Les musées français à l'étranger
Cette stratégie d'implantation internationale des musées, qui consiste à placer ses petits drapeaux un peu partout sur le globe, a fait école. Dans un contexte de mondialisation effrénée de la culture, le soft power des musées français n'avait encore jamais été mesuré. C’est chose faite (…). Le projet le plus exceptionnel concerne le Louvre Abu Dhabi et reste unique par son ampleur et les montants financiers mis en œuvre. Signé en 2017 dans un contexte diplomatique d’intensification des liens entre la France et les Émirats arabes unis, l'accord intergouvernemental pour concevoir et réaliser ce musée signé Jean Nouvel a prévu le prêt pour 30 ans de la marque le Louvre (facturé à lui seul 400 millions d’euros).
Les Centres Pompidou provisoires à l'étranger sont un « concept innovant » comparable à une franchise avec une vente temporaire de la marque. Le Centre Pompidou n'intervient ni dans l'investissement ni dans l'exploitation de l'établissement, mais il organise des expositions temporaires. Le premier a été ouvert à Malaga en 2015, le deuxième, Kanal Centre Pompidou, dans un ancien garage à Bruxelles. Shanghai [a inauguré le sien] fin 2019. Par ailleurs, les ventes d'exposition à l'international réalisées clé en main s'avèrent aussi très rentables (…). Le Centre Pompidou a empoché 15,1 millions d'euros entre 2012 et 2018 avec 30 expositions hors de nos frontières (…). C'est aussi l'opportunité de doper encore, par effet boomerang, le flot des touristes étrangers dans les musées hexagonaux. Ils représentent pourtant déjà 79% des visiteurs du château de Versailles, 70% du Louvre.
Nicole Vulser, « La Cour des comptes incite les musées à exporter leur soft power », Le Monde, 14 juin 2019