d'être elle-même et de devenir une puissance mondiale respectée reconnue peut lui suffire. En 2011, le PIB chinois a dépassé le PIB japonais. En 2013, la Chine est devenue la première puissance commerciale mondiale (importations et exportations) devant les États-Unis. La question n'est plus de savoir si le PIB chinois dépassera le PIB américain en termes réels (il le fait en parité de pouvoir d'achat depuis 2015) mais quand cela surviendra.
P. Boniface, La Géopolitique, édition Eyrolles, 2 018
La diplomatie du panda, acteur du soft power de la Chine
Prêter un animal, considéré comme un « trésor national » et ne vivant à l'état sauvage qu’en Chine, à d'autres nations permet non seulement à Pékin de renforcer ses relations diplomatiques, mais également de soigner son image. La diplomatie du panda existe en Chine depuis le VIIème siècle, avec la présence de 2 pandas géants à la cour du Japon. Après la visite historique du président américain Richard Nixon en Chine en 1972, Mao offre 2 animaux à Washington. En prêtant 6 pandas à 3 Etats européens en 2017, XI Jinping a accéléré cette pratique diplomatique. Elle s'inscrit dans le tournant géopolitique du soft power, officiellement adopté comme principe politique en 2007. Depuis, les autorités investissent massivement tant sur le plan économique que politique, afin de maximiser la capacité d'attraction du pays. En donnant une image rassurante de la Chine, le panda s'inscrit dans la stratégie de « l'émergence pacifique » ; en tant qu’atout cœur de la politique chinoise, il est un ambassadeur à la fois efficace et rentable.
D'après N. Roulaï, « Le panda, acteur du soft power de la Chine », Carto n° 46, mars-avril 2018
La Chine, nouveau géant de la recherche mondiale ?
En Chine, l'Etat fixe les axes stratégiques de la recherche et met en place les infrastructures nécessaires, notamment les parcs de haute technologie. Il en existe 146 dans le pays, avec pour objectif une meilleure valorisation industrielle de la R&D grâce aux échanges entre les entreprises, les universités et les instituts de recherche. Les résultats sont à la mesure des énormes moyens engagés, si l'on en juge par la production d'articles scientifiques, par le dépôt de brevets et par les avancées décisives accomplies dans certaines technologies. La publication d'articles scientifiques a été multipliée par 10 depuis 2000, la Chine a dépassé les États-Unis en 2016, même si les articles des chercheurs chinois sont encore relativement peu cités. La Chine s'est imposée comme le premier déposant de brevets au monde avec 35% du total. Pour les demandes internationales de brevets, 2 entreprises chinoises, ZTE et Huawei, sont au 1er rang mondial mais elles sont l'exception. En effet, la quasi-totalité des demandes déposées ne concerne que le marché intérieur. Le retard à combler par rapport aux pays développés est très important, notamment en ce qui concerne les brevets déposés simultanément en Europe, aux États-Unis et au Japon, pour lesquels la part de la Chine ne dépasse pas 5% du total mondial.
C. Meyer, L'Occident face à la renaissance de la Chine, Odile Jacob, 2018